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Accord handicap à La Poste : ce qui marche, ce qu’il reste à faire

Encadrée par l’accord 2023-2025, la politique handicap à La Poste progresse sur plusieurs fronts tout en restant confrontée à des irritants persistants. Fin 2024, le taux de Bénéficiaires de l’Obligation d’Emploi (BOE) atteint 9,76 %, soit plus de 14 000 postières et postiers, contre 9,33 % en 2023. Les recrutements dépassent largement les objectifs (271 embauches pour 121 prévues, dont 161 en CDI), concentrés dans les métiers de facteurs, d’agents courrier et de chargés de clientèle. En parallèle, 859 nouvelles reconnaissances de handicap ont été enregistrées, et 1 293 titres renouvelés.

Les aménagements de poste se sont intensifiés (1 170 interventions, principalement en BSCC et BGPN), et un cofinancement avec l’AGEFIPH a été lancé pour préparer la fin de l’accord agréé. Le télétravail continue d’augmenter, bénéficiant à 1 688 postiers, majoritairement des femmes. Les achats auprès du secteur protégé dépassent les attentes, avec 22,8 millions d’euros engagés (objectif : 18 millions). Des conventions ou partenariats avec Cheops (CAP emploi) et l’AGEFIPH ont été signés pour favoriser le maintien dans l’emploi et accompagner les évolutions professionnelles des personnels en situation de handicap.

Mais derrière ces chiffres, FO Com alerte sur des dysfonctionnements permanents : manque de transparence, procédures de reclassement lentes, communication déficiente, moyens insuffisants, et absence d’anticipation lors des réorganisations, mobilités interbranches difficiles. Ces failles nuisent à l’objectif central de l’accord : le maintien dans l’emploi.

Sur le terrain, certains acteurs ignorent les engagements de l’accord, voire enfreignent les droits des postiers BOE. La Commission de Retour et de Maintien dans l’Emploi (CRME) est souvent incapable de proposer des solutions concrètes. Résultat : des postiers affectés à des missions sans avenir ou mis en dispense d’activité, conduisant à des sorties définitives, sans réelle alternative.

Le traitement trop souvent administratif ou comptable de ces situations engendre isolement, souffrance et mal-être. En 2024, 366 licenciements après impossibilité de reclassement pour inaptitude ont été prononcés, vécus comme une double peine. La dématérialisation croissante et une communication RH opaque aggravent encore la détresse psychologique de nombreux agents en situation de handicap.

Toujours mobilisée, FO Com poursuit son engagement pour défendre, négocier et intervenir, aussi bien sur le terrain qu’au sein des instances, afin de favoriser l’insertion et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. En fin d’année, FO Com portera ses constats et revendications lors de la prochaine négociation, un rendez-vous crucial pour La Poste, confrontée au défi majeur de la fin programmée de l’accord agréé, dans le cadre de la nouvelle réglementation sur l’obligation d’emploi.

Construire un monde du travail où chacun a sa place

La journée du 17 mai est une date importante, reconnue internationalement comme la Journée contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Pour FO Com, cette journée est une occasion essentielle de réaffirmer son engagement en faveur de l’égalité des droits et de la lutte contre toutes les formes de discrimination, y compris celles fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Dans le cadre du baromètre biennal de L’Autre Cercle mené en 2024, 2 100 postiers, dont 240 personnes LGBT+, ont été interrogés. Les résultats montrent que 29 % d’entre eux déclarent avoir subi des agressions en lien avec leur orientation sexuelle au sein de l’entreprise, contre 42 % en 2022. En parallèle, 22 % des postiers LGBT+ rapportent avoir été confrontés à des traitements inégaux en raison de leur orientation ou de leur identité de genre. Bien que ces chiffres soient en baisse, ils soulignent la persistance de comportements discriminatoires et la nécessité de poursuivre les actions en faveur d’un environnement de travail inclusif et respectueux.

FO com considère que la défense des droits des personnes LGBT+ fait partie intégrante de la défense de tous les travailleuses et travailleurs. L’accord sur l’égalité professionnelle 2022-2025 intègre ainsi des dispositions spécifiques pour lutter contre les stéréotypes et favoriser une culture d’entreprise plus inclusive. Lutter contre les stéréotypes, le sexisme et les discriminations, c’est garantir un environnement professionnel sain, respectueux et où chacun peut s’épanouir pleinement, sans crainte de jugement ou de représailles.

