Pouvoir d’achat, précarité et pauvreté

La crise de la COVID a porté un coup de projecteur sur l’importance de la précarité, en France comme ailleurs. En mettant en évidence la nécessité des droits sociaux, elle a aussi permis une prise de conscience plus généralisée de l’inégalité d’accès aux droits dans notre société. Il en est ainsi du droit à une juste rémunération, du droit au logement, du droit à une couverture sociale digne.
L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés, des fonctionnaires, chômeurs et retraités passe par les mesures pérennes que sont les augmentations de salaires, du point d’indice, des retraites, pensions et minimas sociaux. Verser un chèque aux ménages les plus vulnérables, organiser un bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité, majorer de 100 euros la prime d’activité, créer une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, mesures outrageusement médiatisées, ne font que rendre le revenu global des ménages encore plus dépendant du seul soutien volontaire de l’État. En exonérant les entreprises de leur responsabilité d’employeur, en les dispensant du processus de négociation salariale, en permettant au capital de fructifier tranquillement, à l’abri de toutes exigences sociales, cette politique aggrave les inégalités. Elle désarme le rapport de force entre salariés et employeurs et les possibilités de négociations sur les rémunérations.
En définitive, elle procure une aide indirecte à l’investissement, voire à l’augmentation des dividendes. En termes de pouvoir d’achat, il nous faut des réponses durables et structurelles.

Reconnaître la valeur travail ? Entre cynisme et surdité

Aujourd’hui, refuser d’augmenter les salaires est inadmissible, injustifiable alors que les entreprises du CAC 40 engrangent des profits records, alors que l’inflation, annoncée comme temporaire, se pérennise, alors que la spéculation sur l’immobilier constitue une négation rédhibitoire du droit au logement décent, alors que la politique d’exonération des cotisations patronales torpille la protection sociale !
Ce refus de la hausse des salaires est d’autant plus inacceptable quand on se souvient des propos tenus par les hommes politiques au pire de la crise sanitaire. Ils y vantaient l’exemplarité des salariés exerçant des métiers des première et seconde lignes ! Des paroles prononcées aux moments les plus critiques mais vite oubliées. Les salariés ne revendiquent pas une simple reconnaissance de la valeur marchande de leur travail, ils exigent de ne plus être exploités. Faut-il parler de cette infirmière ou aide soignante qui commence avant l’heure, termine après l’heure et hésite à se restaurer au moment du déjeuner ? Doit-on rappeler l’ampleur des dépassements horaires quotidiens de nombreux postiers ou agents de services publics ? Et qu’en est-il de cette charge de travail surdimensionnée qui exige plus que le nombre d’heures réglementaire pour être absorbée ? Il serait intéressant de convertir l’ensemble de ces heures non payées en journées de grève…
La question essentielle est : jusqu’à quand les revendications salariales peuvent-elles encore être ignorées après des décennies d’inégalité, au profit du capital, sans partage de la valeur ajoutée liée à la productivité ? Il y a urgence d’en instaurer une répartition plus équitable.
La détermination des travailleurs à faire aboutir leurs revendications salariales reste encore trop parcellaire et, il convient de le souligner, si quelques augmentations à hauteur de 4 % ont été obtenues, dans leur grande majorité, les propositions patronales se révèlent dérisoires. Il en est ainsi du secteur bancaire : après une diète de plusieurs années, celui-ci se contente de proposer une hausse minimale, entre 0,6 % et 1 %, alors que, dans le même temps, les tarifs bancaires continuent leur hausse (près du double en dix ans) et que, par exemple, BNP/Paribas engrange un bénéfice record de 9,5 milliards en 2021.

