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Séminaire FO des filiales du Groupe La Poste

ml-egron3 questions à… Marie-Line est la responsable FO COM des filiales du Groupe La Poste1 depuis décembre 2015. Fonctionnaire à la DSRH et très proche des salariés, elle a suivi une formation RH du privé et a travaillé dans une société du bâtiment.

Peux-tu nous faire un panoroma des filiales du Groupe La Poste et des actions de FOCom ?

Il y a 350 filiales qui appartiennent au Groupe La Poste, dont environ 80 en France. Cela représente 25000 personnes en France et à peu près autant à l’étranger. Concernant les métiers des filiales, il y a tout d’abord ceux, historiques, comme le transport et la logistique (Chronopost), La Banque Postale (en 2006).
Puis viennent les nouveaux métiers : les services à la personne (AXEO), la santé (Asten, Diadom), le numérique (Docapost), la publicité (Médiapost Communication) et l’Intelligence Artificielle (Probayes). Mon rôle est de soutenir les syndicats d’entreprise concernant ces filiales. De créer des synergies avec le Groupe La Poste car les postiers des filiales siègent au CDSG (Comité de Dialogue Social et Stratégique du Groupe La Poste) depuis l’année dernière et le DRH Groupe est ègalment celui de la maison mère et des filiales.
D’ailleurs, à ce titre, Laurent Duciel (NEOLOG), titulaire au CDSG, a suivi avec succès le parcours en culture économique et relation sociales à Science Po.
De plus, nous négocions les accords au niveau des comités de Groupe (Geopost, Docapost, Viapost), de la commission santé et prévoyance (Viapost) et de l’accord mondial (GeoPost). Cette interview nous donne l’occasion de rendre hommage au travail formidable que réalisent tous les jours les Délégués Syndicaux, Responsables Syndicaux et Délégués
Syndicaux Centraux des syndicats d’entreprises des filiales du Groupe La Poste.
Encore bravo à vous toutes et tous qui oeuvrez pas à pas dans l’intérêt moral et financier des salariés.
Et, pour finir, l’équipe FOCom des filiales négocie tous les PAP (Protocole d’Accord Préélectoral) pour le CSE. Soit nous ne sommes pas implantés et nous recherchons la personne la mieux placée pour aller négocier le protocole, trouver un ou des candidats puis faire campagne, soit nous sommes déjà implantés et le Délégué Syndical Central et les Délégués Syndicaux s’occupent de la démarche en synergie avec la Fédération et le soutien du secteur juridique.

Comment s’est déroulé le séminaire FOCom des filiales dur GRP La Poste ?

Ce séminaire des filiales du Groupe La Poste était organisé pour la 3e fois. Il a rassemblé plus de 50 personnes à Paris dans les locaux de notre Fédération. De tous horizons, de Lille à Nice, Montpellier et Poitiers entre autres, ainsi que toute la région parisienne, les postiers des filiales ont eu à coeur de partager leurs expériences et de prendre connaissance des nouvelles lois sur le CSE. Pendant trois jours, de nombreux intervenants sont venus partager leurs connaissances, ou présenter leurs activités et leurs entreprises. Le séminaire a été ouvert par notre Secrétaire Général, intéressé de voir autant de postiers des filiales si impliqués. Le premier intervenant extérieur,
Directeur Culture et Bienveillance à GeoPost est intervenu le premier jour lors d’une conférence-débat sur la bienveillance en entreprise qui a passionné les participants des filiales et les personnes issues d’autres métiers
présentes ce jour-là.
Le deuxième jour s’est ouvert avec l’intervention de Martine Buty et Jean-François Lacout concernant la Branche Services-Colis-Courrier et toutes les synergies avec les filiales (chrono-facteur, HLU avec Chronopost et DPD, mutualisation de locaux avec Viapost et Mediapost…).
Les postiers des filiales ont marqué un grand intérêt à cette réalité et le dialogue a été très riche.
Ensuite, une déléguée de la Mutuelle Générale est venue présenter les organismes complémentaires à l’assurance maladie ainsi qu’à l’actualité de la protection sociale. Là encore, le jeu des questions et des réponses a rendu cette présentation très interactive pour les participants. Puis, l’AVEA, est venu présenter ses offres en matière de
colonie de vacances et de locations. Ce partenariat et cette intervention ont vu le jour grâce Norbert Demé, trésorier de l’AVEA. L’après-midi, Robert Cabeza, responsable du secteur juridique FOCom, a présenté le fonctionnement du secteur.
En effet, la Fédération a un cabinet conseil où le conseil en droit social via le secteur juridique est gratuit. Ensuite, Me Riera, avocat au barreau de Paris, a présenté les évolutions des Instances Représentatives du Personnel en abordant avec précision et méthode le Comité Social Économique (CSE).
Enfin, la dernière journée s’est clôturée par l’intervention du secteur juridique avec Florent, juriste et formateur FOCom, au sujet du CSE et de la commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail. Pierre Fillaud, responsable du secteur des retraités est intervenu pour nous expliquer les raisons pour lesquelles les retraités se mobilisaient.