Cette journée du 17 mai doit être l’occasion de :

  • Sensibiliser : Informer et éduquer sur les réalités vécues par les personnes LGBT+, les discriminations qu’elles subissent et l’importance de l’inclusion.
  • Revendiquer : porter les revendications pour l’égalité des droits au sein du monde professionnel et dans la société en général. Cela passe par des politiques d’entreprise inclusives, la lutte contre le harcèlement et les discriminations, et la reconnaissance pleine et entière des droits de chacun.

Lors de la négociation de l’accord égalité professionnelle 2022-2025, FO Com a obtenu plusieurs avancées concrètes :

  • L’extension des droits parentaux aux familles homoparentales.
  • L’ouverture effective du congé de paternité et d’accueil de l’enfant aux couples homosexuels masculins, avec maintien de la rémunération.
  • L’instauration de mesures de priorité dans le choix des congés pour les familles homoparentales.
  • L’inscription explicite de la lutte contre les stéréotypes liés à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.

Pour FO Com, la lutte contre la LGBTphobie n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi une condition nécessaire pour construire une société plus égalitaire et fraternelle, où la diversité est une richesse. Cette journée du 17 mai est un rappel que le combat pour l’égalité continue et que l’engagement de chaque instant est indispensable.

Femme et handicap – Un double combat pour atteindre l’égalité

Les inégalités entre les femmes et les hommes demeurent profondément ancrées dans nos sociétés, touchant des domaines variés comme l’éducation, la vie personnelle et le milieu professionnel. Les femmes continuent de faire face à des écarts salariaux persistants, à des obstacles à la progression de leur carrière ainsi qu’à des discriminations. Parallèlement, elles supportent une charge disproportionnée de responsabilités familiales et domestiques, souvent non reconnue, limitant leur autonomie économique et sociale.
Ces inégalités prennent une dimension encore plus marquée lorsqu’elles concernent les femmes en situation de handicap.
Celles-ci subissent une double peine, cumulant les discriminations liées au genre et celles associées au handicap. Cette situation entraîne une marginalisation accrue où les difficultés se renforcent mutuellement, les plaçant dans une position de grande vulnérabilité sociale et économique. Pourtant, ces femmes restent souvent invisibles dans les statistiques et les politiques publiques, rendant leurs difficultés encore plus dures à combattre.

Un accès limité à l’éducation et au marché du travail

Si la participation des femmes au marché du travail en France a considérablement augmenté au cours des 50 dernières années, réduisant l’écart avec les hommes de 31,2 points en 1975 à 6,3 points en 2020, cette avancée ne bénéficie pas de manière équitable aux femmes en situation de handicap. Leur taux d’emploi n’est que de 42 %, bien inférieur à celui des femmes de la population générale (68 %). Cette exclusion professionnelle est renforcée par un taux de chômage plus élevé. En 2023, selon l’AGEFIPH, 12 % des personnes en situation de handicap étaient au chômage, contre 7 % pour l’ensemble de la population. L’absence de données spécifiques pour les femmes en situation de handicap met en lumière un manque de statistiques genrées en France, ce qui limite la compréhension précise de leurs difficultés sur le marché du travail.
Ces inégalités trouvent, en partie, leur origine dès le parcours éducatif. Bien que les filles en situation de handicap obtiennent souvent de meilleurs résultats scolaires, elles sont moins encouragées à poursuivre des études supérieures par rapport à leurs homologues masculins. Les attentes des parents et des enseignants les orientent fréquemment vers des filières restreintes, réduisant leurs perspectives professionnelles dès le départ. Cette orientation éducative genrée limite leur accès à des emplois qualifiés et bien rémunérés, les confinant à des postes précaires.