Le principe contributif est rompu

Côté Fonction Publique, le gouvernement refuse toujours le dégel du point d’indice et se limite à des mesurettes sur les plus bas salaires. Dans le même temps, il tente de faire passer pour une mesure salariale la participation, à hauteur de 50 %, de l’employeur public dans le financement de la protection sociale complémentaire. Ainsi, les pertes de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires continuent de s’accumuler et avoisinent, depuis 2000, les 20 %. Nous sommes toujours bien loin d’une réelle revalorisation des grilles indiciaires et des carrières. Malgré l’opposition farouche de Force Ouvrière, bien seule dans ce combat, la contractualisation des emplois se poursuit et le statut continue d’être malmené.
Parallèlement, le salaire différé des travailleurs continue d’être pillé via un marché du travail tiré vers le bas et la diminution des cotisations patronales sur les petits salaires. Cette politique d’allègement ciblée encourage les emplois de faible qualification, de faible salaire. Du coup, cette frange d’emplois ne contribue presque plus au financement de la protection sociale. Cette politique du travail au rabais génère des emplois précaires et bénéficie aux mauvais employeurs. En pérennisant les emplois « low cost », elle installe un climat d’austérité qui permet de désarmer les exigences salariales. Cela engendre une déperdition des « recettes sociales » qui fragilise gravement la protection sociale de demain. En exonérant les entreprises du versement du salaire différé, les gouvernements successifs opèrent, par anticipation, une ponction sur les revenus à percevoir en cas de « coup dur » !

Cette stratégie souffle aussi aux entreprises qu’un smicard doit rester un smicard. Il n’y a plus, pour les classes modestes, d’ascenseur social. Côté patronat, il vaut mieux un haut turn-over sur cette catégorie d’emploi qu’une perspective de carrière ascendante. Les stagnations de carrière sont institutionnalisées.
Côté retraités, le pouvoir d’achat continue de payer un lourd tribut à la politique gouvernementale. Les revalorisations minimalistes des pensions et la hausse des prélèvements sociaux de 2009 à 2019 aboutissent à réduire, en moyenne de 0,4 % par an, le pouvoir d’achat des pensionnés de la plupart des régimes de base et complémentaires. En recul, la pension moyenne des retraités, en France, s’élève à 1 393 euros nets par mois. Encore convient-il de nuancer puisqu’un retraité sur trois ne dispose pas de 1 000 euros bruts mensuels et que quatre retraités sur dix survivent avec le minimum de pension de 713,12 euros.
De son côté, l’Union Confédérale des Retraités Force Ouvrière évalue leur perte de pouvoir d’achat à 20 % en douze ans, d’où la revendication d’une hausse immédiate de 100 euros par mois et l’indexation des pensions sur l’évolution des salaires.

emploi

En novembre 2021, l’Insee a constaté l’étendue de la paupérisation des Français, qui concerne 9,3 millions de personnes.
Un tiers des familles monoparentales (25 % des familles) sont sous le seuil de pauvreté.
En cause ? Le temps nécessaire pour s’occuper des enfants est difficilement conciliable avec un emploi du temps professionnel. Les jeunes sont particulièrement touchés par les difficultés financières, la crise sanitaire ayant mis en lumière la précarité étudiante, perdurant malgré les diverses aides. Les emplois instables sont également un facteur pouvant faire basculer la situation de nombreux travailleurs. Les femmes, les personnes nées à l’étranger et les jeunes sont particulièrement concernés car ils occupent plus fréquemment des emplois non qualifiés, instables ou à temps partiel.

En 2019, il a été établi que la France avait 2 millions de travailleurs pauvres.
Mais plusieurs voix se sont élevées, dont un collectif d’associations reconnues de lutte contre la précarité (Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, Secours Catholique, ATD Quart-Monde, Emmaüs…) ainsi que le Centre d’observation de la société, pour contester cette donnée, en y ajoutant a minima 1,6 million de français supplémentaire, puisque certaines personnes seraient « hors radar », comme les personnes sans domicile, les travailleurs en foyers, les Français d’Outre-mer, etc.

En France, dans ce pays parmi les plus riches du monde, on compte plus de 9 millions de pauvres. Le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, soit un revenu disponible de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. Aujourd’hui, 2,3 millions de personnes vivent avec moins de 763 euros par mois (observatoire des inégalités – octobre 2021).

Enfin, notons que l’indice des prix à la consommation prend très imparfaitement en compte les effets du coût du logement alors que, depuis plusieurs décennies, celui-ci, avec le patrimoine, est un marqueur des inégalités sociales et que le fossé se creuse. En cinq ans, si l’on cumule les multiples baisses de l’Aide Personnalisée au Logement (APL), les ponctions financières et les réductions de financement, ce sont plus de 15 milliards d’euros d’économisés au détriment du logement des plus faibles financièrement. Avec la baisse des APL, le maintien d’un faible montant du RSA et la récente réforme de l’assurance-chômage, l’État ne prend pas la bonne direction et ne lutte pas suffisamment contre trois déterminants de la pauvreté : la relation à l’emploi, au salaire et au logement.