Pourquoi avoir fait un zoom sur la bienveillance en entreprise ?

Une « démarche de bienveillance » a été lancée par le P.-D.G. de GeoPost et cela a suscité notre curiosité.
Pour rappel, nous sommes la première délégation syndicale au Comité de Groupe France GeoPost et nous en assurons le secrétariat. Depuis quelque temps, FOCom a su y impulser et rénover le dialogue social. Dans cette optique, je tiens à remercier toute la délégation FOCom du Comité. D’abord le secrétaire, Éric Chaix de Chronopost, le Délégué Syndical Walter Stéfanello de DPD et les titulaires, Sophie Carmen et Éric Marchand de DPD ainsi que Sylvain Graff de Chronopost.
Notre unité fait notre force et nous sommes reconnus et écoutés. La bienveillance, nous nous en sommes déjà saisis !
À nous, maintenant, de la faire démultiplier par la Direction vers les managers de toutes les sociétés et de la faire décliner sur les sites de production. Ce qui, mine de rien, a été réclamé par des participants du séminaire à l’intervenant de Geopost.
Affaire à suivre…

1 Chronopost, DPD, Seres, Docapost, BPO Is, Nouvelle Attitude, Médiapost, Néolog, Viapost…

Continuité entre l’État et La Poste…

En début d’année, Philippe Wahl, président de La Poste, et Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des finances, ont signé le contrat d’entreprise qui liera La Poste et l’État pour la période 2018-2022. Il fait suite au contrat 2013-2017, signé en juillet 2013. Ce contrat d’entreprise doit permettre de soutenir les quatre missions de service public que sont la garantie d’un service postal de qualité, le maintien d’un réseau de 17 000 points de contact sur le territoire, le déploiement d’une offre bancaire destinée à une clientèle précaire et la diffusion d’une presse écrite indépendante et de qualité en France.
Renforcer le suivi de la satisfaction des usagers et généraliser l’option de suivi de courrier, y compris à l’international pour les entreprises, sont les deux principales innovations en matière d’obligation d’un service universel postal. Dès le 1er mars 2018, La Poste intégrera dans le catalogue du Service Universel l’option de suivi sur l’offre Paquet international entreprise. Concernant la distribution de la presse, La Poste continuera l’assurer via des tarifs postaux privilégiés accordés aux éditeurs de presse.
Enfin, pour le volet bancaire, La Poste recevra une compensation au titre de sa mission d’intérêt général d’accessibilité bancaire. Pour 2018, celle-ci est fixée à 320 millions d’euros, pour 2019 à 300 millions d’euros, puis en 2020 à hauteur de 280 millions d’euros. Pour les années suivantes, les montants seront fixés dans le cadre de la renégociation de la convention conclue entre l’État et La Banque Postale. Un point d’étape entre La Poste et l’État aura lieu en 2020 afin de faire un premier bilan et de décider des futures orientations du contrat.
Pour FO, cela n’est pas suffisant ! L’État doit encore plus compenser les missions de service public exercées par la Poste. FO reste attachée à un Service public de qualité et sera particulièrement vigilante à la présence postale sur le tout le territoire

