Dossier

ÉLECTIONS CAP CCP 2022 – Des enjeux majeurs…

Du 5 au 8 décembre prochain, fonctionnaires et salariés de La Poste et d’Orange sont appelés à voter pour leurs représentants aux Commissions Administratives Paritaires (CAP pour les fonctionnaires) et aux Commissions Consultatives Paritaires (CCP pour les salariés). À la suite des décrets relatifs à l’évolution du fonctionnement des CAP et CCP, leurs champs d’actions se trouvent réduits quand, dans le même temps, les textes réglementaires organisent leur éloignement du terrain. Les modifications imposées concernent leurs attributions, leur composition ou encore leur fonctionnement.
Par exemple, pour les fonctionnaires, les listes de candidatures ne sont plus établies par grade et corps, mais par classe.
À noter que la validation des promotions échappe, désormais, à leur examen.
Autre changement de taille : l’élargissement, à La Poste, de leur périmètre de compétence géographique qui éloigne l’agent de ses représentants et défenseurs… Une manière de rendre moins combatifs des personnels déjà malmenés !
Cela dit, et quels que soient les bâtons patronaux dans les roues syndicales, FO Com entend bien être partout où il convient d’être.
La défense des postiers et télécommunicants, premier enjeu pour FO Com.

Nos représentants en CAP et CCP assurent et assureront la défense du personnel. Chacun, à un moment de son parcours professionnel, peut y avoir recours. Ceci est d’autant plus vrai que les sujets traités sont divers et nombreux : appréciation, démarches liées au contrat de travail, reclassement, mais aussi domaine de la santé ou encore discipline. La question de la discipline est d’ailleurs un sujet prégnant, conflictuel au recours de plus en plus fréquent. Réputés pour leur connaissance des dossiers, leur travail en amont des réunions, leur expérience et leur expertise, les élus FO Com sont des militants sur qui tous les salariés et fonctionnaires peuvent compter. Alors que nous sommes maintenant en pleine campagne électorale, à nous donc, militants, adhérents mais aussi sympathisants, de mobiliser tous les postiers et telécommunicants pour faire gagner FO Com et donner à chacun toutes les chances d’avoir la meilleure défense.

Les élections CAP/CCP sont aussi un enjeu de représentativité.

Au-delà de la meilleure défense que nous allons offrir, c’est également notre force et notre présence que nous allons renforcer. Aussi, c’est le message et l’image de notre organisation que nous renvoyons aux différentes Directions. Chaque élection reste une opportunité de nous placer en meilleure position face aux employeurs. Et la permanence de notre combat syndical, même si elle est rendue plus difficile, nous permet d’affirmer notre présence et d’assurer et d’amplifier notre développement.

Les élections CAP/CCP sont un marqueur de représentativité et une possibilité de représentation qu’il convient de ne pas minimiser. En effet, les élus FO Com sont bien les représentants des postiers et des télécommunicants de la classe dont ils sont issus. Ils siègent parce que les électeurs, fonctionnaires ou salariés, en ont décidé ainsi. Ce choix est aussi respectable que le choix fait lors des élections CSE (Orange) ou CT (La Poste) dont les résultats déterminent notre place sur l’échiquier syndical. Rappelons , au sujet de ces scrutins, que Force Ouvrière combat toujours la loi de 2008 issue de la position commune MEDEF, CGPME, CGT, CFDT qui instaure une représentativité à 10 % minimum.

Le résultat des CAP : un enjeu de démocratie sociale…

Du 5 au 8 décembre prochain, c’est 5,6 millions de fonctionnaires issus des trois versants de la Fonction publique, État, territoriale et hospitalière qui vont voter faisant de ces élections un évènement fondamental pour leur avenir et par conséquent pour celui de la Fonction publique. C’est donc un enjeu majeur de démocratie sociale pour la République. Le résultat permettra d’établir la représentativité de chaque organisation syndicale à tous les niveaux du dialogue social et ce sont plus de 20 000 instances (CCP, CAP, CSA) qui seront installées à l’issue de ce scrutin.
En ce qui concerne les fonctionnaires d’Orange et de La Poste, leurs votes seront comptabilisés pour définir cette fameuse représentativité syndicale au niveau de la fonction publique d’État et au niveau de la fonction publique dans son entier ! Or, comment ne pas prendre conscience de notre responsabilité quand on sait que nous sommes première organisation syndicale ?

…et un combat contre le corporatisme syndical !

22 262 fonctionnaires d’Orange et 56 568 fonctionnaires de La Poste vont donc contribuer au maintien de cette première place. Sur un total de 2,5 millions de fonctionnaires appelés à voter, on pourrait se dire que notre contribution n’est que relative. Or, c’est bien l’inverse qu’il faut avoir en tête puisque notre première place se joue à quelque voix près. Avec un pourcentage de 17,1 %, Force Ouvrière est talonnée par la FSU (qui ne représente que l’Education Nationale) avec 16,3 %, l’UNSA arrivant en troisième position avec 15,5 %. Tout se joue donc dans un mouchoir de poche et chaque voix compte !

Alors, du 5 au 8 décembre prochain, ensemble, votons TOUS et faisons voter en expliquant les enjeux majeurs de cette échéance électorale :
défense de tous – salariés de droit privé, contractuels de droit public, fonctionnaires – force Fédérale et représentativité Confédérale dans la Fonction publique d’État !
Les élections professionnelles toujours un temps fort
de mobilisation à FO Com !

Le travail commence très en amont, avec la recherche des candidats puis par la rédaction des différents écrits, matériel indispensable pour tous les militants : profession de foi, tracts…
Plans stratégiques, modifications d’organisations à La Poste entraînent des évolutions importantes et l’exigence patronale s’accentue envers tous les personnels. Dans ce contexte, trop souvent la répression l’emporte sur la prévention. Comment s’étonner, dès lors, de la multiplication des recours devant les commissions CAP et CCP ? Les sujets traités dans ces commissions restent nombreux même si celui des promotions en sera désormais exclu : appréciation, travail à temps partiel, reclassement, santé… sans oublier la discipline dont les cas sont de plus en plus fréquents. Ce serait donc une erreur de penser que « ça n’arrive qu’aux autres ! ». Et c’est parce que tout le monde est concerné que chacun doit pouvoir y être représenté. Le montage des listes est un exercice difficile, avec de nombreux critères à prendre en compte : grade, classe, métiers, périmètre géographique…

Qu’en pense Christiane Chapard, militante engagée et passionnée ?

Depuis 1991, Christiane Chapard, alias « Chacha », œuvre à la recherche de candidats : hier en tant que spécialiste RH au service de la structure fédérale, aujourd’hui en qualité de retraitée en soutien au Secteur Poste.

Cela fait plus de 30 ans que tu t’occupes des élections. Est-ce un choix ou une demande fédérale ?

Comme je traitais des questions RH au sein du Secteur Poste, c’était comme une évidence de s’occuper des élections. Ce n’était pas pour me déplaire. Au fil du temps, et à l’époque les changements étant moins fréquents, j’avais toujours les mêmes interlocuteurs postaux, j’ai pu nouer des contacts qui ont été d’une aide précieuse. À la retraite, je continue à apporter mon aide et mon expérience en plus de la CNPC et des activités directement liées aux retraités.