Tout cela, hélas, n’est pas exhaustif et démontre, à l’évidence que, quelle que soit l’idéologie qui prévaut ou prévaudra dans ce pays, plus que jamais le combat syndical est aujourd’hui nécessaire et sera déterminant dans l’avenir.

logement

Quant au mal-logement, le nombre de personnes sans domicile et de demande pour des logements sociaux a grimpé significativement.
Depuis 2015, la demande de logement social progresse cinq fois plus vite que le nombre de ménages et deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux. L’investissement public dans la construction de logements a pour sa part reculé, revenant en moyenne de 1,7 % du PIB en 2001 à 0,06 % en 2018 dans les pays développés. L’OCDE de son côté a fait paraître un rapport en 2021 stipulant que l’accès à un logement abordable devient de « plus en plus difficile ».

Au cours de la décennie 2005-2015, le poids du logement dans les dépenses des ménages a subi une hausse d’environ 20 %. Avec la crise économique et le risque tant pour l’emploi que pour les salaires, ce poste de dépenses contraintes, risque de précariser un peu plus la situation des moins favorisés et ainsi d’affecter un peu plus leur capacité sur les autres postes de dépenses, dont l’alimentation. Pour être à la hauteur, l’État doit apporter un soutien bien plus massif, sur les deux piliers de la politique du logement que sont les aides personnelles et les aides à la pierre.

Pour Force Ouvrière, les aides personnelles doivent non seulement être revalorisées mais leurs conditions d’éligibilité élargies, et les aides à la pierre renforcées afin de soutenir les bailleurs sociaux et les pouvoirs locaux dans leur effort de production.

Orange

Pour une politique sociale digne !

À l’heure où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, le pouvoir d’achat cristallise toutes les inquiétudes et les mécontentements. Selon l’Insee, 2022 sera marquée par une inflation toujours forte, globalement autour de 2,6 % sur les six prochains mois. Le contexte social et économique, les augmentations des tarifs de l’énergie et des carburants, des produits de première nécessité et de l’alimentation entraînent une érosion de notre pouvoir d’achat.
Les inégalités se creusent et la crise s’avère une aubaine pour les milliardaires « principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter grâce à une montée en flèche des cours des actions ». Ainsi, la fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de crise sanitaire qu’au cours de la dernière décennie. Dans le même temps, 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté.

Qu’en est-il chez Orange ?

L’année 2021 a été particulièrement dynamique pour les opérateurs télécoms : forte augmentation des ventes de terminaux mobiles, dynamisme de l’offre B to B. Le revenu des services à haut et très haut débit continue de croître à un rythme soutenu.
Dans un marché français des télécoms où le niveau de croissance au troisième trimestre 2021 est proche de celui de 2019, le Groupe se targue de performances commerciales soutenues pour Orange France avec des résultats financiers solides. Dans ce contexte d’enrichissement pour l’entreprise avec une capacité de distribution des dividendes maintenue, FO Com considère que les salariés doivent récolter les fruits de leur travail et de leur implication professionnelle. En effet, les prix à la consommation ont augmenté de 2,8 % en 2021 mais Orange n’a attribué que 0,9 % d’augmentation salariale moyenne.

FO Com a toujours défendu l’augmentation du Salaire Global de Base (SGB), partie fixe de la rémunération, et face à l’envolée de l’inflation, a exigé la mise en œuvre d’une mesure salariale de rattrapage pour 2021. Cela s’est traduit par l’octroi d’une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 200 euros net pour les plus démunis.
Le compte n’y est pas ! « La formidable mobilisation de salariés » selon le PDG d’Orange « qui sont engagés et attachés à leur entreprise » selon la Directrice Orange France, ne sera aucunement récompensée en 2021 par la redistribution pourtant légitime de la richesse produite.

FOCom exige des augmentations salariales qui compensent l’augmentation constatée des prix et anticipent l’inflation à venir.

