Des syndicats européens affaiblis mais essentiels

Chômage et individualisation obligent, les syndicats perdent de la vitesse en Europe, mais demeurent la principale force de frappe contre les inégalités salariales. En leur absence, il arrive que des salariés précaires s’organisent pour arracher des droits.
Le mouvement d’érosion a commencé dans les années 1980. Le taux de syndicalisation en France, Pays-Bas, Irlande, Grande-Bretagne ou Suisse, a chuté de plus d’un tiers, selon l’OCDE. Économistes et instituts de recherche lient cette baisse à une montée de l’individualisation, au chômage, à la précarisation de l’emploi, puisque précaires, sans-emploi et retraités se syndiquent peu. L’Institut de recherche économique et social (Ires) évoque aussi une baisse des ressources financières.
En Europe, le taux de syndicalisation est très variable et difficilement comparable tant les systèmes diffèrent. De près de 10 % en France ou en Pologne, il frôle les 20 % en Allemagne et en Espagne et culmine à près de 70 % en Suède et Finlande. Or l’ampleur de la syndicalisation a un impact sur l’égalité salariale.
En 2015, deux chercheurs du Fonds monétaire international (FMI) – peu complaisant avec les syndicats – ont publié une étude en ce sens, montrant que le déclin des syndicats dans les pays riches a aggravé les inégalités sociales. Un déclin qui a réduit « la capacité de négociation » des salariés au bénéfice des actionnaires et des plus gros revenus. La présence syndicale diminue également le recours aux stock-options, de même que les niveaux des salaires des P.-D.G.
Le taux de couverture conventionnelle importe également car les conditions salariales sont plus favorables quand on est couvert par une convention collective. Généralement supérieur à 50 %, il frôle les 100 % dans certains pays (Autriche, France, Slovénie).
La puissance de négociation varie d’un pays à l’autre. Le syndicat de branche allemand, IG Metall (2,3 millions d’adhérents) vient d’arracher un accord sur la semaine de 28 heures et une hausse des salaires. Le puissant syndicat était le seul interlocuteur face au patronat mettant en avant une union syndicale qu’on retrouve aussi en Espagne ou en Suède.