DES CONDITIONS DE TRAVAIL

La Poste
POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE, RESPONSABLE DES CONDITIONS DE TRAVAIL !

Prise en compte renforcée de la pénibilité, application des accords handicap et égalité professionnelle, moyens humains et financiers suffisants fléchés vers la santé/sécurité, assurance d’avoir un environnement de travail sain et sécurisé, véritable droit à la déconnexion, autant d’exigences martelées par notre organisation syndicale depuis de nombreuses années.
Pour FO Com, la stratégie de La Poste n’est pas la bonne. Elle doit commencer par la mise en place d’une vraie prévention primaire en amont de toute réorganisation afin de faire cesser les surcharges de travail, la précarité des emplois et la baisse de qualité de service. Le temps n’est plus aux tergiversations devant l’urgence à combattre tout ce qui abîme le corps comme la tête des travailleurs.
S’il n’y a vraiment de richesses que de femmes et d’hommes dans l’entreprise, alors, que l’entreprise les protège, sans conditions ni restrictions. Cela relève ni plus ni moins de sa responsabilité sociale… et même de sa responsabilité légale.

Rappelons que, aux termes de la loi, « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent des actions de prévention des risques professionnels, des actions d’information et de formation, la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés » et il doit veiller à « l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes ».

Les mauvais comptes de l’emploi et leurs conséquences sur les conditions de travail

L’emploi en nombre suffisant d’une part, et la qualité de l’emploi d’autre part, sont les premiers éléments indispensables aux bonnes conditions de travail et à l’organisation des activités. Aujourd’hui à La Poste, l’organisation du travail « tourne » malheureusement avec un taux important de Force de Travail Variable (intérimaires et CDD).
Le retour à un emploi pérenne CDI à 35h est indispensable pour assurer toutes les activités avec la qualité de service exigée tout en répondant aux attentes des clients; une FTV avec des ressources internes est nécessaire pour poser les congés avec le choix respecté, assurer les formations obligatoires, tout comme celles liées à l’évolution professionnelle.
La dégradation de la qualité de service est une résultante d’un nombre important de vacances d’emploi non comblées ou comblées par des contrats de travail précaires. Les plis et autres objets, paquets, journaux s’entassent dans les établissements, la charge de travail devient trop importante, la pression managériale devient plus forte et les tensions entre collègues s’accentuent… et à la fin c’est le corps qui trinque.
La sous-traitance, très élevée à La Poste, ne doit être qu’un recours limité et non pas une variable d’ajustement permettant de réduire les coûts au sein de l’entreprise. Si La Poste continue ainsi, les savoirs, les compétences et la culture d’entreprise vont poursuivre leur déclin, amenant avec eux la détérioration de la qualité de service et faisant ainsi davantage de place au travail précaire.
Il doit y avoir un postier sur chaque position de travail, La Poste doit en finir avec sa politique de « chaises vides » et de réduction des effectifs « à gogo ».

Réorganisations et productivité

Les réorganisations à outrance (surtout quand elles sont définies au doigt mouillé) avec une productivité systématique, génèrent bien des maux, affectant les conditions de travail de chacun.
Les agents nous partagent leurs incompréhensions et dénoncent la perte de sens de ces projets. Certes, nous assistons à une diminution structurelle du Courrier mais elle est largement compensée par l’explosion des volumes colis et par le développement des nouveaux services.
Faire et défaire des tournées de facteur ne permet plus de répondre à la qualité de service. Diminuer le nombre de « guichetiers » ne fait qu’augmenter le temps d’attente des clients et réduit le temps pour le conseil.

Alors FO dit STOP aux réorganisations à tout va, STOP à une vision court-termiste et budgétaire. FO ne cesse de dénoncer cette politique de boutiquier déconnectée de la vision sociale et stratégique d’un Groupe qui se réclame entreprise à mission.

absenteisme

Digitalisation des métiers

Télétravail, nomadisme, open-space, coworking…
De nouvelles formes de travail émergent et requièrent des dispositifs de prévention appropriés. Nouveaux métiers, nouvelles activités, intelligence artificielle, digitalisation sont souvent décrites pour améliorer les conditions de travail.
La crise du COVID a accéléré le télétravail. La QVT, qualité de vie au travail, doit également être respectée en télétravail comme sur site.
De nouvelles formes de risques apparaissent : l’isolement, le non-respect du droit à la déconnexion, la suractivité, certains troubles musculo-squelettiques… En bref, même si de nouvelles formes de travail se développent, comme le télétravail ou le travail à distance, les règles en matière de santé et sécurité doivent être respectées.

