Sur le terrain

Chronique du Tour de France des PIC

Poitiers, Cestas, Valence, Lille, Lyon, Royes, Rouen, Saint Gibrien, Dijon, Auvergne…
Depuis le début de l’année 2021, le référent PIC national est allé à la rencontre des militants et agents de ces PIC.

Ce Tour de France nous a permis d’entretenir un contact avec les agents dans une période charnière pour leur organisation de travail et d’établir le cahier revendicatif de demain. L’échange régulier, la proximité au quotidien avec les postières et postiers sont au cœur de nos valeurs. La présence FO Com est importante pour les agents des PIC et nous tenons à souligner la qualité des débats.

Avec 26 PIC sur tout le territoire, l’objectif est d’avoir 26 référents (actuellement 23) afin d’avoir une présence FO au plus près des agents. Chaque mois, l’organisation d’échanges permet de suivre les différentes évolutions, de faire remonter l’ensemble des informations et problématiques de chaque entité, d’étudier celles-ci lors des instances nationales et de pouvoir faire entendre nos revendications. Il n’est pas question de laisser La Poste décider seule de l’avenir des postiers. Encore beaucoup trop de dispositions non négociées sont le résultat des changements subis par les postiers.

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Lors des rencontres et échanges avec le personnel, on se rend compte très rapidement qu’ils sont soucieux de leur avenir au sein du Courrier.
Des doutes planent sur des transformations de PIC en plateforme Multi-flux avec des conséquences sur les effectifs (environ 50 % de moins, pas de brigade de nuit ou très peu…). Avec cette évolution, La Poste rationalise ses surfaces et ses effectifs, bien souvent au détriment des conditions de travail. S’ajoute à ceci l’ambiance entre agents qui devient pesante. L’intégration des UAP et EAP, le volet promotionnel très insuffisant (910 promotions sur les 26 PIC), une prime d’équipe liée aux objectifs et à l’appartenance des UAP, tout cela va générer des discordes entre équipes et surtout une forme de compétition, nuisant malheureusement au moral des agents.

D’une manière générale, le constat est un vrai manque de reconnaissance, et la difficulté d’avoir une véritable perspective de carrière avec une évolution professionnelle en PIC. Les efforts durant la crise sanitaire n’ont pas été récompensés (pas de prime d’intéressement, NAO quasi nulles) et ce, malgré les différentes organisations transitoires durant cette période. Leur rémunération est très faible et cela prouve encore davantage que les personnels des PIC sont les parents pauvres de la Branche Courrier.

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Stéphane Chaumeil,
Référent National PIC FO Com

« La direction que prend La Poste vis-à-vis des PIC doit être construite au travers d’un véritable dialogue social. C’est avec ce préalable nécessaire que les postières et postiers des PIC s’estimeront reconnus au travers des organisations de travail. Il est inadmissible que le volet promotion ne concerne que les agents volontaires pour faire partie d’une UAP ou d’une EAP. C’est un facteur discriminant et cela instaure une scission supplémentaire dans les équipes. De plus, la rémunération du personnel des PIC est insuffisante au regard des efforts fournis. Pourtant, c’est un élément clé pour faire en sorte que les postières et les postiers se sentent bien dans leur travail, intégrés dans l’entreprise et trouvent du sens à ce qu’ils font au quotidien ».

UAP : Unité Autonome de Production (de 7 à 10 agents ou 8 à 12 agents)
EAP : Équipe Autonome et Performante (de 15 à 30 agents)

Interview Pierre Marquier

Pierre Marquier
Responsable FO Com des filiales des activités de La Poste

Tu viens d’être récemment désigné Responsable des filiales des activités postales, peux-tu nous décrire ton parcours militant ?

Je suis rentré à La Poste en 1995 comme CDI intérimaire, en 2000 je suis finalement passé en CDI temps plein dans le métier du Courrier. Simple adhérent en 2003, au fil du temps je suis devenu responsable FO à Limoux PDC qui était mon entité de travail, pour ensuite m’investir sur l’ensemble du département de l’Aude.