Projet d’accord sur l’accompagnement des bureaux à priorité sociétale

Aujourd’hui, 1 700 bureaux de poste sont considérés comme « sensibles ». Ce sont des bureaux dits Banque Sociale, des bureaux situés en Quartier Prioritaire de la Ville ainsi que des bureaux ex-Zone Urbaine Sensible. La Poste a décidé la mise en place d’un projet national sur ces bureaux dits « à priorité sociétale », projet d’accompagnement notamment en termes de sécurité et de reconnaissance. Et là, nous ne pouvons qu’être favorables à un tel projet ! Les postiers de ces bureaux n’effectuent pas tout à fait le même travail, il est normal qu’une valorisation et une reconnaissance particulière soient données.
Des phases d’écoute ont été initiées réunissant le management, les chargés de clientèle, les conseillers bancaires mais aussi les organisations syndicales, des associations et des clients afin d’établir concrètement la situation et formaliser un éventuel accord.
Cinq axes sont priorisés : la protection des postiers, leur reconnaissance et leur valorisation, l’organisation de l’espace de travail, le parcours client et l’atteinte d’un développement commercial responsable et durable.
La prise en compte des incivilités dans les bureaux de Poste étant une priorité quel que soit le bureau, pour FO, il n’est donc pas question de traiter les incivilités dans cette discussion.
Depuis le mois de septembre 2017, début des premières négociations, où en sommes-nous ?
Nous ne pouvons pas dire que le chantier avance à grands pas et même si nous obtenons petit à petit des mesures concrètes comme, par exemple, un abondement de jours dans le CET ou encore un avancement de carrière plus rapide pour les collègues qui sont ou intégreraient ces bureaux, bien d’autres mesures manquent à l’appel.
L’EMPLOI reste un incontournable. Il faut d’avantage de chargés de clientèle, plus de moyens internes de remplacement, la mise en place de vigiles, plus d’encadrants, une organisation du temps de travail adaptée… Et il nous paraît indispensable de verser une prime d’installation pour les postiers dans ces bureaux particuliers et une prime de « fonctionnement » pour la reconnaissance du travail spécifique dans ces zones.
La Poste doit mettre les moyens et investir en conséquence. La balle est dans son camp !

La distribution du crédit immobilier : « Maison de l’habitat »

Alors que nous étions reconnus pour la qualité de notre conseil en matière de crédit immobilier avec des experts (Conseillers Spécialisés en Immobilier) au plus près des besoins (les clients), La Poste a décidé maintenant de le faire distribuer par un plus grand nombre d’acteurs. Par cet artifice, elle pense sans doute faire croître sa part de marché…
Elle décide également de réduire le nombre de spécialistes (750 à 350 à fin 2018) et de les regrouper dans de nouvelles entités appelées «Maison de l’habitat ». Ces maisons seront situées dans les villes à potentiel (entendez grandes villes !). Elles regrouperont une douzaine de spécialistes rebaptisés pour l’occasion CECI : Conseiller Expert en Crédit Immobilier. Mais alors, les clients qui ne se trouvent pas à proximité de ces grandes villes, comment font ils ? Plusieurs options…
La première solution est simple : les clients exposent leur projet à leur conseiller qui va essayer de faire de son mieux avec le petit bout de formation dont il a bénéficié et l’appui des experts par téléphone pour faire une offre correcte à son client. Cela prend du temps car le conseiller généraliste n’est pas rodé à cet exercice. Cela peut demander plusieurs heures de travail acharné.
La seconde solution consiste, pour les adeptes du « à distance », à raconter leur projet aux experts au téléphone. Cela risque de devenir très impersonnel ! Fini, les photos exhibées pour matérialiser leurs rêves ou la petite anecdote sur la recherche du bien tant convoité. On va à l’essentiel : revenus, charges, description de l’acquisition et, zou ! Proposition ! Et nos experts restés sur le bord du projet, parce que trop loin de la maison de l’habitat, que deviennent-ils ? La Poste avait une très belle histoire à leur raconter… Mais pour certains cela tourne au cauchemar ! Mis sous pression par La Poste pour se trouver une nouvelle place, ils sont désabusés, déçus par cette entreprise à qui ils ont tant donné et qui fait fi de leurs qualités professionnelles, en les sacrifiant sur l’autel d’un projet prétendument innovant.
FOCom se bat pour que l’accompagnement social de ces personnels soit à la hauteur de leur engagement pour l’entreprise durant toutes ces années.