Que penses-tu des évolutions des CAP/CCP ?

Bien évidemment, je suis consciente des changements, je m’en aperçois au fil de mes lectures et de mes échanges avec les camarades. Mais les élections CAP/CCP sont toujours d‘actualité. Et si, par exemple, on ne parle plus de tableau d’avancement de grade, l’importance de ces instances demeure, notamment au regard de la discipline. Aussi, il faut avoir conscience de leur rôle essentiel dans la vie professionnelle des postiers. Et nos camarades doivent, à chaque fois, l’expliquer auprès de nos adhérents. Les militants, en appui avec les juristes, défendent nos collègues, suivent le dossier et l’élu pèse dans la décision finale après une analyse approfondie en amont. Chacun a son rôle et le travail collectif est indispensable. Quelle satisfaction de constater, au fil de mon engagement les nombreux dossiers pour lesquels nous avons pu éviter la révocation ou le licenciement. Les élus arrivent également à alléger la sanction.
Je pense qu’il faut que chacun d’entre nous rappelle tout cela à nos collègues. Et si les exigences de La Poste rendent l’exercice des métiers et des missions plus complexe, cela renforce d’autant l’indispensable rôle de ces commissions.
Je dois dire que j’ai une admiration particulière pour les nombreux militants qui s’engagent dans la défense de leurs collègues.
Il est dommage que les promotions ne soient plus traitées dans ces instances car c’était un bon outil de développement. Dès les CAP tenues dans ce domaine, et dès l’information en notre possession, nous contactions les intéressés, ce qui était, envers les non adhérents, un bon moyen de nouer le contact. Nous avons fait beaucoup d’adhésions, preuve de la qualité du travail accompli. Ceci dit, aujourd’hui, je pense que cela reste toujours un moyen de développement avec la synergie « militant-défenseur-élu ».

Cela fera 50 ans, le 2 novembre prochain, que tu milites à la Fédération. Quel regard portes-tu sur le militantisme aujourd’hui ?

Je vois bien que c’est plus compliqué. D’une part, les règles RH ne sont pas forcément appliquées telles qu’elles devraient l’être. D’autre part, les personnels changent dans la mesure où, avec la pression et la peur, ils sont moins enclins à se défendre voire à se mobiliser. Je le vois d’une manière générale, au-delà des CAP/CCP, quand je discute avec les camarades de la structure. Mais, ce n’est qu’une période qui passera et puis… nous sommes des militants !

L’époque change, le militantisme demeure… le plaisir aussi ?

Oui, bien sûr. C’est toujours un lourd travail de trouver des candidats et de préparer des élections. Cela demande beaucoup de temps et il en manque toujours ! Donc je vois ma contribution comme un soutien aux militants actifs qui assurent, par ailleurs, tout le reste. Et puis, cela m’amène à contacter les secrétaires de syndicats ou leurs équipes. Ça me permet d’avoir des nouvelles, de discuter, de faire connaissance avec les plus jeunes… la camaraderie quoi…

La fonction publique, pilier essentiel de la République…

Trouvant ses origines dès l’Ancien Régime avec les personnes au service de la monarchie, son concept progresse au cours de l’histoire lors, notamment sous la Révolution, de l’abolition des privilèges. Au cours du XIXème siècle, apparaît la mise en place des corps, divisés en grades ou classes. Parallèlement, les agents sont recrutés par concours ou sur titres et relèvent d’obligations strictes en matière de résidence, de devoir de réserve, de ponctualité… Alors que, au début du XXème siècle, quelques lois amorcent un statut des fonctionnaires, l’état de siège, en août 1914, vient balayer ces timides tentatives.
Par la suite, et dès sa prise de pouvoir, le régime de Vichy promulgue la loi du 17 juillet 1940 rendant très restrictif l’accès aux emplois publics ; il édicte également, en 1941, dans une perspective corporatiste, un premier statut général des fonctionnaires (déclaré nul à la libération).
Il interdit en particulier les organisations syndicales. Il faut attendre le Gouvernement provisoire de la République Française pour voir l’élaboration (avec la participation en nombre de syndicalistes résistants) d’un statut général de la fonction publique, statut adopté par l’Assemblée nationale constituante et qui devient ainsi la loi du 19 octobre 1946. Elle est elle-même remplacée par l’ordonnance du 4 février 1959, suite à l’entrée en vigueur de la constitution de 1958.
De leur côté, les agents des collectivités territoriales et des hôpitaux publics sont soumis à des statuts différents.
Le Président François Mitterrand et son ministre de la fonction publique Anicet Le Pors, établissent entre 1983 et 1986 un nouveau « statut général de la fonction publique » qui concerne cette fois l’ensemble des fonctionnaires des trois fonctions publiques.
Ses grands fondements se résument au respect, par le service public, de trois principes fondamentaux : la continuité du service public, son adaptation en fonction des besoins des citoyens et de l’évolution technologique, l’égalité des usagers placés dans une situation identique et son corollaire, la neutralité des agents publics.
Quand nous allons à l’hôpital, le personnel ne s’occupe pas de notre origine socioprofessionnelle, de notre capacité financière ou de nos opinions politiques, il nous soigne ! L’État est garant de la solidarité sociale. La plupart des agents publics s’investissent énormément dans leur mission, sans compter leurs heures. Ils sont dans une autre logique que celle du marché.

Aujourd’hui, la fonction publique c’est quoi ?

Au sens strict, elle comprend l’ensemble des agents occupant des emplois permanents de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics hospitaliers. On en dénombre près de 5,7 millions, qui se répartissent ainsi : 50 % dans la fonction publique d’État, 30 % dans la fonction publique territoriale et 20 % dans la fonction publique hospitalière. La fonction publique de l’État comprend les effectifs des établissements d’enseignement, des administrations centrales (ministères, préfectures, rectorats, directions régionales et départementales) ainsi que ceux de La Poste et d’Orange. Parmi tous ces personnels, beaucoup ne sont pas fonctionnaires. Ne le sont, de fait, que ceux soumis aux statuts définis par l’État pour chacune des entités précitées.