J’étais passionné par mon métier et l’adhésion à FO a été pour moi une évidence, avec plusieurs objectifs : défendre les droits des agents, fédérer autour de revendications collectives et travailler le terrain seul endroit où la légitimité s’obtient de façon pérenne.

Membre et secrétaire du CHSCT de mon établissement, j’accorde une importance capitale à m’investir sur l’amélioration des conditions de travail. Je me suis impliqué avec opiniâtreté et passion pour aider, écouter et défendre les adhérents de notre très dynamique section.

Notre crédo restant une présence sur le terrain, mais aussi une exemplarité de comportement où la démagogie est totalement bannie !

Selon toi, quels sont les principaux défis à relever dans les filiales ?

Nous avons plusieurs défis à relever pour les filiales. La sous-traitance est devenue monnaie courante pour réduire les coûts salariaux notamment dans les domaines d’activités de la collecte et de la distribution de colis, de la manutention et du tri, y compris jusqu’à l’ubérisation ! La présence de FO est plus qu’essentielle pour combattre ces pratiques inhumaines.

À FO Com nous nous battons au quotidien pour le respect de l’ensemble du personnel, du code du travail et des textes protecteurs pour tous : salariés, intérimaires, sous-traitants et indépendants. Une des choses qui nous tient à cœur est l’extension des « avantages » postiers à tous les salariés des filiales. Nous revendiquons également la négociation d’accords de Groupe afin d’assurer les mêmes avancées sociales à l’ensemble des salariés de toutes les filiales, ainsi qu’une vraie politique de gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences, Nous défendons également l’évolution professionnelle au sein de tout le Groupe La Poste.

Pour que FO soit écoutée et entendue par toutes les directions dans les entreprises, la représentativité et l’implantation restent centrales. Les filiales font parties des métiers de demain dans le Groupe La Poste et FO Com doit être présente dans chaque branches.

Chez DPD, Chronopost, Docapost, Néolog, Mediapost… nous avons des représentants qui font un excellent travail de terrain, avec une communication de proximité à tous les agents. Il est important de les soutenir et de les accompagner dans leur développement. De plus, chacun peut publier sur le site FO Com.

Nous avons mis en place des échanges dans ces filiales, avec en particulier les futures échéances NAO. Ces rendez-vous importants à propos de la rémunération des salariés ne doivent pas être manqués.

Si tu devais jeter une bouteille à la mer, quel message syndical choisirais-tu ?

Il est nécessaire, à travers la présence de FO sur tous les lieux de travail au plus près de tous les agents, de créer ce lien de confiance et de pédagogie pour faire aimer notre syndicalisme libre et indépendant.
À mon sens, le syndicalisme n’est pas une activité individuelle mais une vraie stratégie collective où les égos et les intérêts individuels n’ont pas lieu d’être.

Pour finir, je citerais cette phrase de Jacques Brel « Je préfère les gens qui donnent, à ceux qui expliquent » pour dire que la sincérité et la générosité supplantent et de loin les plus grands discours. Notre chemin doit être celui du combat, mais aussi celui du cœur.

Salaires : retrouver de la dignité dans le travail

Le salaire permet de subvenir à ses besoins, à celui de sa famille ainsi qu’au financement de plusieurs composantes de notre modèle social. Il est une reconnaissance du temps de travail effectué et/ou des tâches réalisées. Mais ce que beaucoup de dirigeants oublient, c’est qu’il est le symbole de l’effort, souvent invisible à leurs yeux au moment où il est produit. Au-delà du pouvoir d’achat des personnels, le salaire permet d’alimenter les différentes infrastructures liées aux services publics, mais aussi aux caisses de retraites, d’assurance maladie, de formation, etc. Ce double enjeu est primordial à intégrer dans tout processus de relance économique, surtout après une crise telle que nous venons de vivre.