DROIT À LA DÉCONNEXION
Doit-on en arriver là ?

Au Portugal, la nouvelle loi sur le télétravail interdit aux employeurs de contacter les employés hors de leurs heures de travail. Cette règle introduite par la réforme du travail a été approuvée par le parlement. En cas de non respect, l’infraction qualifiée de grave pourra aboutir à une amende de 9 600 euros.
À La Poste, la réglementation est moins stricte.
Le droit à la déconnexion est rappelé dans les accords comme « simple encouragement » en se couvrant derrière une signature électronique « Si vous recevez ce mail en dehors de vos heures de travail ou pendant vos congés, vous n’avez pas à y répondre immédiatement, sauf en cas d’urgence exceptionnelle ».

Pour FO Com, ce sujet doit être cadré dans un accord dédié avec des engagements.

La Poste accélère la transformation de ses métiers et à plusieurs reprises dans les projets d’accords, parle « d’investissements importants » à destination des postiers. Or, qu’est-ce qu’un investissement important et sont-ils bien fléchés vers les conditions de travail ? Il faut clarifier ces situations et donner un cadre précis et sécurisé pour l’ensemble des travailleurs.

FO Com s’oppose résolument à toute dégradation des conditions de travail qu’engendreraient ces nouvelles formes de travail. Le confinement a également montré l’importance du lien social que le travail à distance ne permet pas toujours. Nous demandons une culture managériale favorable à la connexion modérée pendant les heures de travail et favorable à la déconnexion sur le temps privé. L’évolution grandissante de ces modes de travail nécessite une vigilance particulière sur les limites des salariés à l’adaptation à l’agilité digitale. Il faut que les postiers puissent trouver des temps de respiration !

Conditions de travail rime avec bien-être au travail

Le bien-être au travail est devenu, au fil des années, l’un des enjeux majeurs des entreprises en France. De nombreuses sociétés, qu’il s’agisse de startups ou de grandes entreprises, ont enfin compris que l’amélioration de la qualité de vie de leurs salariés a véritablement un impact positif sur la performance globale des équipes et de leurs entreprises.
Bon nombre d’experts et de représentants du personnel s’accordent sur les mesures dont il faut se saisir pour améliorer la vie au travail. Cela passe par un renforcement du bien-être au travail. Améliorer les conditions de travail ne sert pas seulement à entretenir de bons rapports avec les postières et les postiers, mais amène à accroître leur concentration, leur créativité et surtout leur efficacité, tout en protégeant leur intégrité physique et morale.

Il existe un tas d’exemples pour améliorer l’organisation du travail que La Poste doit suivre :

  • développer le télétravail avec bienveillance,
  • créer des espaces de discussion et d’écoute, de jeux en communs,
  • fournir des salles de siestes, salles de repos,
  • organiser des petits déjeuner à thèmes, faire découvrir des associations.

Pour FO Com, accompagner les postières et les postiers dans la gestion du travail, respecter la vie professionnelle et la vie privée, contribuera à ce qu’ils puissent développer des projets professionnels et participatifs, s’épanouir et progresser dans leur travail de façon générale.
Ne nous racontons pas d’histoire, promouvoir la qualité de vie va aussi impacter positivement La Poste. Et oui, améliorer les conditions de travail des agents devrait accroître leur fidélisation. Un agent satisfait est un agent engagé !
Et ce n’est pas FO Com qui le dit : « une bonne culture d’entreprise est une source de cohésion et de motivation des collaborateurs, car elle regroupe les employés autour de valeurs communes, de rites ou de codes vestimentaires » c’est Glassdoor1 – source 2017.

Entrez, entrez dans l’ère du numérique et des expérimentations

L’arrivée du numérique et des nouvelles technologies dans les différents services, définies et établies par des perceptions aléatoires de nos dirigeants, s’installent dans chaque métier et FO Com appelle à la vigilance. Applications sur smartphones, espaces numériques dédiés au partage et à l’organisation du travail, assistants robotiques/électriques et ergosquelettes pour le port de charges lourdes… La Poste se sert de nombreux outils à sa disposition pour rationnaliser au maximum ses effectifs par rapport à la productivité attendue, mais oublie souvent que derrière les écrans et machines se trouvent des postières et postiers souvent démunis. Le droit fondamental à des conditions permettant d’exercer son travail de manière décente doit être concret pour chacun. Il ne s’agit pas seulement d’utiliser des outils, la mise en place de réelles études d’impacts et de suivi sur le quotidien des agents ne s’avère pas non plus être une simple option : il en va de la santé et de la sécurité des postiers. Il est primordial de mettre en place des formations adaptées à ces nouveaux outils et d’adapter les objectifs sans qu’aucune pression managériale ne soit exercée, en laissant du temps aux agents pour intégrer les nouvelles pratiques.

