Évreux se lance aussi dans l’anti-syndicalisme primaire !

« La bourse du travail, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! »
Tous les habitants du centre-ville d’Évreux ont entendu cette phrase scandée, des dizaines de fois, par des centaines de manifestants, venus de toute la France, le 9 novembre dernier. Thierry, Isabelle et tous les camarades de FO COM de l’Eure ont chaleureusement accueilli une délégation de la Fédération FO COM avec Guetty, Jean-Philippe, Thierry en vue de soutenir cette action d’envergure.
Sous une pluie battante et en présence du secrétaire général de la confédération FO, Jean-Claude Mailly ainsi que du secrétaire confédéral Pascal Pavageau, plus de 2 000 salariés ont contesté la menace d’expulsion des huit organisations syndicales de l’Eure, dont FO, des locaux de la bourse du travail. Ils ont défilé dans les rues de la ville puis se sont rassemblés devant la mairie où ils ont installé des barnums pour le déjeuner, avant de quitter les lieux en début d’après-midi. Aucun incident à déplorer ! Il y a eu, au contraire, une très bonne ambiance de camaraderie : seul le soleil n’a pas participé à cette belle action…

Une unité d’action sans faille !
Les huit organisations syndicales de l’Eure, dont FO, ont défendu avec force, « la liberté de l’activité syndicale, fondamentale en démocratie »…
Logés depuis 1926 à l’îlot Pannette, les syndicats sont menacés de devoir rendre prochainement les locaux. La municipalité compte, en effet, les détruire et réaliser une opération immobilière sur le terrain du site… La question du relogement des syndicats a, elle, viré au conflit.
Ainsi, la date d’expulsion des syndicats a été fixée au 6 décembre prochain. Elle vient d’être, toutefois, repoussée de six mois et cela sur intervention du préfet qui a le rôle de médiateur. Celui-ci annonce aussi pour bientôt une réouverture des discussions entre les parties : syndicats et collectivités. Si elles ne règlent rien encore, ces deux mesures constituent au moins un premier pas vers l’apaisement et la recherche d’une solution.

Forte mobilisation pour maintenir une tradition républicaine
« Nous avons obtenu ces avancées grâce à notre mobilisation » indique David Lecomte, secrétaire général de l’Union Départementale FO de l’Eure. En novembre 2015 déjà, plus de 300 militants avaient manifesté leur mécontentement dans l’enceinte du conseil départemental. Depuis cette date toutefois, aucune solution de relogement des syndicats n’a été trouvée. Il est nécessaire de le rappeler : l’hébergement syndical est une tradition républicaine mais cette tradition n’est pas inscrite dans la loi.

Des propositions de relogement absolument pas convaincantes !
Trois propositions de relogement ont certes été faites aux organisations mais elles étaient sans issue. Un premier local proposé était porteur d’amiante. Un deuxième situé dans un ancien carmel nécessitait un réaménagement au péril de faire cohabiter les syndicats sur une surface ouverte, comme un open-space (!). Le dernier changement de majorité politique au sein de la municipalité et du conseil départemental a eu finalement raison de ce projet, abandonné. Troisième et dernière proposition ? Un local à l’étage d’une école désaffectée. Mais celui-ci était trop petit et qui plus est amianté. Ce relogement aurait aussi contraint les syndicats à supporter un bail aléatoire…. Ils ont donc décliné cette proposition. Depuis ? « Le conseil départemental et la mairie ne veulent pas régler la situation. Ils se renvoient la balle », regrette David Lecomte.
« J’appelle la mairie et le conseil départemental à retomber sur terre et à sortir de l’anti-syndicalisme primaire ! », a résumé Jean-Claude Mailly lors de la manifestation.

Les syndicats au service de l’intérêt particulier mais aussi de l’intérêt général…
Et le secrétaire général de la Confédération FO a rappelé quelques vérités. « Les restrictions budgétaires ont amené une diminution de l’ordre de 30% de l’activité de l’Inspection du Travail dans l’Eure. Souvent la DIRECCTE (*) [dont laquelle dépendent les services de l’Inspection du Travail] conseille aux salariés de consulter les organisations syndicales pour obtenir des renseignements. Cela veut dire que les organisations syndicales font un travail d’intérêt particulier mais aussi d’intérêt général. Cela justifie pleinement que, conformément à l’histoire des bourses du travail, les syndicats soient correctement et décemment logés. »

(*) Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi