transformation numérique

Transformation numérique : Un impératif non sans risques …

La transformation numérique des entreprises s’est fortement accélérée avec la pandémie mondiale. A La Poste, le télétravail à temps plein est devenu la règle durant de longs mois pour une partie de salariés, créant ainsi des distorsions importantes entre les personnels. Cette accélération pose aujourd’hui de nombreuses questions.

Le « baromètre 2021 Digital Workplace » de l’IFOP en collaboration avec le cabinet Jolhiet-Stewern a mis en lumière la perception des collaborateurs et de leurs responsables hiérarchiques dans les entreprises de plus de 500 salariés sur «la révolution numérique».
Elle bouscule les organisations du travail et les relations hiérarchiques au sein de l’entreprise. Les cadres et managers s’interrogent sur leur rôle et leur place future : le cadre du XXIe siècle ne sera plus celui du XXe.

Que retenir de ce baromètre ?

La révolution numérique, une nouvelle révolution industrielle

Ainsi, le recours massif au télétravail a démontré la capacité d’adaptation des travailleurs à cette nouvelle forme de travail (soit 44 % des salariés interrogés), leur niveau d’engagement (à 37 %) ou encore la prise de responsabilités et l’autonomie des salariés (à 31 %).

Ils sont plus réservés sur la capacité de communication interne des entreprises (22 %), la recherche de solutions collaboratives (20 %) et le niveau d’acceptation des managers aux évolutions (15 %). Ils redoutent aussi, pour 55 % d’entre eux que le travail à distance ne provoque sur le long terme une diminution du sentiment d’appartenance à l’entreprise et un désengagement croissant. Sentiment partagé par 57 % des managers.

Si certaines entreprises mettent en place des formations sur le management à distance, FO Com regrette que tous n’aient pas pu en bénéficier et demande à La Poste de déployer massivement ces formations, le plus rapidement possible.

77 % des sondés pensent que le numérique rend les collaborateurs plus autonomes et que cela implique pour les managers de « faire confiance à leurs collaborateurs ». Cependant ce « lâcher prise » peut être vécu par les managers comme une perte de contrôle sur leur équipe. Ainsi, ils sont 53 % à estimer avoir moins d’impact et d’influence sur leurs équipes.

55 % des managers pensent que leur fonction évolue vers un rôle de « manager coach » les obligeant à abandonner le rôle qu’ils avaient auparavant. C’est bien le constat que nous faisons à La Poste ! Pour FO Com, ce changement ne doit pas être synonyme d’accroissement de charge de travail, mais doit être accompagné par l’entreprise dans une réflexion globale, des prérogatives et missions de chacun.

L’étude montre une aggravation du clivage entre vision dépassée (le cadre du XXe siècle) et nouveau management basé sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité (le cadre du XXIe siècle).

Pour FO Com, certains points méritent toute notre vigilance:

  • Comment recréer du collectif avec le travail à distance ?
  • Comment repérer les signaux de désengagement des collaborateurs, y remédier ?
  • Comment recréer de l’informel dans les relations entre collaborateurs, avec les managers et ainsi favoriser les interactions ?

L’étude montre également comment la mise en place du télétravail massif a impacté les salariés et le management. 46 % des collaborateurs et 54 % des managers ont ainsi été concernés par le télétravail.

La transformation de l’environnement du travail

Aujourd’hui, 50 % des travailleurs souhaitent télétravailleur … mais pas à temps plein (4 % seulement le souhaitent). Pour certains, le télétravail a été vécu douloureusement. Il a été créateur de RPS, les salariés se sont parfois sentis très isolés, les managers démunis.

Les cadres et managers, n’ont pas toujours bénéficié de l’aménagement de leur poste de travail à domicile, ou alors de façon sporadique ou très tardivement !

Plus encore le télétravail a été rebaptisé « travail a distance » et s’est vu mis en place dans notre entreprise sans respect des accords et des garanties propres au télétravail !    La Poste devrait ainsi indemniser les coûts du « travail à distance » de la crise COVID dans les mêmes conditions que le télétravail. Il faut également repenser les équipements des télétravailleurs, les imaginer compacts ergonomiques et pratiques.

Plus largement, les salariés souhaitent une « personnalisation de leur environnement de travail ». Ainsi, ils préfèrent le bureau individuel (37 %) ou leur domicile (27 %) pour travailler plutôt que les open-spaces (7 %) ou le télétravail sur site déporté ou le coworking (5 %).

L’entreprise doit s’adapter aux nouveaux besoins de ses collaborateurs « en mettant en œuvre toutes les solutions susceptibles de faciliter leur vie professionnelle au quotidien et leur bien-être, tout autant que leur performance individuelle et collective ». Les salariés amenés à travailler en Flex-desk (espaces de travail évolutifs) partagent manifestement cette opinion !

FO Com maintient son opposition au tout Flex imposé pour des raisons strictement financières. La plupart des salariés y sont hostiles et toutes les études montrent ses effets désastreux sur les relations entre collègues, le management, les conditions de travail.

Des outils numériques à mieux appréhender

Le travail à distance a toutefois permis la progression des compétences des salariés en matière d’utilisation des outils collaboratifs.

41 % ont ainsi progressé dans leur utilisation contre 36 % dans l’enquête précédente de 2019.

51 % contre 34 % en 2019 ont utilisé la visioconférence durant le premier confinement et ont continué depuis.

Toutefois, il y a une forte de demande d’accompagnement avec de la formation pour utiliser les outils collaboratifs.
Enfin, tout le monde ne va pas à la même vitesse et certains salariés, parfois managers, ne disposent pas des compétences nécessaires au travail à distance.

Pour rappel, à La Poste, les cadres de plus de 50 ans représentent 63 % de l’encadrement.

Nous restons conscients que les formations, même indispensables ne suffisent pas à régler à elles seules tous les problèmes rencontrés sur le terrain. La transition numérique suscite un risque de décrochage d’une partie de personnel et donc une transition numérique à deux vitesses.

Au moment où La Poste est à un moment historique de son histoire, la transition numérique nécessite une approche concertée entre les différents acteurs de l’entreprise la direction, les managers, les collaborateurs, les organisations syndicales. Pour FO Com, il serait risqué d’envisager ces transformations sans consensus et donc sans un véritable dialogue social !