La Poste à Forbach : record d’arrêts maladie chez les facteurs

Les facteurs du centre de tri de Forbach ont été perturbés par une vaste réorganisation des tournées de distribution de courrier. En décembre, un pic de 17 agents en arrêt maladie a été atteint. Le malaise est profond à La Poste.

En novembre dernier, La Poste a imposé une profonde réorganisation du travail pour les facteurs dépendant du centre de tri de Forbach.

Christophe Busalb et Frédéric Muller, délégués FO à La Poste en Moselle, constatent que " la réorganisation est mise en place avec un manque de professionnalisme évident, à Forbach en particulier.
Christophe Busalb et Frédéric Muller, délégués FO à La Poste en Moselle, constatent que  » la réorganisation est mise en place avec un manque de professionnalisme évident, à Forbach en particulier.

Redécoupage, rallongement et redistribution totale des tournées, bouleversement du temps de travail avec des disparités et des organisations différentes selon que les facteurs distribuent leur courrier à Forbach, Freyming-Merlebach ou Stiring-Wendel…
« Bref, une parfaite usine à gaz. La Poste manque de professionnalisme dans la mise en place de cette politique. L’humain n’est pas pris en compte. Ce n’est pas une réorganisation, c’est une désorganisation. Du coup, le mal-être au travail et la fatigue sont généralisés. Et ça fait mal. En décembre, le centre de Forbach enregistrait un pic de dix-sept agents en arrêt maladie. Le phénomène persiste. Beaucoup de facteurs sont absents actuellement », assurent Christophe Busalb et Frédéric Muller, délégués FO à La Poste. Ce qui a le plus bouleversé les facteurs, c’est la redistribution des tournées. Car un facteur est attaché à sa tournée.
20 secondes pour livrer un colis


Sous couvert d’anonymat, un salarié de La Poste dans la région de Forbach témoigne : « Nous n’avons plus le temps de rencontrer les gens à qui on distribue le courrier. Autrefois, c’était un métier de contact. Plus maintenant. La Poste fait des réorganisations via un logiciel d’ordinateurs. Elle calcule le temps de nos faits et gestes. Aujourd’hui, pour pouvoir parler à une personne, je dois signer un contrat avec elle ». L’agent fait référence au service de visite à domicile mis en place par l’entreprise. Service payant !
Frédéric Muller et Christophe Busalb confirment cette déshumanisation du métier de facteur : « Tout est minuté. Un colis sans signature doit être livré en 20 secondes, à peine le temps de dire bonjour. Le temps passé devant une boîte à lettres est compté ».
Autre souci, tous les facteurs ne peuvent pas être remplacés alors certains renoncent à leur jour de repos hebdomadaire ou effectuent des tournées doublées pour rattrapper le retard de la veille. Parfois la tournée n’est donc pas faite. « Les réclamations s’accumulent. Les colis et courriers s’entassent dans nos locaux. Les délais ne sont pas respectés », assure un autre facteur.
Les intérimaires ne restent pas longtemps
Les intérimaires sont nombreux mais ne restent pas longtemps. Ils craquent. « Les conditions de travail sont trop dures », estiment les délégués FO. A Stiring, l’un d’eux a fini par balancer du courrier dans la nature pour pouvoir terminer sa tournée à l’heure. Son contrat d’intérim s’est arrêté net.
Ce vendredi, les syndicalistes FO ont rencontré le directeur du site de Forbach pour évoquer la souffrance des facteurs. Ils ont réclamé des mesures de soulagement pour les agents de la région de Forbach et l’injection de moyens supplémentaires. Quatre tournées forbachoises jugées trop éprouvantes pourraient aussi être révisées. « Le directeur local est conscient du problème. En fait, la copie devrait être revue au niveau national. Forbach n’est pas un cas isolé. Nos collègues souffrent aussi dans le Pays haut lorrain. Et une réorganisation se profile prochainement dans le secteur de Sarreguemines. C’est très inquiétant », conclut Christophe Busalb.