Libéralisme outrancier contre service public

Le dogme des libéraux est que la vertu fondamentale de l’économie est d’offrir le choix au consommateur. Ils prétendent ainsi agir pour son bien. Ils pointent leur volonté de moderniser avec l’idée sous-jacente de ringardiser le service public. On passe du service « standardisé » à celui sur mesure, à la prestation individualisée, spécifique à chacun. La modernisation, c’est l’ouverture à la concurrence, via des gains de productivité permettant la baisse des prix. À cela s’ajoutent l’innovation et le développement de nouveaux services marchands.
À Force Ouvrière, nous rappelons que la concurrence peut avoir de terribles effets négatifs ; une fois installée, elle créé une société duale, dans laquelle les services publics (ce qu’il en reste) sont réservés aux pauvres, tandis que les plus aisés s’adressent à des fournisseurs privés.
Lors d’un entretien accordé en 2003 par François Roussely, alors PDG d’EDF, celui-ci a clairement indiqué que la concurrence ne mènerait pas à une diminution des prix. Il a même déclaré que l’on ne pouvait pas, avec un marché ouvert, avoir les tarifs du monopole. Autrement dit, et c’est un fait passé régulièrement sous silence, la concurrence est coûteuse, tout simplement parce qu’il faut plusieurs entreprises au lieu d’une seule.
L’objectif réel du libéralisme est de réduire le bien commun en créant toujours plus d’offres individualisées.
Dans ce paradigme, la dimension humaine n’a pas sa place. La marchandisation à outrance de la dépendance, le scandale des EPHAD, notamment dans le domaine privé, sont la preuve qu’il s’agit d’attaquer directement le principe de base « à chacun selon ses besoins » pour lui substituer la règle du libéralisme triomphant : « à chacun selon ses moyens ». Il n’est pas acceptable que des nécessités aussi vitales que l’eau ne soient pas un bien commun régi, non pour les profits de sociétés cotées en bourse, mais pour la satisfaction des besoins de nos concitoyens.
Une ligne de bus n’existe pas pour être rentable, mais pour permettre à des personnes de circuler.
Pour Force Ouvrière, la démocratie ne prend son sens réel que si elle offre la possibilité de s’éduquer, de se cultiver, de se soigner, tout autant que de pouvoir travailler, communiquer. C’est bien le service public qui assure tout cela.

La Poste et Orange des cas atypiques

Pour des raisons de choix économiques et politiques, par ailleurs contestés par les militants Force Ouvrière, certains établissements publics (ONF) voire ex-administration (PTT) comme La Poste et France Télécom/Orange, qui conservent une partie de leur personnel relevant du corps des fonctionnaires de l’État, passent aujourd’hui, pour l’embauche, par les règles du droit privé.
Selon son dernier bilan social, 56 568 fonctionnaires sont toujours employés à La Poste, devenue par la loi du 2 juillet 1990, un établissement autonome de droit public avant d’être transformée en une société anonyme. Côté Orange, ce sont 22 262 fonctionnaires, qui continuent à y officier. Ils ne sont pas rémunérés sur le budget de l’État mais sur les recettes de leur entreprise. Compte tenu des départs en retraite, le nombre de fonctionnaires de l’État s’amenuise, tournant ainsi bientôt, plus définitivement encore, la page du service public des PTT !

Les élections de décembre 2022 dans la fonction publique s’inscrivent dans la défense du service public et de ses agents !

L’enjeu de ces élections n’est pas restreint à la seule défense des conditions de travail et de rémunération des agents publics. Au-delà de veiller aux intérêts particuliers des salariés, fonctionnaires et agents publics de l’État, des collectivités territoriales, de l’hôpital, il s’agit de défendre le service public et d’en rappeler le besoin. Il est ici question d’égalité de droits et de traitement des citoyens, quel que soit le lieu où ils vivent, quelle que soit leur condition sociale.
En matière de service public, notre revendication s’adresse à tous car il en va de la qualité de notre éducation nationale, de notre santé, de notre sécurité, de notre justice, de l’aménagement du territoire, de la présence postale, de la protection sociale, de la gestion des finances publiques…
Le syndicalisme indépendant, porté par Force Ouvrière, a un rôle essentiel à tenir. Il convient d’informer de son action chaque électeur de notre entourage afin d’affirmer, plus encore, sa première place dans la fonction publique de l’État et permettre sa progression dans la fonction publique hospitalière comme dans la fonction publique territoriale.
À La Poste comme à Orange, les militants FO Com s’engagent au quotidien avec des revendications claires sur les salaires, l’emploi, les conditions de travail. Ils se saisissent des nouvelles attentes sur le télétravail, la mobilité et les transitions, numérique comme écologique.

La folle histoire des fonctionnaires de La Poste et d’Orange

Il était une fois une grande et belle administration autofinancée de la Ve République, les PTT.
En 1989, elle ne comptait pas moins de 460 000 agents, presque tous fonctionnaires, pour gérer la banque, le courrier, le colis et le téléphone.
Après de nombreuses tentatives, par la grâce de la loi du 2 juillet 1990, les PTT ont été scindés en deux Établissements Autonomes de Droit Public (EADP), c’est le nom que leur donne Paul Quilès, Ministre des PTT de l’époque. France Télécom (qui deviendra Orange) prend les télécommunications et La Poste regroupe courrier, colis et banque. Les personnels sont inquiets. Avec un chômage massif, ce n’est pas le moment de perdre son statut.
Alors, pour faire passer la pilule, la loi prévoit 3 remparts… et une friandise.

Les remparts d’abord
  • L’article 1er de la loi dispose que les deux établissements ne sont pas qualifiés d’EPIC (Établissements Publics Industriels et Commerciaux qui en principe emploient des salariés de droit privé). Ils sont qualifiés de Personnes Morales de Droit Public, un truc que personne ne connaît.
  • Son article 29 dispose que les personnels des deux établissements sont régis par les titres I et II du statut général de fonctionnaires, sans être concernés par les catégories A, B, C et D. Les agents restent donc fonctionnaires d’État.
  • Son article 31 enfin, ne permet l’emploi de salariés de droit privé que si « les exigences particulières de l’organisation de certains services ou la spécificité de certaines fonctions le justifient ». Le recrutement sous statut est ainsi sanctuarisé.
La friandise ensuite
  • Il s’agit de grilles de fonctionnaires améliorées : via un reclassement dès 1991 puis une refondation des carrières en 1993 (les reclassifications).

devenues deux entités publiques autonomes, employant des fonctionnaires mieux payés et limitant l’utilisation de salariés à quelques emplois très spécifiques. Le monopole de service public est maintenu.
Hélas, fi des remparts, cette belle construction se révèle être rapidement un vulgaire château de cartes !
En effet, le Conseil d’État va statuer et dire qu’il n’existe que des EPA (Établissements Publics à caractère Administratif) et des EPIC (Établissements Publics à caractère Industriel et Commercial) et que, au vu de la nature des activités des deux établissements, ce sont à l’évidence des EPIC.
C’était bien là l’objectif des décideurs politiques !

Dès lors, les Directions des deux entités vont considérer que tous les emplois et services ont des spécificités justifiant le recours aux salariés. C’est ainsi que les concours de fonctionnaires laissent progressivement la place à l’embauche de salariés de droit privé.
Orange dès 1997, puis La Poste en 2010 deviennent des Sociétés Anonymes. Et oui, la loi n’est pas immuable.
Privés de tout recrutement, les corps de fonctionnaires des 2 opérateurs sont alors mis en extinction, ce qui va drastiquement limiter les possibilités de promotion.
Et la friandise ? Les fonctionnaires se trouvant exclus des catégories A, B, C et ne travaillant plus pour l’État sont oubliés à chaque réforme des grilles. En pratique, les 3 fonctions publiques (État, Hospitalière et Territoriale) nous ont rattrapé en 1996 pour nous laisser sur place jusqu’en 2016. La friandise a un goût amer…
À ce moment, à équivalence d’emplois, les différences allaient au moment de la retraite d’une soixantaine de points majorés pour la classe I à plus de 300 points pour les emplois supérieurs. Les représentants FO n’ont jamais cédé sur ce sujet, intervenant sans relâche en Conseil Supérieur de la Fonction Publique d’État, devant plusieurs directeurs généraux de la fonction publique et directeurs de cabinet de ministres, et bien sûr en demandant des négociations aux deux opérateurs.

