Le droit à la deconnex…quoi ?

Depuis 7 ans, le droit à la déconnexion est un acquis. Il était supposé créer une frontière claire entre la maison et le travail.

Oui, mais comment faire tout rentrer dans une journée de travail qui déborde déjà ? Comment absorber la lecture de plus de 100 mails journaliers, de réunions qui viennent se greffer dans son agenda quand on avait prévu autre chose (être avec son équipe par exemple) ? Comment répondre aux sollicitions des équipes support qui ont aussi besoin de réponses, sans rapporter du travail chez soi ?

Côtés Chiffres

75 % des salariés français utiliseraient les outils numériques plus de 3 heures par jour, contre 67 % en 2016. Pour 43 % d’entre eux, le temps passé dépasse les 6 heures par jour. Un phénomène qui touche davantage les cadres, plus de la moitié d’entre eux (55 %) dépassant les 6 heures « connectés ». Parmi la population des cadres ou des managers, ils sont d’ailleurs une majorité significative à ne pas déconnecter le soir ou le week-end. Près de 68 % des managers, et de 65 % des cadres travaillent le soir après le travail, et une proportion équivalente utilise leurs outils professionnels le week-end. Ils sont même 40 % à culpabiliser lorsqu’ils déconnectent de leurs outils le soir, et 37 % le week-end.

Concernant l’utilité de ces outils qui prolifèrent au quotidien dans les entreprises, là encore, les salariés sont partagés. Près de 62 % des salariés et 69 % des cadres estiment que les messageries et autres outils permettent une meilleure réactivité dans l’échange d’information. La réalité est que si une majorité de salariés estiment que ces outils permettent une plus grande flexibilité en termes d’horaires de travail (télétravail) et l’apprécient (45 %), certains dénoncent le débordement sur la vie privée que cela peut engendrer (14 %).

La déconnexion doit s’exercer et être accompagnée. FO Com, récompensée dès 2014 pour ses travaux sur le sujet par les instances européennes et internationales, a toujours défendu le principe d’accord plutôt que des chartes. L’accord engage les parties et donc La Poste alors qu’une charte n’est qu’une déclaration de bonne intention pavée de vides abyssaux.

L’hyperconnectivité devient une règle par peur de louper une information, pour pouvoir finir ce que l’on a commencé, et ce malgré des journées bien trop longues. L’hyperconnectivité déshumanise puisque les échanges se font trop souvent par le biais des outils digitaux. Les effets sur la santé mentale ne sont pas sans conséquence dans l’entreprise, mais conduisent aussi à des dommages collatéraux (familiaux entre autres).

Le droit à la déconnexion est un état d’esprit insufflé par l’entreprise elle-même. Ce droit à la déconnexion ne peut donc s’exercer que dans un contexte serein et non dans un management de défiance ou de peur. Nous ne pouvons générer des phénomènes anxiogènes qui mettent en péril nos équipes. Le droit à la déconnexion est avant tout une prise de conscience et la volonté d’un changement dans l’entreprise comme dans la société. Chacun doit réciproquement intégrer les notions de gestion du temps, d’urgence et d’importance.

Dès 2022, FO Com a réclamé un accord de méthode sur l’Intelligence Artificielle. Nous revendiquons toujours une révision de l’accord télétravail à La Poste notamment quant à son article 5.

Aujourd’hui, FO participe à une négociation européenne sur le télétravail et le droit à la déconnexion, preuve s’il en était, que c’est un axe majeur dans nos organisations de travail, partagé par les représentants du patronat comme par les organisations syndicales. La négociation devrait aboutir à un accord qui sera transposé dans nos législations nationales (directive). Mais en attendant sa transposition et face aux changements profonds à venir dans l’organisation de La Poste, celle-ci devrait anticiper. Les enjeux sont importants et vitaux pour toutes et tous.