Thierry Chaise vient d’être élu secrétaire départemental de Paris-Poste, après plus de quatorze années passées à la distribution. Il nous dresse un panorama de La Poste à Paris. Quels sont les spécificités de La Poste parisienne ? A Paris, le dialogue social est quasiment inexistant. On constate une accélération des fermetures des bureaux de Poste sans aucune concertation ainsi qu’un manque d’effectifs récurrent tant au Réseau qu’au Courrier. Cette situation ne fait qu’accroître la souffrance des collègues sur le terrain et ne règle en aucun cas le taux d’absentéisme, en constante augmentation. Quelle est la situation des bureaux de Poste parisiens ? Le combat pour la sauvegarde des bureaux de poste s’amplifie. Le 8 juin 2017, un mouvement intersyndical a été lancé à l’initiative de FO. Il s’est prolongé le 9 et le 10. Des rassemblements ont eu lieu Place du Châtelet et devant le bureau de poste Curial. Postiers, usagers, élus… Des dizaines de personnes étaient présentes pour manifester leur opposition à la fermeture de 28 bureaux de poste et aux menaces pesant sur 16 autres. FO dénonce notamment la volonté de La Poste de sous-traiter certaines activités non rentables auprès de commerces pour garder une apparence de service public. Elle ferme ses agences sans concertation, dans le déni du besoin de la population locale et à l’encontre de l’intérêt des usagers. La Poste a organisé une véritable casse du service postal en bureau. Elle réduit progressivement l’amplitude horaire de certains bureaux afin, à terme, de les fermer définitivement, sous prétexte d’une baisse de fréquentation dont la Poste est elle-même à l’origine. Elle cherche aussi une rentabilisation optimale de son parc immobilier. Et en fonction de la typologie des clients des bureaux de Poste, elle sacrifie les services bancaires au profit des seuls automates. FO a pris la mesure de la situation déplorable des bureaux de poste parisiens. En plus de vivre une véritable souffrance au travail, sur des terrains de plus en plus étendus, les agents constatent que leur activité n’est même pas reconnue par des promotions qui seraient amplement méritées. Le recours à l’intérim est devenu la …
Lire la suite »Une vie d’engagement
Marie Thérèse Beuret, quatre vingt douze printemps d’un parcours dont les premiers pas aux PTT, a commencé comme assistante receveuse, le 1er avril 1943 à Salvagnac sur Tarn. La place de la femme dans le monde du travail devient une de ses priorités. Après le conflit de la 2e guerre mondiale, elle cherche à s’engager dans un syndicat : « la CFTC c’est de la religion, la CGT c’est de la politique, FO ça va bien, il n’est pas clérical, ni endoctrinant. »Marie Thérèse a choisi en femme libre de s’engager et de militer avec FO. Elle évoque son passage à Metz, puis au centre de chèques de Bordeaux en 1953. Un mois de grève pour obtenir une semaine de congés supplémentaires. Une carrière de receveuse à faire régulièrement sa valise entre Mimbaste, St Paul les Dax, Lamalou les Bains et enfin Neuvy Saint Sépulcre en 1979 avec une fin d’activité en 1981. Cette dernière affectation est aussi un attachement de coeur, la section FO de l’Indre représente cette continuité. « Le syndicat FO m’a soutenue dans des moments difficiles. Entre autres, il a permis de faire valoir mes droits pour accompagner mon mari handicapé. » La militante de la première heure est toujours là avec son dynamisme, sa fraîcheur, son ouverture et sa détermination. Elle déploie ses valeurs humanistes à travers une activité sociale municipale liée au handicap.