Pour La Poste, nous avons pu obtenir une ouverture en 2015. Entre 2016 et 2022, les écarts ont été enfin rattrapés pour la classe I, le début de la classe II et le III.1, ainsi que, partiellement, pour les grades II.3, III.2, III.3 et CS. Les emplois supérieurs ont été quant à eux une nouvelle fois oubliés.
Il est à noter que La Poste avait pour une fois fait un effort. Les coupables sont bien au ministère de l’économie qui a bloqué les décrets pendant deux ans et demi, privant ainsi des milliers d’agents, devenus entre temps retraités, des bénéfices des nouvelles grilles indiciaires. Mais cela ne leur suffisait pas. Ils ont unilatéralement baissé le dernier échelon pour le II.3 et le III.3 et jeté à la poubelle les décrets concernant les emplois supérieurs (IV.3, groupe B et C). Pourtant, ces mesures de justice élémentaire ne coûtaient pas bien cher, car aujourd’hui il reste moins de 50 000 fonctionnaires dans toutes les entités de La Poste.

Pour Orange, la situation est à peu près la même, sauf pour le II.3 qui finit comme le III.1 et donc la fin de la catégorie B de la fonction publique.

Au final, le bilan de la réforme Quilès est peu reluisant. En 31 ans, on compte 130 000 emplois supprimés, la quasi-totalité des personnels sous statut remplacés par des personnels salariés moins protégés et moins bien payés, des opérateurs en difficulté et un service public de moindre qualité.
Aujourd’hui, s’agissant des fonctionnaires encore en activité, nous ne lâchons rien. La période récente avec les élections politiques était peu favorable. Mais nous allons demander une audience aux services techniques de la Première Ministre.
Les sujets ne manquent pas. Pour les II.3, III.3 de La Poste et pour les emplois supérieurs des deux Opérateurs, nous sommes très loin du compte. Il manque 10 points nets au dernier échelon des II.3 et III.3. Les emplois supérieurs partent à la retraite à 1 027 ou au mieux Hors Échelle A3 alors que les équivalents de la fonction publique ordinaire peuvent atteindre Hors Échelle D voire E, ce qui représente des centaines de points d’écart. Et chaque jour qui passe des collègues partent à la retraite. L’État français est responsable de cette situation inique, c’est à lui de réparer ce qui peut encore l’être. Nous allons demander l’aide de nos camarades de la FGF-FO, la fédération FO des fonctionnaires d’État, pour constituer une délégation et demander à être reçus. FO est un syndicat confédéré. Nos camarades nous appuieront.

De plus, ce qui est arrivé pour les deux opérateurs peut servir aux autres fonctionnaires et donner du poids à leurs revendications. Car en ce qui concerne le remplacement de fonctionnaires par des personnels hors statut, nous avons été un véritable laboratoire d’expérience.
Le gouvernement est en train d’appliquer la même méthode de mort lente aux 3 fonctions publiques. En effet, la loi du 6 août 2019 a ouvert le recrutement d’agent non titulaires (des personnels qui ne sont protégés ni par le statut ni par le code du travail), sur tous les postes sans limitation.
Quelles conséquences va provoquer cette loi ? Fatalement, il n’y aura quasiment plus de fonctionnaires dans 20 ans, compte tenu de l’âge moyen des fonctionnaires aujourd’hui.

Demain, les services publics seront privatisés. Ils auront un objectif de rentabilité et non de qualité de service aux usagers. Alors, c’est à ce moment qu’on découvrira que la protection statutaire des fonctionnaires protégeait, en fait, les citoyens et la démocratie.

BGPN – Des machines ou des hommes ?

La BGPN (Branche Grand Public et Numérique), dernière-née des branches du Groupe La Poste souhaite intégrer de nouveaux outils pour lui permettre de redevenir « la banque préférée des français ».
L’illectronisme, la lutte contre les incivilités et l’amélioration de la qualité de service sont autant de défis à relever.
Si aujourd’hui La Poste a tendance à favoriser le numérique pour relever ces défis, nous pensons que l’embauche de CDI postiers en nombre suffisant reste un incontournable.
Les bons résultats financiers ne doivent pas uniquement profiter à l’investissement numérique.

L’emploi gage de stabilité

Le réseau des bureaux de poste est la vitrine de tous les métiers du Groupe. La perception de la qualité est un élément primordial pour l’entreprise, autant que pour les clients qui choisissent essentiellement sociétés, entreprises et services selon la qualité perçue.
Le Chargé de Clientèle est le pilier du bureau de poste. 1er interlocuteur du client, son rôle est essentiel et décisif quant à l’envie qu’aura le client de continuer ou pas sa relation avec La Poste. La qualité de l’emploi est donc un élément majeur dans le choix que va effectuer le client dans son mode de consommation ou d’achat de services.
Ce que nous pouvons constater, c’est que La Poste a fait un tri dans les solutions mises en place pour recevoir les clients. Et que beaucoup trop de réponses non pérennes sont privilégiées comme les personnels temporaires et stagiaires.
Bien connaître la règlementation, les modes opératoires, détenir les habilitations, connaître les habitudes et particularités des clients, pouvoir être polyvalent, tout ceci n’est possible que lorsque l’on est employé depuis un certain temps dans l’entreprise. Et c’est primordial de faire acquérir ces aptitudes à la majorité des agents. Alors que les exigences vont monter d’un cran pour améliorer « l’expérience clients », un constat s’impose : il faut plus de personnel dans les établissements.
Les secteurs ont besoin de Chargés de Clientèles titulaires en nombre suffisant et formés pour permettre à la fois, l’amélioration de l’accueil des clients et de la qualité de vie au travail des postières et des postiers. Le maintien de la qualité perçue par les clients passe donc par la qualité de l’emploi et de la formation.
FO Com a donc posé le recrutement de postiers comme un incontournable lors de négociations avec La Poste. Nous avons alors obtenus que les recrutements prévus initialement par La Poste soient largement révisés à la hausse.
D’un nombre de recrutements envisagé par l’entreprise de 300 Chargés de Clientèle en 2022, nous sommes passés grâce à nos revendications à un engagement de La Poste d’un recrutement de 1 800 Chargés de Clientèle. Une première depuis bien trop longtemps !
Cet engagement est formalisé dans un accord. FO Com a pris ses responsabilités et l’a donc signé. Notre signature nous oblige, et nous allons suivre sa bonne mise en oeuvre en suivant les recrutements, lors de commissions de suivi de cet accord. Mais nous sommes persuadés que le recrutement de ces emplois de qualité va permettre, outre l’amélioration des conditions de travail et de la stabilité salariale pour les agents concernés, une révision de la qualité de l’accueil, permettant ainsi l’amélioration de l’image de tous les métiers du Groupe.
Ce cercle vertueux gagnant-gagnant pour les postiers et entreprise va, nous l’espérons, prouver à La Poste que l’emploi n’est pas seulement synonyme de coûts. Il est aussi bien souvent synonyme de chiffres d’affaire.