Rendre le travail décent par un salaire juste

Et pourtant, sans revalorisation des salaires, pas de relance économique. L’amortisseur social que constitue le salaire est évident. Dans le même temps, la croissance ne pourra repartir que si la consommation des ménages est au beau fixe. Comment lutter contre la précarité et la récession ? Le salaire est une réponse partielle à ce sombre paysage qui se dessine un peu plus chaque jour. Les entreprises arbitrent sans cesse entre l’emploi et les salaires, avant tout déterminés par la répartition des gains de productivité. Mais quand on regarde le nombre de positions de travail supprimé (équivalent temps plein) et les augmentations salariales au ras des pâquerettes, nous pouvons nous poser légitimement la question : mais où va l’argent ? Dans l’investissement, la recherche, le développement ? Dans la poche d’actionnaires toujours plus avides ?

D’après les données de l’INSEE publiées en avril 2019, le salaire médian mensuel net se situe à 1 789 euros. Beaucoup de postiers trouveront cette somme astronomique tellement elle est éloignée de leur réalité. Cependant, il est demandé aux postiers davantage d’agilité et d’adaptabilité, de compétences et de productivité et une augmentation des salaires permettant de valoriser la participation de chacun à l’effort collectif. Car qu’on se le dise, les vœux pieux de l’entreprise et les boîtes de chocolat ne peuvent payer les impondérables de la vie de tous les jours. Et ce ne sont pas les demandes d’aides pécuniaires – faites par les postiers à La Poste – fortement liées aux charges courantes, voire aux achats de première nécessité, qui nous prouvent le contraire…

Reconnaître l’engagement de toutes et tous

Considérée comme ayant des activités essentielles à la Nation, La Poste ne valorise pas la force de travail et la disponibilité de ses agents à remplir leurs missions de services publics. Les Négociations Annuelles Obligatoires de ces dernières années, ponctuées par celles de 2020, ne nous démontrent pas le contraire : seulement 0,3 % d’augmentation générale des bas salaires et 0,4 % en moyenne pour les personnels cadres. Rapportée à l’inflation qui se si-tue à 1,1 % en 2020, on est bien loin du compte ! Ajoutons à cela les hausses successives des dépenses liées à l’énergie, au logement, aux mutuelles et autres assurances, aux achats du quotidien, la conclusion est assez simple : l’augmentation du pouvoir d’achat n’est pas une priorité ! Or, les gains de productivité réalisés par La Poste sont bels et bien palpables.

En tout cas, les « derniers de cordées » n’en voit pas la couleur… Ils doivent faire face à la descente infernale et lente vers la précarité. « Serrer-vous la ceinture ! » Cette expression connue depuis des décennies n’est pas valable pour tout le monde… Elle s’applique surtout à ceux qui fournissent un effort considérable pour répondre aux exigences de La Poste.

À FO Com, nous continuons de revendiquer : le grade de base 2.1, le 13e mois pour tous, et la nécessaire transposition des grilles indiciaires pour les fonctionnaires (PPCR).

« Qui se contente de belles paroles risque d’attendre fort longtemps »

À cette maxime, les fonctionnaires peuvent aisément s’identifier. Depuis plusieurs années, toujours aucun prémisse de la transposition des grilles indiciaires de la fonction publique aux postiers concernés. En plus du point d’indice gelé depuis plus d’une décennie, les postiers fonctionnaires subissent de plein fouet l’austérité salariale. Et quel mépris ! En juin 2020, un énième courrier est parvenu au Ministre de l’économie chargé de faire publier les décrets relatifs à ce changement. Mais pour seule réponse, nous n’avons simplement qu’un accusé de réception du courrier. L’urgence n’est encore une fois pas du côté de l’augmentation des salaires.

1er mai : sans manifestation mais plus que jamais syndical !

