Les aides sociales
font reculer la pauvreté d’un tiers !

Dans sa dernière publication intitulée « Minima sociaux et prestations sociales – édition 2022 », la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques, rattachée au Ministère de l’économie et des finances (DREES) indique qu’en 2019, près de 25 millions d’habitants (40 % de la population) ont un niveau de vie mensuel inférieur à 1 645 € bruts. Ces personnes sont considérés comme modestes. Au sein de cette population, plus d’un tiers, soit 9,2 millions (14,6 % de la population) sont estimés comme pauvres monétairement. Leur niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (1 102 € pour personne seule, 2 134 € pour un couple avec deux enfants).
Cette étude révèle notamment que les aides sociales (minima sociaux 1, prestations sociales non contributives) 2 versées à ces populations ont permis de faire reculer la pauvreté d’un tiers de diminuer le taux de pauvreté de 7,6 %. Sans ces versements, le taux de pauvreté en France atteindrait 22,2 % de la population ; soit 14,1 millions de personnes.
En 2019, les 9,2 millions de personnes pauvres ont perçu, en moyenne, 335 € d’aides sociales par mois. Femmes, jeunes, familles monoparentales ou nombreuses y sont surreprésentés.

LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ A ENCORE DE BEAUX JOURS DEVANT ELLE

La lecture de ce rapport sur la population pauvre indique que 20 % des personnes vivent seules et 53 % sont des femmes. La moitié a moins de 30 ans (les moins de 20 ans représentent 1 tiers de cet effectif) et 18 % de cette population sont des personnes âgées de 60 ans et plus. 11 % de la population française bénéficient de l’un ou de minima sociaux, soit 1 personne sur 10 en métropole et 3 sur 10 en Outre-Mer. La configuration familiale est un facteur qui influe sur la pauvreté. Ainsi, 44 % d’entre eux vivent dans une famille monoparentale ou dans une famille nombreuse (au moins 3 enfants). Les personnes en situation de handicap représentent 32 % (9 % chez les plus de 15 ans « y compris personnes âgées » et 22 % chez les moins de 15 ans). 3 bénéficiaires sur 5 du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) du minimum vieillesse (ASPA, ,ASV) sont pauvres en conditions de vie. C’est-à-dire qu’ils sont cinq fois plus souvent confrontés à des privations (chauffage, alimentation…) ou à des difficultés matérielles (fins de mois difficiles, retards de paiement, problème de logement…) que les autres ménages. 23 % des plus de 18 ans ont un emploi ; 9,4 % sont au chômage, 15 % sont retraités et 51 % font partis des inactifs (enfants et moins de 18 ans, personnes en situation de handicap, seniors ni en emploi ni en retraite, percevant l’allocation équivalent retraite, etc.).
En 2021, sur 2 millions de personnes allocataires du RSA, 17% ont un emploi ( à temps complet, partiel ou en CDD) sans pour autant en vivre décemment. Si 20 % des bénéficiaires du RSA sortent des minima sociaux d’une d’année à l’autre, 22 % des 35 – 64 ans y ont passé les dix dernières années. 40 % naviguent entre chômage et petits boulots.

En incluant les conjoints et enfants à charges, plus de 7,1 millions de personnes étaient couvertes par les minima sociaux et / ou éventuellement par d’autres prestations sociales (aides au logement, prestations familiales, garantie jeune, prime d’activité). Les aides sociales représentent 38 % du revenu disponible des ménages pauvres et 19 % des ménages modestes. Elles permettent aussi de baisser le taux de pauvreté : de douze points chez les jeunes et de vingt points pour les familles monoparentales avec au moins deux enfants.
Les enfants ne sont pas épargnés, en 2019, 1 enfant sur 5 vivait sous le seuil de pauvreté soit près de 3 millions.

LES CONTRAINTES POUR LES PAUVRES VONT S’INTENSIFIER

À un moment où le gouvernement veut réformer le Revenu de Solidarité Active (RSA), et conditionner son versement à l’exercice d’une activité (entre 15 et 20 heures par semaine), l’étude de la Drees vient bouleverser la vision que certains de nos dirigeants politiques, médias et autres maîtres penseurs voudraient nous imposer sur les pauvres, ceux qu’ils qualifient souvent, depuis 2017, comme étant « des paresseux et des assistés ».

Depuis le début de l’année, 19 départements expérimentent le projet de réforme « RSA contre travail ». Le gouvernement explique son projet comme une volonté d’aider les allocataires à retrouver un emploi. Ce n’est pas en stigmatisant les plus précaires que la situation de l’emploi s’améliorera. C’est oublier que la majorité de la population pauvre sont souvent des personnes peu qualifiées, alternant les périodes de travail (avec des emplois précaires) et de chômage, ou des personnes qui ont eu un accident de la vie : « licenciement économique, problème de santé, rupture conjugale… ». Avant de réformer ne faudrait-il pas déjà garantir à ceux qui travaillent un emploi pérenne, qualifiant et mieux rémunéré ?

Au lieu de s’attaquer réellement aux plus de 100 milliards que représenteraient l’évasion et la fraude fiscale des plus riches et des grandes entreprises, d’exiger des géants du web, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), de payer leurs impôts en France, notre gouvernement préfère cibler les plus précaires, les pauvres, en leur imposant encore plus de contraintes.
Combattre la pauvreté, c’est agir pour réduire les inégalités sociales et culturelles, c’est considérer la vie humaine comme une richesse bien plus importante que le capital, c’est permettre à chacun de s’émanciper dans la vie, d’avoir un travail qualifiant et un salaire lui permettant de vivre décemment, c’est combattre toute forme de souffrance.

Dans ce contexte, nous nous devons de combattre toute injustice sociale et rappeler à ceux qui nous gouvernent, le fondement de la création de notre Sécurité sociale en 1945.
« Garantir à chacun, qu’en toutes circonstances, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes ».

1 Liste des principaux minima sociaux :
Revenu de solidarité active (RSA), Revenu de Solidarité (RSO) spécifique à l’Outre-Mer, Allocation aux adultes handicapés (AAH), l’allocation spécifique de solidarité (ASS), Allocation spécifique aux personnes âgées (Aspa), Allocation Supplémentaire Vieillesse (ASV), Allocation Supplémentaire d’Invalidité (ASI), Allocation Veuvage (AV), Allocation Équivalent Retraite (AE) remplacée par l’Allocation Transitoire de Solidarité (ATS)…

2 Les minima sociaux et les aides sociales (aides au logement, prestations familiales, garantie jeune, prime d’activité) sont des prestations non contributives, c’est-à-dire qu’elles sont versées sans contrepartie de cotisations préalable. Elles ont pour objectif d’assurer un revenu minimal à une personne (ou à sa famille) ayant des ressources modestes et / ou en situation de précarité. Elles reposent sur le principe de la solidarité, de la répartition et sont versées sous conditions de ressources.