À l’aube de l’ouverture de la Négociation Annuelle Obligatoire 2022, nous attendons de la nouvelle gouvernance d’Orange un engagement social fort et un premier signal de reconnaissance pour l’ensemble des salariés afin de garantir le maintien, a minima, du pouvoir d’achat des personnels.
L’entreprise en a les moyens, il faut juste qu’elle en ait la volonté. Dans un contexte de transformations organisationnelles et structurelles de grande ampleur, Orange doit s’engager dans une politique sociale et de rémunération, responsable et transparente à la hauteur de ses ambitions.

La Poste

Quand La Poste s’obstine dans les « économies d’échelle »

Dans une entreprise de main d’œuvre comme La Poste qui employait en 2020 plus de 172 000 salariés et fonctionnaires, la question des salaires est centrale. Elle l’est aussi pour chacun des 172 000 employés qui perçoivent un salaire.
À l’inverse de l’entreprise qui voit les salaires comme une charge à maîtriser, les augmentations salariales constituent pour eux une aspiration, voire une revendication, forte et constante.

Mais en réalité, de quoi parle-t-on ? Qu’est-ce que le salaire ? En économie, on vous répondra que le salaire est le paiement du travail convenu entre un salarié et son employeur au titre d’un contrat de travail. Il comprend le salaire de base, défini de façon annuelle et versé de façon mensuelle, auquel s’ajoutent les primes, les heures complémentaires ou supplémentaires, l’épargne salariale, les indemnités et rémunérations annexes (indemnité de résidence, supplément familial…) et enfin les avantages en nature.
Ce salaire se traduit concrètement en pouvoir d’achat, car il équivaut à la quantité de biens qu’on peut acheter.

On se rend compte qu’il existe une tension entre la volonté de l’entreprise de « maîtriser » sa masse salariale pour faire face à ses autres charges et ses investissements (et parfois son endettement) et entre la volonté des salariés d’obtenir plus pour préserver, voire améliorer, leur niveau de vie.

Qu’en est-il à La Poste ?

Chaque année, La Poste publie son Rapport Social qui fournit notamment des informations sur la rémunération des postiers. Le dernier rapport nous apporte des éléments factuels dont on peut extraire des points qui illustrent la réalité du salaire des postiers.
Premier point, il y a autant de situations individuelles que de postiers puisque les moyennes sont statistiques.
En effet, si la moyenne de la rémunération mensuelle en 2020 s’élevait à 2 822 € brute, qui s’y retrouve ?
Il faut bien-sûr ramener ce montant au salaire net, donc retrancher les cotisations salariales.

Cependant, même en restant sur les valeurs en brut, les écarts sont significatifs entre salariés et fonctionnaires, entre hommes et femmes (notamment chez les salariés cadres stratégiques) et entre agents d’exécution et groupes B et C. Le tableau ci-dessous résume les disparités à l’intérieur de ces groupes selon le genre, le statut et le niveau. Bien entendu, chacune des valeurs est elle-même une moyenne. Par exemple les cadres salariés femmes ont une rémunération moyenne de 2 672 euros brut, avec un écart selon la fonction, l’ancienneté voire le domaine d’activité.

Une autre donnée éclairante est l’analyse de la grille de dispersion des rémunérations mensuelles brutes. On s’aperçoit qu’il y a une répartition stable en 3 groupes de postiers :

  • Près de 30 % de l’effectif ont une rémunération qui va de moins de 1 800 € à 2 000 € brute;
  • Près de 30 % de l’effectif ont une rémunération qui va de 2 600 à plus de 4 000 € brute;
  • Entre ces 2 groupes, nous trouvons 40 % environ des postiers qui possèdent une rémunération qui va de 2 000 à 2 600 € brute.

Force est de constater que les bas salaires sont une réalité à La Poste.

Au-delà de ces statistiques postales, la comparaison avec les données de l’Insee sur les salaires des Français illustre encore plus ce phénomène. En 2019, le salaire brut moyen du secteur privé était de 3 183 € (soit 2 424 € net). C’est 360 € de plus que le salaire brut moyen des postiers ! En 2021, le salaire médian français lui se situait à 1 940 € net. Les deux tiers des postiers sont en dessous de ce salaire !
Alors que la transformation de La Poste a eu pour conséquences plus de mobilités, plus d’adaptabilité, d’agilité, plus de compétences à développer ou à acquérir… on se rend compte que les salaires ne suivent pas. C’est pour cette raison que la question des salaires est un axe revendicatif fort et permanent pour FO Com.
La revendication historique du 13ème mois pour tous est un marqueur de notre organisation. Il n’est pas le seul. Comme le dit notre Secrétaire Général, le salaire n’est pas l’ennemi de l’emploi. La résurgence de l‘inflation, la paupérisation des salariés et l’émergence des « travailleurs pauvres », la réalité sociologique (familles recomposées, foyers monoparentaux…), l’éloignement du domicile du lieu de travail et les coûts liés aux déplacements, sont autant de facteurs qui militent pour une augmentation générale et massive des salaires.