Pour FO Com, l’humain doit rester au cœur de l’organisation du travail car aucun outil ne peut ni ne doit remplacer les milliers d’agents qui, eux seuls, ont les connaissances et les expertises nécessaires à une bonne qualité de service. De nombreux projets sont en cours dans de nombreux métiers (applications « Compagnon de tournée » ou « POWER APPS2 », vélo cargo, Fil Contact, utilisation de plateforme collaborative…). Nous dénonçons leurs généralisations faites bien trop souvent sans l’aval des instances compétentes nationales, sans anticiper d’éventuels rapports d’experts et sans attendre les remontées de terrain des organisations syndicales.
Pour FO Com, l’évaluation des risques et les enjeux futurs pour la formation seront étroitement liés aux évolutions des métiers dans le cadre des prochains plans stratégiques, mais aussi en lien avec la conformité, le réglementaire et l’accélération du digital. De plus, il ne faudrait pas que La Poste s’habitue à la tactique « d’avoir une bonne idée par jour » car toute idée couchée sur le papier ne se traduira pas forcément de façon positive et FO Com veillera à ce que la balance bénéfices/risques penche toujours du côté des postiers.

Travailleurs atypiques

De mauvaises conditions de travail peuvent inévitablement engendrer des troubles variés et nous l’avons constaté à plusieurs reprises sur le terrain : sentiment de dévalorisation voire dépression, même le pire (burn-out), fatigue, usure, troubles musculo-squelettiques ou cardio-vasculaires, cancers, accidents, etc. Qu’en est-il pour les travailleurs dits atypiques qui connaissent des rythmes de travail différents de la majorité ?

  • Le travail en horaire décalé

Depuis deux siècles, la durée du travail s’est considérablement réduite. Dans le même temps, les horaires atypiques se sont développés. La proportion des salariés travaillant la nuit s’est accrue, le travail le week-end s’est étendu, le temps partiel s’est imposé de façon plus intensive dans certains secteurs. Les femmes sont davantage concernées par ce phénomène, elles sont aussi plus nombreuses que les hommes à travailler en deux équipes alternantes.
D’ailleurs, ce sont elles qui pendant la pandémie de COVID-19 ont le plus « trinqué » entre télétravail, enfants à la maison et devoirs (établissements scolaires fermés). Elles ont vu leurs conditions de travail se dégrader.
Le contenu du travail et les conditions du travail sont aussi importants que les heures auxquelles on l’effectue. La Poste fait encore trop rarement le lien entre les deux, par exemples : suppression de tournées et de postes d’agents, limitation des moyens, du matériel, calcul de cadences en-dessous des réalités, minimisation des temps de parcours, découpe en tranches des tâches à effectuer, etc. Pourtant, c’est le seul moyen de ne pas aggraver les contraintes pesant sur les agents et d’assurer une vraie qualité de vie au travail, donc de vraies conditions de travail.

  • Les effets du travail de nuit sur la santé des salariés

Le rapport d’expertise collective de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), publié en 2016, met en en évidence les risques sanitaires liés au travail de nuit. Il dresse un tableau clinique préoccupant :

  • Les risques de troubles du sommeil et de troubles métaboliques sont avérés.
  • Les effets sur le cancer, la santé psychique, les performances cognitives, l’obésité et la prise de poids, le diabète de type 2 et les maladies coronariennes (ischémie coronaire et infarctus du myocarde) sont probables.
  • Les effets sur les dyslipidémies, l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, sont possibles.
  • Les travaux montrent que la fréquence et la gravité des accidents survenant lors du travail posté incluant la nuit sont généralement augmentées.

