Tentation du flex office : une solution d’avenir affichée au détriment de l’humain

Le flex office est une des nombreuses façons d’aménager l’espace, où les postes de travail ne sont pas attitrés et souvent moins nombreux que les salariés. Présentés comme un gage de modernité, ils se sont également répandus dans de nombreuses entités, n’épargnant ainsi aucun métier. Si techniquement rien ne le relie à l’openspace – on pourrait imaginer des flex offices avec bureaux fermés par exemple – en pratique, flex office et openspace sont systématiquement combinés : il s’agit alors d’openspaces où les postes ne sont pas attribués. En format « îlots » le flex office identifie des espaces collectifs par équipe, groupe projet, etc. où chaque membre peut s’installer où il le souhaite dans l’espace de l’îlot.

Agilité et flexibilité au cœur de ce modèle

Le flex office concrétise via l’occupation des postes de travail une idéologie forte autour des thématiques du changement, de la dynamique, du refus de l’immobilisme. Il rend tangible la flexibilité. Pour donner une grande ampleur à ce principe de flexibilité, La Poste veut l’appliquer non plus seulement aux aménagements mais à leur usage par les salariés. Ce ne sont plus seulement les lieux qui sont réaménagés selon les besoins du moment, mais les salariés eux-mêmes qui circulent dans des espaces offrant des services spécifiques. Ces perspectives s’accordent tout à fait avec le discours du management « collaboratif » lorsqu’il insiste sur la séparation prétendument « mutilante » entre vie professionnelle et vie personnelle. C’est pourquoi les entreprises traitent l’espace comme une source réelle de valeur ajoutée pour l’entreprise et non plus uniquement comme un poste de coûts. De plus, les lieux de co-working, comme les « tiers-lieux », les « bureaux de proximité », les « centres d’affaires », bien que relevant de logiques d’usage différentes, sont autant de solutions d’externalisation permanente ou transitoire des activités et du personnel selon les besoins du moment, dans une perspective de gestion au plus juste.

Or, il est établi que les salariés s’opposent très majoritairement au flex office et tous les experts s’accordent à reconnaître que le flex office comme les openspaces sont des facteurs de dégradation des conditions de travail, d’altération de la concentration et d’augmentation de certaines pathologies. Si un salarié ne peut plus s’asseoir régulièrement auprès des mêmes collègues de son collectif de travail, il ne peut plus nouer de relations et il risque rapidement de basculer dans l’anonymat. Dans ces conditions, il préférera ne plus venir et privilégier le télétravail. Le collectif, la communication, les échanges entre collègues, l’organisation, le fonctionnement du service… tout est touché, sans oublier l’isolement du salarié et les risques psychosociaux que cela va occasionner

FO Com a toujours dénoncé le principe consistant, essentiellement pour réduire les coûts immobiliers, à entasser les personnels dans des espaces ouverts. Nous craignons une volonté de généralisation d’une formule dont l’expérience démontre qu’elle est souvent à l’origine d’une véritable dégradation des conditions de travail des personnels. En effet, ce mode de fonctionnement nécessite d’être très organisé, avec de nouvelles contraintes pour avoir un bureau et potentiellement, accompagnés de nouvelles sources de tensions (places, « effet cantine », etc). La charge mentale supplémentaire que ce scénario revêt est pour le moins préoccupante. Une gestion rigoureuse au quotidien devra être mise en place pour veiller à ce qu’aucun agent ne soit mis à l’écart. Le fait de ne plus posséder son propre espace de travail, avec des bureaux impersonnels pourrait faire naître un risque de désocialisation et de déshumanisation.