Mais jusqu’où ira l’automatisation de La Poste ?

Dans de nombreux médias, les « éléments de langage » des communicants de La Poste sont clairs… en apparence. Ainsi, le PDG du groupe le prétend lui-même ! La Poste est la première entreprise de «proximité humaine »…
Cette communication cache, hélas, une triste réalité : l’automatisation au maximum et ses dérives. Il y a encore quelques années, c’était le guichetier qui vendait les timbres, qui remplissait les remises de chèques des usagers.
Désormais, c’est aux clients d’imprimer leur timbre, de faire toutes les démarches pour remettre un chèque…
Même les ressources humaines et leur partie la plus noble, c’est-à-dire le recrutement, s’automatisent. Un chatbot1 (ou, plus pudiquement, un agent conversationnel) remplace les recruteurs humains. C’est un robot logiciel pouvant dialoguer avec un individu par le biais d’un service de conversations automatisées. Le plus souvent, ce système utilise les dernières technologies d’intelligence artificielle. Les chatbots comprendraient ainsi la sémantique, la syntaxe et la grammaire des requêtes utilisateurs. Mais ce n’est pas encore le cas pour celui du site de recrutement du Groupe La Poste !
Ce coup de pub très tendance apporte à coup sûr une image innovante pour La Poste, mais les apparences sont trompeuses… Pour La Poste, ce chatbot serait avant tout un outil moderne, pratique, interactif, presque ludique, à disposition des candidats pour converser avec les équipes recrutement.
L’outil permettrait d’offrir un service personnalisé à chaque utilisateur : il répond aux questions des candidats tous les jours et à toute heure, et peut les orienter dans leur recherche d’emploi, de stage ou d’alternance! Certes, il permet de répondre à des questions simples. Certes, émojis, réponses instantanées et langage « cool » foisonnent. Mais dès qu’un candidat fait preuve de la moindre originalité, le robot désarmé ne suit plus et, très vite, est dérouté… Pour exemple: le mot «postier » lui semble étranger…
FO reste méfiante par rapport à ce genre de projet déroutant. La Poste est une entreprise de main d’oeuvre. L’humain est l’organe vital de l’entreprise et ce, dans tous ses métiers. Alors, même s’il est tendance de parler de marque employeur, c’est le marketing qui doit rester humain et non l’inverse. Surtout si l’on croit les promesses des dirigeants de l’entreprise : la proximité humaine. Il est grand temps que cette proximité humaine devienne une réalité tangible et non pas un voeu pieux, voire une triste alliance de mots qui cacherait souffrance, recrudescence des risques psychosociaux et mal-être au sein de toutes les entités du groupe.

1 Chatbot : de chat (discussion en ligne) et bot (robot). C’est un logiciel programmé pour simuler une conversation en langage naturel. Il est accessible grâce à Messenger de Facebook.