CADRES

Côté Cadres – La drôle de conception de la santé par La Poste

Mesdames et Messieurs les cadres en charge d’équipe, FO Com a une bonne nouvelle pour vous : Vous êtes désormais « médecin sauveteur urgentiste » ! Comment est-ce possible ?

La CNSST (Commission Nationale de la Santé et de la Sécurité au Travail) du 25 avril 2023 a défini une nouvelle procédure en matière d’accidents.

Pour en savoir plus [Lire le tract]

Cadres : télétravail… précisions

Ne nous mentons pas, le télétravail est surtout possible pour les cadres au regard des fonctions qu’ils exercent. Toutefois, si l’on observe les pratiques à La Poste, il est surtout autorisé aux cadres qui exercent des fonctions d’expert ; la pratique a encore du mal à passer pour les cadres commerciaux ou opérationnels.

FO Com a signé l’avenant à l’accord du 27 juillet 2018 concernant le télétravail, convaincue que les postières et les postiers y gagneraient en temps de déplacement, pourraient y trouver un équilibre vie personnelle-vie professionnelle. Côté Poste, cela génère des économies, tant qu’à faire !

Toutefois, des effets secondaires peuvent venir voiler le tableau comme la perte de lien avec l’équipe qui isole le télétravailleur. Également, une surcharge de travail, génératrice de stress, mais aussi le non-respect des horaires ou mauvaise installation qui entraîne des douleurs physiques ou encore la confusion entre l’espace privé et l’espace professionnel. Par ailleurs, comme nous l’avions évoqué de nombreuses fois, le management à distance ne s’improvise pas ; la mise en place d’une formation est nécessaire.

L’accord prévoit plusieurs éléments fondamentaux auxquels FO Com est particulièrement attachée :

  • Le volontariat : aucune organisation ne peut imposer le télétravail. C’est l’agent qui fait la demande à son responsable hiérarchique par écrit avec copie au Responsable des Ressources Humaines du NOD ou de la DTSO
  • La formalisation : une convention (ou un avenant) doit être signée entre La Poste et l’agent en télétravail. Y seront précisées les modalités comme le nombre de jours, les plages horaires de travail et son régime de travail
  • La période d’adaptation : D’une durée de 3 mois, elle doit prendre en compte tous les aspects du télétravail et doit se conclure par un entretien avec son responsable hiérarchique
  • L’indemnité qui permet de compenser les frais occasionnés en utilisant son domicile à des fins professionnelles
  • La participation à l’achat de matériel tel qu’un fauteuil ergonomique ou d’un écran grand format
  • L’accès à tous les agents en s’appuyant sur les activités et non uniquement sur les fonctions.

Or, nous savons que bien souvent tous les critères ne sont pas respectés, que toutes les informations ne sont pas transmises.

Cet accord doit être réexaminé en juin, c’est pourquoi FO Com exige que la commission de suivi, prévue dans l’accord se tienne dans les plus brefs délais. FO a écrit à la Direction en ce sens. Si vous rencontrez une difficulté concernant le télétravail, rapprochez-vous de vos correspondants locaux.

Le droit à la deconnex…quoi ?

Depuis 7 ans, le droit à la déconnexion est un acquis. Il était supposé créer une frontière claire entre la maison et le travail.

Oui, mais comment faire tout rentrer dans une journée de travail qui déborde déjà ? Comment absorber la lecture de plus de 100 mails journaliers, de réunions qui viennent se greffer dans son agenda quand on avait prévu autre chose (être avec son équipe par exemple) ? Comment répondre aux sollicitions des équipes support qui ont aussi besoin de réponses, sans rapporter du travail chez soi ?

Côtés Chiffres

75 % des salariés français utiliseraient les outils numériques plus de 3 heures par jour, contre 67 % en 2016. Pour 43 % d’entre eux, le temps passé dépasse les 6 heures par jour. Un phénomène qui touche davantage les cadres, plus de la moitié d’entre eux (55 %) dépassant les 6 heures « connectés ». Parmi la population des cadres ou des managers, ils sont d’ailleurs une majorité significative à ne pas déconnecter le soir ou le week-end. Près de 68 % des managers, et de 65 % des cadres travaillent le soir après le travail, et une proportion équivalente utilise leurs outils professionnels le week-end. Ils sont même 40 % à culpabiliser lorsqu’ils déconnectent de leurs outils le soir, et 37 % le week-end.

Concernant l’utilité de ces outils qui prolifèrent au quotidien dans les entreprises, là encore, les salariés sont partagés. Près de 62 % des salariés et 69 % des cadres estiment que les messageries et autres outils permettent une meilleure réactivité dans l’échange d’information. La réalité est que si une majorité de salariés estiment que ces outils permettent une plus grande flexibilité en termes d’horaires de travail (télétravail) et l’apprécient (45 %), certains dénoncent le débordement sur la vie privée que cela peut engendrer (14 %).

La déconnexion doit s’exercer et être accompagnée. FO Com, récompensée dès 2014 pour ses travaux sur le sujet par les instances européennes et internationales, a toujours défendu le principe d’accord plutôt que des chartes. L’accord engage les parties et donc La Poste alors qu’une charte n’est qu’une déclaration de bonne intention pavée de vides abyssaux.

L’hyperconnectivité devient une règle par peur de louper une information, pour pouvoir finir ce que l’on a commencé, et ce malgré des journées bien trop longues. L’hyperconnectivité déshumanise puisque les échanges se font trop souvent par le biais des outils digitaux. Les effets sur la santé mentale ne sont pas sans conséquence dans l’entreprise, mais conduisent aussi à des dommages collatéraux (familiaux entre autres).

Le droit à la déconnexion est un état d’esprit insufflé par l’entreprise elle-même. Ce droit à la déconnexion ne peut donc s’exercer que dans un contexte serein et non dans un management de défiance ou de peur. Nous ne pouvons générer des phénomènes anxiogènes qui mettent en péril nos équipes. Le droit à la déconnexion est avant tout une prise de conscience et la volonté d’un changement dans l’entreprise comme dans la société. Chacun doit réciproquement intégrer les notions de gestion du temps, d’urgence et d’importance.

Dès 2022, FO Com a réclamé un accord de méthode sur l’Intelligence Artificielle. Nous revendiquons toujours une révision de l’accord télétravail à La Poste notamment quant à son article 5.

Aujourd’hui, FO participe à une négociation européenne sur le télétravail et le droit à la déconnexion, preuve s’il en était, que c’est un axe majeur dans nos organisations de travail, partagé par les représentants du patronat comme par les organisations syndicales. La négociation devrait aboutir à un accord qui sera transposé dans nos législations nationales (directive). Mais en attendant sa transposition et face aux changements profonds à venir dans l’organisation de La Poste, celle-ci devrait anticiper. Les enjeux sont importants et vitaux pour toutes et tous.