Maillage territorial FO Com avait raison !

Depuis des années, FO Com revendique le maintien de tous les bureaux de poste avec des postiers en CDI.
La Poste transforme son réseau, des fermetures de bureaux et transformations de points de contacts se succédent avec comme seul élément de décision le nombre de clients.
Bien évidemment, les pratiques des clients, et la diminution des horaires et donc de l’attractivité des bureaux ont entraîné une diminution du trafic. Mais, n’a-t-on jamais étudié le besoin, la demande de la population sur l’ouverture de ces établissements ? N’a-t-on jamais fait d’étude sur les moyens de les rendre plus attractifs, d’étudier les services, les partenariats additionnels pour les améliorer ? A-t-on seulement vérifié l’implantation économique de ces derniers ? Pourquoi les services publics n’ont-ils pas fait de convention avec La Poste pour centraliser des services dans les locaux postaux ?
Non, un seul élément a toujours été pris en compte : le nombre de clients ! L’amélioration de la rentabilité du réseau des bureaux n’a été étudiée qu’à travers un seul prisme, celui de la baisse de la masse salariale, via des suppressions d’emplois justifiées par une fréquentation faible.

FO Com a toujours dénoncé les outils et les méthodes de réorganisation et d’adaptation du Réseau des bureaux de poste. Et nous avions raison !

Nous demandons depuis longtemps de modifier l’approche concernant le maillage territorial des bureaux, pour que ce dernier soit cohérent avec la population, beaucoup plus proche d’un véritable service public et de stopper cette spirale destructrice.
Le Groupe peut supporter la charge induite d’un réseau de bureaux plus nombreux, gage d’une qualité bien meilleure que celle perçue actuellement.
Tout d’abord, parce que le chiffre d’affaire du Groupe a été en constante augmentation depuis des années (cf. ci-contre). Ensuite, parce que la qualité perçue, et le service conformément rendu dans les bureaux rejaillissent sur tous les métiers du Groupe : Courrier, Colis, Banque-Assurance.
Pour rappel, La Banque Postale fut la banque préférée des Français ! Mais ça c’était avant !
Avant la détérioration des conditions d’accueil, avant la diminution des horaires des bureaux, avant la fermeture des bureaux permettant de bénéficier de l’intégralité des services promis par La Banque Postale.

FO Com avait raison : la preuve, La Poste expérimente pour faire revenir les clients aux guichets de ses bureaux !

Par ici suppressions d’automates, pour que les clients reviennent aux îlots, pour que le rebond commercial soit possible.
Par-là, la possibilité de déposer les colis shop-to-shop aux vendeurs passant par le site de vente Vinted. Avec également la possibilité de retirer les colis Vinted dans ces bureaux de poste. Par ici encore, appels aux clients pour relances commerciales.
FO Com agit pour que les stratégies et les modèles futurs mis en place changent, pour ainsi retrouver un réseau dynamique, favorisant son développement. Juste l’inverse de ce qui s’est fait jusqu’à présent.

La Poste doit considérer son Réseau et ses bureaux de poste comme un capital, nécessaire et indispensable au développement de tous les métiers, et vital pour la Nation. Les postiers et la population n’attendent que cela.

Garantir le respect et la sécurité Le défi des incivilités

Il est commun de parler d’incivilités au pluriel.
En effet, il en existe plusieurs catégories allant du manque de politesse jusqu’à la manifestation de la délinquance. De plus, la perception d’un individu à l’autre peut être différente.
Les difficultés du quotidien, le « décrochage » d’une certaine catégorie de la population en ce qui concerne l’outil informatique, les démarches à effectuer qui deviennent des montagnes infranchissables mais aussi les situations ubuesques générées par des process trop souvent mis en place par des technocrates à mille lieues du terrain… Toutes ces situations poussent les usagers, qui trop souvent n’en sont plus, à s’enfermer dans des situations inextricables dont ils ne savent comment sortir.
C’est là que l’humain trop souvent disparu des services publics aurait toute sa place. Les budgets serrés, la course à la productivité par la baisse des charges font que la priorité des employeurs est ailleurs. Du coup, faisant l’amalgame entre une institution qui n’est plus en capacité de servir son client et l’agent qu’il y rencontre, le public s’en prend au dernier interlocuteur physique qu’il a encore en face de lui.

Ce schéma est exactement celui rencontré dans les bureaux de poste. Mais il faut également y ajouter les exigences de l’employeur en ce qui concerne le développement commercial. Pour exemple, nos chargés de clientèle doivent proposer des cartes visa premier. Le lieu n’étant pas propice à la découverte client qui permettrait de mesurer son réel besoin en la matière, c’est plutôt l’approche produit qui prime. Par le passé, les conditions étaient strictes n’accordant, il est vrai, qu’à une certaine catégorie de clientèle d’y accéder pour un coût relativement important. Aujourd’hui, les conditions se sont allégées et grâce à l’intelligence artificielle, des personnes qui n’auraient pas été éligibles par le passé le deviennent. La 1ère année, la cotisation est similaire à celle d’une carte classique mais la 2ème, elle double mettant ainsi en difficulté certains clients qui reviennent en bureau de poste pour trouver une solution rapide. Et c’est à ce moment que les dérapages peuvent arriver.
Si la course aux résultats est une raison, le déficit de formation, d’information mais également le manque d’autonomie des agents en bureau représentent également de nombreux sujets de mécontentement pouvant aller jusqu’à l’incivilité.

Pour FO, afin de désamorcer certaines situations et ainsi éviter tout risque d’emballement, la présence d’agents et d’encadrants en bureau est primordiale.

Ce volet humain est majeur pour notre organisation syndicale.
Jusqu’à aujourd’hui, ce chapitre là n’était pas une priorité à La Poste. En revanche au fil des ans, de nombreux plans d’actions se sont succédés.
Il est impossible d’obtenir des données précises en la matière. Nous ne sommes pas en mesure de produire des chiffres sur l’évolution du nombre d’incivilités ces dernières années. La nouvelle direction de la Branche Grand Public et Numérique, Nathalie Collin ne s’est pas privé de souligner qu’une tolérance zéro serait affichée pour les auteurs d’agressions. Dans l’accord sur les engagements réciproques, il est écrit que « Le premier engagement de La Poste Grand Public et Numérique consiste à porter plainte au nom de La Poste systématiquement pour les agressions (menace sur l’intégrité physique des collaborateurs…). L’accompagnement systématique du postier qui souhaite déposer plainte par un avocat est également prévu dans ce cadre ».
Depuis 2015, en complément de l’action propre du postier, La Poste déposait une plainte simple en se déclarant victime même indirectement de l’incivilité.