Une précarité renforcée et une surexposition aux violences

Sur le marché du travail, les femmes en situation de handicap font face à une précarité exacerbée par des stéréotypes de genre cumulés à ceux liés au handicap. Lors des recrutements, elles doivent surmonter des préjugés multiples : doutes sur leur sérieux, suppositions sur leurs compétences professionnelles ou des idées reçues concernant leur « potentiel ». Aux stéréotypes de genre – tels que des perceptions de faiblesse ou de manque d’ambition – s’ajoutent ceux liés au handicap. Cette accumulation de barrières les maintient dans une situation de vulnérabilité économique et sociale, révélant l’urgence de politiques publiques pour promouvoir leur inclusion et leur autonomie.
L’accès à la formation professionnelle représente également un défi majeur pour ces femmes. Leurs responsabilités familiales, combinées à des problèmes d’accessibilité, limitent considérablement leurs opportunités de se former. Cette situation est d’autant plus préoccupante dans des secteurs d’avenir comme l’informatique, la technologie et les sciences, où les femmes sont déjà sous-représentées.
En outre, l’accès aux postes de pouvoir demeure particulièrement limité, illustrant une ségrégation verticale persistante. Elles sont désavantagées par rapport aux hommes handicapés et aux personnes « valides » pour atteindre les professions les plus élevées et les postes de direction. Par exemple, seulement 1 % des femmes handicapées en emploi occupent des postes de cadres, contre 10 % des hommes handicapés, 14 % de l’ensemble des femmes et 21 % de l’ensemble des hommes. Ce plafond de verre est renforcé par un manque d’accès à des formations de qualité, limitant leurs perspectives de carrière et leur autonomie financière, et les confinant souvent à des emplois peu qualifiés et précaires.
Cette précarité professionnelle aggrave les inégalités salariales  : 64 % jugent leur rémunération insuffisante, contre 49 % pour l’ensemble des salariés. Leur accès restreint aux promotions et postes bien payés renforce cette inégalité, impactant aussi leurs pensions de retraite, souvent plus faibles en raison de cotisations réduites.
Par ailleurs, une étude de l’IFOP en 2022 révèle une surexposition alarmante des femmes handicapées aux violences physiques et sexuelles. Près d’une femme en situation de handicap sur quatre (23 %) a subi des violences conjugales, contre 15 % pour l’ensemble des femmes et 13 % pour les hommes handicapés. Concernant les violences sexuelles, près d’une sur cinq (16 %) a été violée, soit une proportion nettement supérieure à celle des femmes en général (9 %) et des hommes handicapés (9 %). Ces chiffres soulignent la vulnérabilité accrue des femmes en situation de handicap face aux violences.

Un appel à l’action

A l’occasion du 8 mars 2025, journée internationale des droits des femmes, FO Com réaffirme que l’égalité entre les femmes et les hommes, que vous soyez en situation de handicap ou non, est un enjeu de justice sociale qui ne peut plus attendre. Pour combattre efficacement ladite double peine, il est indispensable de mettre en place des politiques publiques inclusives, de produire des statistiques genrées pour mieux comprendre et traiter les inégalités et de déconstruire les stéréotypes persistants. L’engagement pour l’égalité des femmes en situation de handicap n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est un impératif pour construire une société plus inclusive, équitable et respectueuse de la dignité de chacun. Chaque pas vers leur émancipation est un progrès pour l’ensemble de la société. Il est temps d’agir concrètement pour que ces femmes, trop longtemps invisibilisées, puissent pleinement exercer leurs droits et réaliser leur potentiel.

Les stéréotypes de genre : racines des inégalités femmes-hommes

stéréotypes de genreLes inégalités entre les femmes et les hommes trouvent souvent leur origine dans des stéréotypes de genre ancrés dès l’enfance. La socialisation différenciée influence les choix académiques et professionnels, restreignant l’accès des femmes à certaines filières. Ainsi, 74 % d’entre elles n’ont jamais envisagé une carrière dans les domaines scientifiques ou techniques, illustrant l’impact des normes sociales sur leur orientation.

Ces biais persistent dans le monde du travail, où les métiers restent genrés. 82 % des personnes interrogées estiment que certaines professions sont perçues comme spécifiquement masculines ou féminines, limitant la mixité et maintenant les femmes à l’écart de secteurs stratégiques comme la technologie et l’ingénierie.

Les stéréotypes de genre persistent dans le monde professionnel, alimentant un sexisme ordinaire omniprésent. Selon le rapport 2023 du Haut Conseil à l’Égalité, malgré une sensibilisation croissante, le sexisme demeure prévalent dans toutes les sphères de la société. Cette banalisation crée un « continuum de violences » qui freine l’avancement professionnel des femmes et impacte négativement leur bien-être, générant stress et risques psychosociaux.

