3 questions à… Delphine Galbois, secrétaire départementale adjointe FOCom Vienne et responsable courrier

delphine-galboisQuelles sont les spécificités de la Plateforme Industrielle Courrier (PIC) de Poitiers ?
La PIC, c’est la nouvelle dénomination des centres de tri de La Poste. Il y en a trente-trois en France.
À Poitiers, nous avons une activité de concentration et de préparation du courrier (PPDC) qui est effectué par une Machine de Tri Préparatoire (MTP). Le courrier provient des collectes faites dans les entreprises, les bureaux de postes, les boîtes jaunes et le courrier des facteurs. Ce premier tri sépare l’écopli, la lettre verte, la lettre prioritaire, l’intra et extra-département, l’export…
Il est ensuite envoyé sur les Machines de Tri Industriel Petit Format (MTI-PF) et le grand format est traité sur les machines de Tri Objet Plat (TOP) pour y être séparé par département et envoyé sur les autres PIC. Le courrier est ensuite repris à la PIC plusieurs fois sur les différentes machines et trié par Plateforme de Distribution du Courrier (PDC), puis par tournée à destination des facteurs et même déjà classé dans l’ordre de la tournée grâce notamment aux machines appelées « TTF » (Tri Tournée Facteur).
À Poitiers, nous avons : six MTI-PF, deux TOP, deux MTP et douze TTF. Nous traitons les départements de la Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, et Vienne. Nous sommes actuellement en train d’intégrer le traitement de la Haute-Vienne suite à l’annonce de la fermeture du Centre de Tri de Limoges. Depuis un an et demi, nous traitons en nuit les Colis Chronopost du Poitou-Charentes ce qui nous fait de l’activité supplémentaire.
Nous sommes « site pilote » pour le traitement automatisé des réexpéditions (petit format uniquement) que les facteurs n’auront plus à faire. Tous ces changements entraînent une diminution des mètres carrés disponibles dans la halle de production, des adaptations permanentes de chantiers et une suppression de salle de repos… ce qui n’améliore pas nos conditions de travail.
Quelle est la situation sociale au sein de la PIC de Poitiers ?
Il y a beaucoup d’intérimaires qui travaillent à la PIC de Poitiers, des Contrats Pro, des étudiants, des CDD et dernièrement des CDI intérimaires. Nous avons un manque permanent de compétences, donc les postiers sont sollicités au quotidien pour former les nouveaux arrivants en plus de leur travail. Nous devons être polyvalents mais à quel prix !
Certains de nos collègues sont I-2, I-3 et assurent la fonction de pilotes de production (Classe II) pendant des mois voire des années sans reconnaissance, d’où la revendication de FO sur le grade de base « Classe II » en PIC au titre de la polyvalence et de la polyactivité.
Le manque de reconnaissance est également flagrant pour les personnes ayant des inaptitudes. Au sein de l’établissement de Poitiers comme dans les autres PIC, il n’y a pas ou peu de possibilités d’évolution professionnelle.
Plus généralement, les PIC sont impactées directement par la baisse du volume du Courrier et vont l’être encore plus avec la dématérialisation des impôts. C’est pourquoi la Direction du Réseau Industriel Courrier (DRIC) revoit son schéma industriel et optimise au maximum les mètres carrés en regroupant les machines dans les établissements, le temps d’utilisation des machines, et du personnel.
Certaines PIC sont déjà fermées, d’autres sont en cours de fermetures et la liste risque de s’allonger. Bon nombre d’agents sont et seront impactés. Au 31 décembre 2017, l’effectif global des PIC représentait 11 150 personnes.
Les agents des PIC sont les grands oubliés de la Branche Services Courrier Colis (BSCC) malgré l’évolution permanente à laquelle ils font face. Ils n’ont pas de prime pérenne.
Quelles sont les revendications et actions de FO à la PIC ?
Sur Poitiers, Force Ouvrière demande plus de RAP, le grade de base II-1, une prime pérenne, des recrutements en CDI Poste, de la reconnaissance… et surtout l’amélioration des conditions de travail. À la PIC, nous avons une section forte avec un nombre d’adhérents important.
Pour nous développer, nous organisons des réunions d’adhérents deux fois par an, avec la présence d’un intervenant extérieur afin de dynamiser et d’intéresser un maximum de personnes, comme un représentant de l’AFOC (l’association FO de défense des consommateurs) ou des membres de la Fédération.
Ça nous permet de rester en contact avec nos adhérents mais surtout de développer notre équipe militante et notre présence sur le terrain. Nous avons un représentant par brigade ce qui nous permet de couvrir l’ensemble des services.
Lors des dernières élections, nous avons fait 28,34 %donc, notre objectif pour le mois de décembre est d’atteindre les 30 %.
C’est le fruit d’un travail d’équipe qui se renforce au fil du temps et qui s’implique quotidiennement sur le terrain mais aussi en participant aux plénières, bilatérales, heures mensuelles d’info, préparation et distribution de tracts…En tant que Responsable Courrier, je tiens à remercier l’équipe militante : Thierry, Frédéric, Michèle, Olivier, Sylvie, Stéphanie ainsi que tous les adhérents.