Comment déclarer une incivilité ?

Parce qu’il est important que La Poste prenne la mesure des incivilités subies par les agents en bureau de poste, il faut bien évidemment qu’elle en ait connaissance.
Dans l’accord « Des engagements réciproques au service du client dans les bureaux de poste », une attention particulière sera portée aux bureaux les plus exposés avec notamment un recours éventuel aux agents de sécurité, la mise en place de relations organisées avec les forces de l’ordre et un budget local Qualité de Vie au Travail (QVT) de 1 000 €. La liste initiale des 80 bureaux qui bénéficieront de ces engagements pourra être étoffée en commission de suivi. Grâce aux saisies INDIS (Instruction des Déclarations d’Incidents de Sécurité), La Poste pourra donc ajouter d’autres noms. Pour ce faire, l’application INDIS mise en service en novembre 2018 en remplacement d’ORAS est l’outil incontournable. Le Directeur de Secteur ou son représentant effectue les saisies pour la déclaration des évènements. Le périmètre est relativement large puisqu’on peut y retrouver également des déclarations de cybercriminalité, d’activités d’influence, des dysfonctionnements de production…
Une fois l’identifiant et le mot de passe saisis, il suffit de suivre les différentes rubriques. Tout d’abord la déclaration des faits, puis le type de signalement, le poste comptable, la date et l’heure de l’évènement, l’identifiant RH du postier agressé. Le dossier est alors consultable et il est possible d’y apporter des éléments complémentaires. De même, les avis des experts appartenant à la filière support sont également consultables.

En parallèle, le dépôt de plainte est également extrêmement important et il devra être inséré dans la déclaration INDIS.

Depuis la loi du 24 août 2021, La Poste peut déposer plainte pour sanctionner des comportements ou des menaces en contradiction avec des valeurs de la République. Mais attention, cette action de La Poste ne se substitue pas à celle de l’agent.

Un nouveau guide du dépôt de plainte vient d’être publié et répond aux nombreuses questions que managers et agents peuvent se poser. Par exemple, il stipule que « la notion d’incivilité que nous utilisons à La Poste recouvre également des faits qui ne sont pas forcément des infractions pénales (par exemple le mépris ou le fait de s’exprimer « haut et fort » pour manifester son mécontentement). Lorsque je m’exprime auprès des forces de l’ordre dans le cadre d’un dépôt de plainte, il est recommandé de bien expliciter les violences que j’ai subies, de parler d’agression physique, de menaces, d’outrages (ne pas parler d’incivilité lors du dépôt de plainte), de décrire avec le maximum de précision ce qu’a dit et fait l’agresseur. Ceci permet aux forces de l’ordre de mieux comprendre et qualifier l’infraction ».

Inclusion numérique Une œuvre caritative, seulement ?

Le Groupe La Poste s’est engagé depuis plusieurs années en faveur de l’inclusion numérique. Différentes actions sont donc mises en place sur les territoires pour y participer de manière concrète.
Des conventions ont été signées avec diverses associations, pour la mise en place de médiateurs, présents dans certains établissements, pour accompagner la clientèle. Des tablettes sont souvent mises à disposition pour permettre les opérations.
Ailleurs, La Poste et La Banque des Territoires ont ouvert l’espace « Étape numérique » installé dans une zone aménagée dans le bureau de poste. Cet « Espace » propose un accès au grand-public à une salle connectée. Selon la configuration du bureau, cela peut être sur rendez-vous, et selon les moyens définis, des ateliers et des formations numériques en groupe ou individuels seront proposés ainsi que l’accès à des professionnels.
Des bornes numériques sont aussi affectées dans certains points de contact, pour permettre un apprentissage des diverses possibilités qu’offrent les applications et services via Internet.
Derrière cette démarche, l’objectif est de faciliter l’accès à l’environnement numérique en s’appuyant sur l’accompagnement et vulgariser l’utilisation d’Internet.
Le gouvernement ayant aussi fait de l’accès au numérique une priorité du plan France Relance, La Poste souhaite l’accompagner dans cette dynamique. Au niveau de La Poste, cela va se décliner par le déploiement de 100 de ces conseillers numériques France Services dans 57 départements. La sélection se fera en concertation avec l’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires). Ces conseillers interviendront au sein du réseau des 400 bureaux France Services, situés dans des territoires particulièrement touchés par l’« illectronisme ». Actuellement, il est estimé que 320 000 personnes sont concernées*.
13 millions de Français rencontrent des difficultés avec le numérique, et 33 % d’entre eux souhaiteraient bénéficier d’un accompagnement dans des lieux dédiés*.
FO Com souhaite que le nombre de conseillers numériques pris en charge par La Poste soit plus important. 100 conseillers, à la vue de la densité du Réseau France Service semble peu. Nous espérons aussi que les conventions avec les associations pour la mise en place de médiateurs croissent sur les territoires. Malgré tout, ces mesures vont dans le bon sens pour les personnes concernées.

Mais, La Poste n’y-a-t-elle pas un quelconque intérêt ?
Le Groupe se fixe également pour priorité l’accélération de sa propre transformation numérique. La culture digitale est au cœur du plan stratégique « La Poste 2030, engagée pour Vous ». Pour ses clients, La Poste s’appuie sur son site laposte.fr, consulté par 25 millions d’utilisateurs uniques mensuels. Demain, laposte.fr aura vocation à devenir une plateforme ouverte référente pour tout type d’envois. Elle proposera tout ce dont un client, entreprise ou particulier, a besoin pour réaliser ses expéditions et sera interconnectée avec diverses plateformes (partenaires, clients, existantes ou à venir)*.
L’ambition affichée du Groupe, est que 100 % des produits et services postaux destinés aux particuliers et aux professionnels seront digitalisés et accessibles par Internet d’ici 2025*.
La culture digitale doit donc aussi être déployée massivement auprès des postiers pour permettre une parfaite compréhension des enjeux, des process et méthodes mis en place progressivement.
D’ici 2025, la totalité des postiers devra avoir reçu une formation au numérique via un module d’e-learning.
Déjà 22 000 postiers ont suivi la formation à l’intelligence artificielle « Objectif IA ». Cette intelligence artificielle qui accompagne la transformation des métiers par l’optimisation de la livraison e-commerce, la gestion des flux logistiques, le chatbot, les applications informatiques… Les 40 000 managers et commerciaux seront formés à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans leurs pratiques professionnelles*.
5 000 postiers deviendront des experts de la data*.
La Poste a alors tout intérêt à former les potentiels futurs clients digitaux, actuellement visiteurs des points de contact, pour qu’ils restent clients, et ce, quel que soit le canal de vente.

* Source : site institutionnel Internet Groupe La Poste

La technologie ainsi que l’innovation sont des éléments essentiels pour l’évolution de la société et La Poste comme toutes entreprises, ne peut pas s’en passer. Mais, elle doit prendre conscience qu’elle ne pourra pas non plus se passer des postières et des postiers.

Pour FO, ce sera donc « des machines ET des hommes ».