Cette situation s’explique à la fois par les mécanismes physiologiques impliqués (somnolence, dette de sommeil, chronobiologie), mais aussi par des facteurs organisationnels, environnementaux (espaces de travail) et managériaux.
Concernant les horaires atypiques à La Poste, FO Com continue de revendiquer des mesures adaptées aux horaires et activités de travail en nuit. L’objectif d’associer les postiers prend tout son sens quant à la définition des horaires et cycles de travail, y compris dans leurs modalités pratiques, afin d’articuler au mieux vie au travail et vie hors travail.
La sensibilisation sur les risques sanitaires liés au travail de nuit et les mesures relevant d’une bonne hygiène de vie font partie de notre rôle, mais l’entreprise a aussi sa part de responsabilité dans la diffusion de ces informations.

Pour FO Com, nous exigeons d’aménager le système horaire pour qu’il interfère le moins possible avec la vie familiale et sociale des salariés. Car, même si cela peut paraître anecdotique pour certains, des postiers et postières qui viennent en transport en commun doivent avoir des horaires de début et de fin de vacation compatibles avec ces horaires de transport. Le recours au travail de nuit doit être réduit dans la mesure du possible, être affecté aux postiers en priorité sur la base du volontariat et avec la possibilité de retour en horaires classiques.

Pour réduire les effets nocifs du travail de nuit sur la santé, il s’avère déterminant de planifier en début de nuit les tâches demandant une forte attention et d’organiser des temps de pause pour permettre une micro sieste nocturne. De plus, il faut une exposition à une lumière d’intensité assez importante avant et/ou en début de prise de poste, puis la limiter en fin de vacation.

Travail de nuit, un risque accru pour les femmes

Une étude conduite par une équipe de l’INSERM, dont les résultats sont publiés dans la revue médicale European Journal of Epidemiology d’avril 2018, Night shift work and breast cancer : a pooled analysis of populationbased case - control studies with complete work history, apporte de nouvelles informations sur l’association entre le travail de nuit et le risque de cancer du sein.
FO Com ne cesse de le répéter, l’évaluation des risques professionnels (EvRP) est obligatoire et au-delà de l’obligation, rappelons que le document unique sert de base pour identifier des mesures de prévention adaptées. Réunies dans un plan de prévention, elles doivent respecter les neuf principes généraux de prévention. Dans toute démarche de prévention des risques, il est nécessaire de procéder à une évaluation spécifique aux postes concernés par le travail de nuit (décret n° 2001-1016 du 5 novembre 2001, articles L. 4121-2 et L. 4121-3 du Code du travail).

DE LA QVT À LA QVCT

Pour FO Com, il est nécessaire d’observer les conditions de travail dans toutes leurs dimensions et quelles que soient les fonctions, en interrogeant les postières et les postiers eux-mêmes car ils sont inévitablement les meilleurs connaisseurs. Les grandes enquêtes nationales permettent de documenter l’évolution du travail depuis des années et contribuent, aussi, à l’élaboration des outils de prévention primaire nécessaires à l’amélioration des conditions de travail.
Hélas, nous constatons dans nos branches, directions, services, que ce n’est pas encore le cas.
Le travail avec les experts dans les instances dédiées est indispensable pour travailler le plus en amont possible (prévention primaire) et gommer tous les risques à travers de réels plans d’actions adaptés. Présents dans l’ensemble de ces instances au national comme au plus près du terrain, nous travaillons de concert avec notre référent national SST pour vous assurer la santé et la sécurité que vous êtes en droit d’attendre de votre entreprise.

De la QVT (Qualité de Vie au Travail) à la QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail), le sujet de la santé au travail est renforcé ! Le champ de la QVT s’est élargi, à nous de l’investir pleinement.
L’ANI (Accord National Interprofessionnel) du 9 décembre 2020 et la loi du 2 août 2021 apportent un certain nombre d’évolutions. À travers ces textes, le principe de prévention primaire est renforcé tout comme les services de santé au travail qui se nomment désormais « service de prévention et de santé au travail ».
La QVCT va se concentrer sur les sujets centraux d’une organisation tels « les pratiques managériales », « le maintien dans l’emploi », « les trajectoires professionnelles », « la conduite des transformations ». Ainsi la QVCT devient un pilier stratégique. À nous de faire respecter ce texte pour améliorer de manière significative les conditions de travail des postiers.

FO Com n’hésitera pas à saisir tous les leviers possibles, y compris juridique, pour faire respecter l’ensemble des engagements pris.

Pour FO Com, la prévention primaire, la santé, la sécurité et les conditions de travail sont notre priorité !