Tout le monde s’accordera pour dire que ce 1er mai 2020 sera inscrit dans les mémoires… Si les manifestations et les rassemblements traditionnels n’ont pas pu avoir lieu, les organisations syndicales ont malgré tout trouvé les moyens de se faire entendre. Les messages vidéo ont envahi les réseaux sociaux. Les concerts de casseroles ont fait du bruit aux balcons et aux fenêtres. Les banderoles les ont ostensiblement décorés. Dans certains cas, les revendications ont été clamées jusque dans la rue…

Ce 1er mai 2020 bien que confiné, a été l’occasion de marteler à nouveau nos revendications pour défendre les droits des travailleurs. Il est clairement devenu impératif de faire reconnaître, au niveau international, la santé au travail comme un droit fondamental. Face aux propos et desseins des gouvernants et de certaines entreprises qui n’ont de cesse de tout ramener à l’économie, la productivité et la rentabilité, FO Com y oppose la santé et sécurité, la préservation des droits en matière de salaires, de congés, de conditions de travail et d’emploi.

Au cœur de leur entreprise, les travailleurs de tous horizons ont été confrontés à des changements sans précédent dans leur quotidien. Distanciation, télétravail, nouvelles organisations, activité partielle, etc., autant de bouleversements dans la façon de travailler. Le monde du travail devient de plus en plus vecteur de précarité, entre baisse de salaire et chômage, entre la nécessité de se réinventer sans réelle formation et l’absence de la préservation des savoir-faire. Une multitude de dangers encore plus accentué en cette période de pandémie.

infirmiersCette journée de solidarité et de revendications amène à exiger l’abandon des politiques d’austérité budgétaire au niveau national et mondial. L’urgence est de renforcer les systèmes de protection sociale collective, les conventions collectives ainsi que les services publics. FO continue d’apporter son appui à toutes celles et ceux qui s’opposent aux privatisations, militent pour des politiques d’emplois à la hauteur des enjeux actuels, se battent pour des salaires et des conditions de travail décents.

Plus que jamais, l’action syndicale menée en toute liberté et indépendance par Force Ouvrière est la réponse pour plus de protection des travailleurs et de justice sociale. à l’opposé des grandes communications politiques, chacune de nos exigences a une vraie raison, chacune de nos actions une réelle légitimité. Nos combats sont l’expression permanente du soutien que nous apportons à tous les travailleurs.

Sans défilé, sans manifestation, sans meeting, sans rassemblement mais fraternellement ensemble, libres, indépendants et déterminés !

Retraites : la mobilisation s’impose !

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous venons d’apprendre que le gouvernement entendait recourir au 49.3 pour terminer les débats à l’Assemblée Nationale sur le projet de loi sur les retraites. Cette attitude est incompréhensible et inacceptable.
Cette procédure gouvernementale permet de faire passer sans vote à l’Assemblée Nationale le projet de loi portant sur le système de retraites par points. Cela démontre l’impuissance du gouvernement à répondre aux interrogations légitimes des parlementaires à propos de ce projet incomplet, approximatif et aux multiples inconnus. C’est une nouvelle preuve que le gouvernement refuse le débat et veut faire passer en force ce projet de régression sociale minoritaire dans l’opinion publique.
Depuis le début de la mobilisation, on a pu s’apercevoir de l’impréparation du gouvernement avec un projet de loi laissant des questions essentielles à des ordonnances à venir, une étude d’impact lacunaire, et l’obligation d’introduire, au dernier moment, des amendements tentant de répondre aux imprécisions quant à l’impact sur les pensions à venir de telle ou telle catégorie…Et maintenant la promesse de ne pas toucher à l’âge de la retraite est clairement contredite, avec un âge d’équilibre à 65 ans et plus.
Le recours au 49.3 est le plus mauvais signal qui pouvait être donné au monde du travail et aux salariés massivement mobilisés. FO Com dénonce une telle attitude de la part du gouvernement et maintient son refus de ce projet, en demande l’abandon et le retrait. Notre détermination ne faiblira pas.
FO appelle à poursuivre les actions sans relâche, afin de signifier avec force le rejet de ce projet. Les mobilisations massives initiées depuis le 5 décembre n’ont pas été entendues par ce gouvernement. FO appelle à poursuivre et amplifier la construction d’une grande journée de grève interprofessionnelle et de manifestations dans tout le pays le mardi 31 mars pour mettre en échec ce projet de loi !