C’est ce que FO Com revendique lors des Négociations Annuelles Obligatoires qui se déroulent chaque début d’année avec la direction.
Lors de ces négociations, nous réclamons aussi des mesures catégorielles :

  • pour améliorer la grille salariale des plus bas salaires,
  • pour que les cadres puissent bénéficier d’une augmentation générale et pas d’une augmentation exclusivement individuelle qui peut être de 0 %,
  • pour que le pouvoir d’achat des postiers soit préservé des effets de l’inflation en particulier pour tout ce qui touche les besoins essentiels,
  • mais aussi, pour permettre à tous les postiers qui n’arrivent plus « à joindre les 2 bouts » de vivre dignement…

Il reste aussi à faire sauter le verrou du gel du point d’indice des fonctionnaires. Depuis 2010, leur pouvoir d’achat a fortement reculé (environ 17 % sur la période).
Autant de revendications et de luttes qui sont notre raison d’être et qui, parfois, aboutissent.

Pour les fonctionnaires, la refonte des grilles indiciaires et le transfert de primes en points d’indice ont permis de les réaligner sur celles de la Fonction Publique, même si les décrets issus de ces accords sont imparfaits.

En plus des mesures salariales s’ajoutent la garantie du gain à la promotion, l’accord Intéressement plus favorable que par le passé, l’accord Égalité Femmes/Hommes, les primes frontalières et les mesures de protection sociale.

Mais ces avancées sont-elles suffisantes et à la hauteur du partage de la richesse de l’entreprise à laquelle les agents contribuent fortement ?

Les postiers doivent bénéficier des bons résultats de La Poste

Au vu des derniers chiffres, près de 35 milliards de chiffre d’affaires pour 2021, et des analyses que l’on peut en faire, La Poste réussit plutôt bien dans sa recherche de diversification de ses activités et de la consolidation de son modèle. Elle s’appuie notamment sur une croissance externe solide et compte, côté banque, sur la hausse des taux d’intérêts. Aujourd’hui, elle est plus solide qu’en 2013, dixit son PDG, Philippe Wahl. Belle performance, surtout après une crise sanitaire sans précédent.

Mais les postiers sont-ils plus sereins ? Un pied dans l’ancien monde, un pied dans le nouveau, ils doivent s’adapter jusqu’à se remettre en question, se former, changer d’orientation. Quoi de plus normal, encore faut-il que La Poste prenne pleinement la mesure des efforts fournis et de l’adaptabilité nécessaire. Cette prise de conscience passe par deux priorités : l’augmentation des rémunérations et l’amélioration des conditions de travail.

Incontestablement, La Poste ne répond pas à l’urgence salariale, depuis longtemps revendiquée par FO Com. Or, il est grand temps de penser au partage de la richesse qui ne peut se faire seulement qu’entre investissements et actionnaires. Les postiers doivent également être reconnus et respectés. Le développement de l’épargne salariale type PEG, PERCOL et autre intéressement ou primes ne sont qu’une réponse, à la fois partielle et mal adaptée. En effet, rien ne remplace le salaire (et la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, mais qui n’est pas du ressort de La Poste) au regard, par exemple, de la protection sociale et notamment de la retraite.

La trajectoire financière à 2025, avec un Résultat Net estimé à près de 2,069 milliards en 2021 montre, s’il en était nécessaire, que La Poste peut répondre à la question salariale de manière pérenne. De la même façon, le nouveau pacte social prévoit de faire la part belle à « l’agilité » des postiers. Des efforts à reconnaître, des investissements humains à valoriser : c’est ce que FO Com revendique haut et fort pour la défense du pouvoir d’achat des postiers.