Pouvoir d’achat, précarité et pauvreté

La crise de la COVID a porté un coup de projecteur sur l’importance de la précarité, en France comme ailleurs. En mettant en évidence la nécessité des droits sociaux, elle a aussi permis une prise de conscience plus généralisée de l’inégalité d’accès aux droits dans notre société. Il en est ainsi du droit à une juste rémunération, du droit au logement, du droit à une couverture sociale digne.
L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés, des fonctionnaires, chômeurs et retraités passe par les mesures pérennes que sont les augmentations de salaires, du point d’indice, des retraites, pensions et minimas sociaux. Verser un chèque aux ménages les plus vulnérables, organiser un bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité, majorer de 100 euros la prime d’activité, créer une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, mesures outrageusement médiatisées, ne font que rendre le revenu global des ménages encore plus dépendant du seul soutien volontaire de l’État. En exonérant les entreprises de leur responsabilité d’employeur, en les dispensant du processus de négociation salariale, en permettant au capital de fructifier tranquillement, à l’abri de toutes exigences sociales, cette politique aggrave les inégalités. Elle désarme le rapport de force entre salariés et employeurs et les possibilités de négociations sur les rémunérations.
En définitive, elle procure une aide indirecte à l’investissement, voire à l’augmentation des dividendes. En termes de pouvoir d’achat, il nous faut des réponses durables et structurelles.

Reconnaître la valeur travail ? Entre cynisme et surdité

Aujourd’hui, refuser d’augmenter les salaires est inadmissible, injustifiable alors que les entreprises du CAC 40 engrangent des profits records, alors que l’inflation, annoncée comme temporaire, se pérennise, alors que la spéculation sur l’immobilier constitue une négation rédhibitoire du droit au logement décent, alors que la politique d’exonération des cotisations patronales torpille la protection sociale !
Ce refus de la hausse des salaires est d’autant plus inacceptable quand on se souvient des propos tenus par les hommes politiques au pire de la crise sanitaire. Ils y vantaient l’exemplarité des salariés exerçant des métiers des première et seconde lignes ! Des paroles prononcées aux moments les plus critiques mais vite oubliées. Les salariés ne revendiquent pas une simple reconnaissance de la valeur marchande de leur travail, ils exigent de ne plus être exploités. Faut-il parler de cette infirmière ou aide soignante qui commence avant l’heure, termine après l’heure et hésite à se restaurer au moment du déjeuner ? Doit-on rappeler l’ampleur des dépassements horaires quotidiens de nombreux postiers ou agents de services publics ? Et qu’en est-il de cette charge de travail surdimensionnée qui exige plus que le nombre d’heures réglementaire pour être absorbée ? Il serait intéressant de convertir l’ensemble de ces heures non payées en journées de grève…
La question essentielle est : jusqu’à quand les revendications salariales peuvent-elles encore être ignorées après des décennies d’inégalité, au profit du capital, sans partage de la valeur ajoutée liée à la productivité ? Il y a urgence d’en instaurer une répartition plus équitable.
La détermination des travailleurs à faire aboutir leurs revendications salariales reste encore trop parcellaire et, il convient de le souligner, si quelques augmentations à hauteur de 4 % ont été obtenues, dans leur grande majorité, les propositions patronales se révèlent dérisoires. Il en est ainsi du secteur bancaire : après une diète de plusieurs années, celui-ci se contente de proposer une hausse minimale, entre 0,6 % et 1 %, alors que, dans le même temps, les tarifs bancaires continuent leur hausse (près du double en dix ans) et que, par exemple, BNP/Paribas engrange un bénéfice record de 9,5 milliards en 2021.

Le principe contributif est rompu

Côté Fonction Publique, le gouvernement refuse toujours le dégel du point d’indice et se limite à des mesurettes sur les plus bas salaires. Dans le même temps, il tente de faire passer pour une mesure salariale la participation, à hauteur de 50 %, de l’employeur public dans le financement de la protection sociale complémentaire. Ainsi, les pertes de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires continuent de s’accumuler et avoisinent, depuis 2000, les 20 %. Nous sommes toujours bien loin d’une réelle revalorisation des grilles indiciaires et des carrières. Malgré l’opposition farouche de Force Ouvrière, bien seule dans ce combat, la contractualisation des emplois se poursuit et le statut continue d’être malmené.
Parallèlement, le salaire différé des travailleurs continue d’être pillé via un marché du travail tiré vers le bas et la diminution des cotisations patronales sur les petits salaires. Cette politique d’allègement ciblée encourage les emplois de faible qualification, de faible salaire. Du coup, cette frange d’emplois ne contribue presque plus au financement de la protection sociale. Cette politique du travail au rabais génère des emplois précaires et bénéficie aux mauvais employeurs. En pérennisant les emplois « low cost », elle installe un climat d’austérité qui permet de désarmer les exigences salariales. Cela engendre une déperdition des « recettes sociales » qui fragilise gravement la protection sociale de demain. En exonérant les entreprises du versement du salaire différé, les gouvernements successifs opèrent, par anticipation, une ponction sur les revenus à percevoir en cas de « coup dur » !

Cette stratégie souffle aussi aux entreprises qu’un smicard doit rester un smicard. Il n’y a plus, pour les classes modestes, d’ascenseur social. Côté patronat, il vaut mieux un haut turn-over sur cette catégorie d’emploi qu’une perspective de carrière ascendante. Les stagnations de carrière sont institutionnalisées.
Côté retraités, le pouvoir d’achat continue de payer un lourd tribut à la politique gouvernementale. Les revalorisations minimalistes des pensions et la hausse des prélèvements sociaux de 2009 à 2019 aboutissent à réduire, en moyenne de 0,4 % par an, le pouvoir d’achat des pensionnés de la plupart des régimes de base et complémentaires. En recul, la pension moyenne des retraités, en France, s’élève à 1 393 euros nets par mois. Encore convient-il de nuancer puisqu’un retraité sur trois ne dispose pas de 1 000 euros bruts mensuels et que quatre retraités sur dix survivent avec le minimum de pension de 713,12 euros.
De son côté, l’Union Confédérale des Retraités Force Ouvrière évalue leur perte de pouvoir d’achat à 20 % en douze ans, d’où la revendication d’une hausse immédiate de 100 euros par mois et l’indexation des pensions sur l’évolution des salaires.

emploi

En novembre 2021, l’Insee a constaté l’étendue de la paupérisation des Français, qui concerne 9,3 millions de personnes.
Un tiers des familles monoparentales (25 % des familles) sont sous le seuil de pauvreté.
En cause ? Le temps nécessaire pour s’occuper des enfants est difficilement conciliable avec un emploi du temps professionnel. Les jeunes sont particulièrement touchés par les difficultés financières, la crise sanitaire ayant mis en lumière la précarité étudiante, perdurant malgré les diverses aides. Les emplois instables sont également un facteur pouvant faire basculer la situation de nombreux travailleurs. Les femmes, les personnes nées à l’étranger et les jeunes sont particulièrement concernés car ils occupent plus fréquemment des emplois non qualifiés, instables ou à temps partiel.