Ces stéréotypes de genre contribuent directement aux disparités salariales. En raison de la dévalorisation des métiers souvent attribués aux femmes et de la répartition genrée des secteurs, les femmes perçoivent des salaires, en moyenne, 23,5 % inférieurs à ceux des hommes, en prenant en compte les emplois à temps partiel. Cette inégalité salariale, constitue une discrimination flagrante qui pénalise non seulement les femmes, mais également la société dans son ensemble. À titre d’exemple, respecter l’égalité de rémunération pourrait générer 5,5 milliards de cotisations supplémentaires !

À La Poste, FO Com reste pleinement mobilisée pour promouvoir l’égalité professionnelle et a joué un rôle clé dans la négociation de l’accord égalité professionnelle 2022-2025 dont voici les principales avancées obtenues :

  • Un objectif d’atteindre 40 % de femmes en groupe C, 45 % en groupe B, et 50 % en groupe A d’ici 2025.
  • Une enveloppe annuelle de 400 000 € (augmentée à 600 000 en NAO) pour éliminer les écarts de rémunération, bénéficiant ainsi à 510 personnes en 2024
  • Un renforcement de la mixité dans les métiers les plus genrés
  • Des mesures pour prévenir et combattre toute forme de violence sexiste et sexuelle au travail.
  • Des dispositifs favorisant la parentalité, tels que le télétravail pour les femmes enceintes et des formations adaptées durant la grossesse.

À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, FO Com réaffirme son engagement en faveur de l’égalité salariale ainsi que de l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais, au-delà de cette journée symbolique, FO Com agit au quotidien pour défendre les droits de toutes les femmes !

Santé : endométriose et travail

L’endométriose, définie par la Sécurité sociale comme « une maladie gynécologique, inflammatoire et chronique fréquente », touche, en France, entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en âge de procréer, soit 1 femme sur 10. Le diagnostic de cette pathologie très douloureuse est souvent tardif : il peut prendre entre 7 et 10 ans, ce qui rend la gestion quotidienne de la maladie particulièrement complexe.

Pour toutes les femmes atteintes, l’endométriose a un impact significatif sur la vie professionnelle. En effet, 65 % d’entre elles rapportent que la maladie affecte négativement leur travail, compromettant ainsi leur qualité de vie professionnelle. Selon l’enquête EndoVie, la souffrance physique, souvent exacerbée par des positions statiques ou prolongées, ainsi que la fatigue chronique, réduisent leur concentration et leur capacité à accomplir leurs tâches pour 53 % d’entre elles. Ces symptômes peuvent également influer sur leur humeur, provoquant de l’irritabilité, ce qui peut entraîner des incompréhensions au sein des équipes de travail, voire un isolement social. À cela, s’ajoutent pour certaines d’entre elles des arrêts maladie fréquents. Ces difficultés, tant physiques qu’émotionnelles, limitent les opportunités d’évolution professionnelle et, dans les cas les plus graves, peuvent rendre le maintien dans l’emploi difficile.

Face à ces constats, FO Com souligne l’importance de mieux intégrer la dimension de genre dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. Sans cette prise en compte, les problèmes de santé spécifiques aux femmes, comme l’endométriose, sont négligés, accentuant ainsi les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi, FO Com s’engage sur ce sujet, encore rarement abordé dans les accords sur l’égalité professionnelle, en mettant en avant la nécessité de préserver la santé des femmes sur leur lieu de travail. Dans l’accord égalité professionnelle 2022 – 2025, FO Com a obtenu de La Poste l’engagement de sensibiliser les ressources humaines et la ligne managériale aux difficultés que les rythmes biologiques peuvent avoir sur la santé. Toutefois, cet engagement est perçu comme une première étape. Il est essentiel que La Poste aille encore plus loin dans ce domaine et s’engage de manière plus ambitieuse.

En particulier, FO Com insiste sur l’importance de changer le regard sur l’endométriose, cette pathologie invisible, mais dont les conséquences peuvent constituer un véritable handicap pour les femmes qui en souffrent. À ce titre, les femmes concernées peuvent solliciter une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Cette démarche, bien que personnelle et volontaire, peut permettre, une fois portée à la connaissance de l’employeur, de bénéficier d’aménagements adaptés. Le médecin du travail peut préconiser des recommandations comme la flexibilité des horaires, la possibilité de télétravailler ou encore l’installation de postes de travail ergonomiques, etc. afin de réduire l’impact des symptômes sur la vie professionnelle.

Ne restez plus isolée, n’hésitez pas à en parler !