Lire la suite »En Angleterre, les bureaux de poste pourraient bien ne plus faire partie du décor
Cette année, plus d’une centaine de bureaux de poste doivent être cédés à une enseigne privée (supermarché, papeterie…) sous forme de franchise. Dans ces cas là, les postiers n’ont comme alternative que d’être licenciés ou transférés vers le nouveau propriétaire, perdant de ce fait leur statut de fonctionnaire. 3 000 emplois, soit la moitié des effectifs, seraient menacés ! Au Royaume-Uni, 90 % des antennes de la poste sont détenus par des commerçants. Tout ceci est la conséquence directe d’une privatisation entamée en 2011. À ce moment là, la poste s’est scindée en deux avec d’un coté Post Office (les bureaux de poste) et de l’autre Royal Mail (la distribution du courrier). En 2013, alors qu’elle faisait pourtant des profits, la Royal Mail est mise sur le marché. Si, au début, les cours se sont envolés (+50 %), cela s’est vite tassé. Cette vente n’a pas contribué à réduire les dettes de l’État. Le gouvernement a été accusé d’avoir bradé la poste car, une fois la vente faite, les profits qu’elle faisait auparavant ne rentraient plus dans les poches de l’État ! Entre le courrier et les bureaux de poste, il y a eu 14 000 emplois supprimés, soit 10 à 20 emplois de moins par semaine ! Conséquence pour les salariés : la pression est devenue énorme, avec notamment de plus en plus de cas de dépression et de burn out. Les agents de la poste, fonctionnaires et salariés, ont été sacrifiés sur l’autel de la compétitivité. Du coté des usagers ce n’est pas mieux, car 40 % des fermetures ont eu lieu dans les zones défavorisés. Le service ne serait pas non plus au rendez-vous avec des files d’attente plus longues, des personnels moins expérimentés et moins formés et des lieux peu accessibles pour les personnes handicapés. Tout cela a de fortes répercussions sur les personnes qui dépendent de ces services, notamment les allocataires. Officiellement, toutes ces opérations devaient rendre la poste plus performante et réduire le déficit budgétaire. Pari largement perdu…
Lire la suite »La pauvreté ou la guerre
En 2012, selon l’OIT, il aurait fallu près de 600 milliards de dollars pour éliminer la pauvreté. L’OIT chiffre le montant minimal supplémentaire à allouer à la protection sociale dans le monde à près de 400 milliards de dollars. Éradiquer la pauvreté coûterait 0,5 % du PIB mondial et 1 % du PIB des pays émergents et en développement, conclut l’OIT. À titre de comparaison, les dépenses mondiales d’armement ont été estimées à 1 676 milliards de dollars en 2015, soit 2,3 % du PIB mondial.
Lire la suite »« NE PAS MAQUILLER LE CADAVRE ! »
« Ne pas maquiller le cadavre », c’était le leitmotiv d’une intervenante RH lors d’une conférence du Lab Postal 2017, qui avait pour thème les ressources humaines et l’intelligence artificielle… La promesse de cet événement était relativement (pas) claire : « Et si, en 2017, les grands groupes comme le groupe La Poste décidaient de travailler des business et des modèles qu’ils n’avaient pas encore appréhendés, de dresser des verticales inexploitées, d’explorer l’intégralité́ des chaînes de valeurs… Si les grands groupes prenaient la décision d’entrer pleinement en “disruption“, à quoi ressemblerait le paysage industriel Français en 2020 ? » Start-up, musique d’ambiance, conférences, stands innovants et participatifs, lunettes 3D, on aurait pu se croire au CES de Las Vegas ! Le Lab Postal 2017 était une belle opération de communication. Ironie du sort, cet événement se déroulait justement dans le premier Village La Poste1. Encore une réorganisation des services support et sièges, qui se décline aujourd’hui dans d’autres villes (Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Strasbourg et Paris). Programme officiel de ces villages : « renforcer le collaboratif et la transversalité », « promouvoir la coopération et les synergies » et « les espaces de travail collaboratifs »… Là encore un langage détourné qui cache bien d’autres réalités : open-space avec toutes les nuisances qui en découlent, optimisation, mutualisation voire suppressions de postes ? Cette communication « tendance » peine à masquer une rationalisation avec toutes les conséquences néfastes pour les postiers. La Poste ne serait elle pas en train de « maquiller le cadavre » ? 1Concept imaginé par La Poste pour désigner le regroupement de plusieurs services en vue d’une accentuation de la productivité.
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