En 2019, il a été établi que la France avait 2 millions de travailleurs pauvres.
Mais plusieurs voix se sont élevées, dont un collectif d’associations reconnues de lutte contre la précarité (Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, Secours Catholique, ATD Quart-Monde, Emmaüs…) ainsi que le Centre d’observation de la société, pour contester cette donnée, en y ajoutant a minima 1,6 million de français supplémentaire, puisque certaines personnes seraient « hors radar », comme les personnes sans domicile, les travailleurs en foyers, les Français d’Outre-mer, etc.

En France, dans ce pays parmi les plus riches du monde, on compte plus de 9 millions de pauvres. Le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, soit un revenu disponible de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. Aujourd’hui, 2,3 millions de personnes vivent avec moins de 763 euros par mois (observatoire des inégalités – octobre 2021).

Enfin, notons que l’indice des prix à la consommation prend très imparfaitement en compte les effets du coût du logement alors que, depuis plusieurs décennies, celui-ci, avec le patrimoine, est un marqueur des inégalités sociales et que le fossé se creuse. En cinq ans, si l’on cumule les multiples baisses de l’Aide Personnalisée au Logement (APL), les ponctions financières et les réductions de financement, ce sont plus de 15 milliards d’euros d’économisés au détriment du logement des plus faibles financièrement. Avec la baisse des APL, le maintien d’un faible montant du RSA et la récente réforme de l’assurance-chômage, l’État ne prend pas la bonne direction et ne lutte pas suffisamment contre trois déterminants de la pauvreté : la relation à l’emploi, au salaire et au logement.

Tout cela, hélas, n’est pas exhaustif et démontre, à l’évidence que, quelle que soit l’idéologie qui prévaut ou prévaudra dans ce pays, plus que jamais le combat syndical est aujourd’hui nécessaire et sera déterminant dans l’avenir.

logement

Quant au mal-logement, le nombre de personnes sans domicile et de demande pour des logements sociaux a grimpé significativement.
Depuis 2015, la demande de logement social progresse cinq fois plus vite que le nombre de ménages et deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux. L’investissement public dans la construction de logements a pour sa part reculé, revenant en moyenne de 1,7 % du PIB en 2001 à 0,06 % en 2018 dans les pays développés. L’OCDE de son côté a fait paraître un rapport en 2021 stipulant que l’accès à un logement abordable devient de « plus en plus difficile ».

Au cours de la décennie 2005-2015, le poids du logement dans les dépenses des ménages a subi une hausse d’environ 20 %. Avec la crise économique et le risque tant pour l’emploi que pour les salaires, ce poste de dépenses contraintes, risque de précariser un peu plus la situation des moins favorisés et ainsi d’affecter un peu plus leur capacité sur les autres postes de dépenses, dont l’alimentation. Pour être à la hauteur, l’État doit apporter un soutien bien plus massif, sur les deux piliers de la politique du logement que sont les aides personnelles et les aides à la pierre.

Pour Force Ouvrière, les aides personnelles doivent non seulement être revalorisées mais leurs conditions d’éligibilité élargies, et les aides à la pierre renforcées afin de soutenir les bailleurs sociaux et les pouvoirs locaux dans leur effort de production.

Orange

Pour une politique sociale digne !

À l’heure où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, le pouvoir d’achat cristallise toutes les inquiétudes et les mécontentements. Selon l’Insee, 2022 sera marquée par une inflation toujours forte, globalement autour de 2,6 % sur les six prochains mois. Le contexte social et économique, les augmentations des tarifs de l’énergie et des carburants, des produits de première nécessité et de l’alimentation entraînent une érosion de notre pouvoir d’achat.
Les inégalités se creusent et la crise s’avère une aubaine pour les milliardaires « principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter grâce à une montée en flèche des cours des actions ». Ainsi, la fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de crise sanitaire qu’au cours de la dernière décennie. Dans le même temps, 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté.

Qu’en est-il chez Orange ?

L’année 2021 a été particulièrement dynamique pour les opérateurs télécoms : forte augmentation des ventes de terminaux mobiles, dynamisme de l’offre B to B. Le revenu des services à haut et très haut débit continue de croître à un rythme soutenu.
Dans un marché français des télécoms où le niveau de croissance au troisième trimestre 2021 est proche de celui de 2019, le Groupe se targue de performances commerciales soutenues pour Orange France avec des résultats financiers solides. Dans ce contexte d’enrichissement pour l’entreprise avec une capacité de distribution des dividendes maintenue, FO Com considère que les salariés doivent récolter les fruits de leur travail et de leur implication professionnelle. En effet, les prix à la consommation ont augmenté de 2,8 % en 2021 mais Orange n’a attribué que 0,9 % d’augmentation salariale moyenne.

FO Com a toujours défendu l’augmentation du Salaire Global de Base (SGB), partie fixe de la rémunération, et face à l’envolée de l’inflation, a exigé la mise en œuvre d’une mesure salariale de rattrapage pour 2021. Cela s’est traduit par l’octroi d’une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 200 euros net pour les plus démunis.
Le compte n’y est pas ! « La formidable mobilisation de salariés » selon le PDG d’Orange « qui sont engagés et attachés à leur entreprise » selon la Directrice Orange France, ne sera aucunement récompensée en 2021 par la redistribution pourtant légitime de la richesse produite.

FOCom exige des augmentations salariales qui compensent l’augmentation constatée des prix et anticipent l’inflation à venir.

À l’aube de l’ouverture de la Négociation Annuelle Obligatoire 2022, nous attendons de la nouvelle gouvernance d’Orange un engagement social fort et un premier signal de reconnaissance pour l’ensemble des salariés afin de garantir le maintien, a minima, du pouvoir d’achat des personnels.
L’entreprise en a les moyens, il faut juste qu’elle en ait la volonté. Dans un contexte de transformations organisationnelles et structurelles de grande ampleur, Orange doit s’engager dans une politique sociale et de rémunération, responsable et transparente à la hauteur de ses ambitions.

La Poste

Quand La Poste s’obstine dans les « économies d’échelle »

Dans une entreprise de main d’œuvre comme La Poste qui employait en 2020 plus de 172 000 salariés et fonctionnaires, la question des salaires est centrale. Elle l’est aussi pour chacun des 172 000 employés qui perçoivent un salaire.
À l’inverse de l’entreprise qui voit les salaires comme une charge à maîtriser, les augmentations salariales constituent pour eux une aspiration, voire une revendication, forte et constante.

Mais en réalité, de quoi parle-t-on ? Qu’est-ce que le salaire ? En économie, on vous répondra que le salaire est le paiement du travail convenu entre un salarié et son employeur au titre d’un contrat de travail. Il comprend le salaire de base, défini de façon annuelle et versé de façon mensuelle, auquel s’ajoutent les primes, les heures complémentaires ou supplémentaires, l’épargne salariale, les indemnités et rémunérations annexes (indemnité de résidence, supplément familial…) et enfin les avantages en nature.
Ce salaire se traduit concrètement en pouvoir d’achat, car il équivaut à la quantité de biens qu’on peut acheter.

On se rend compte qu’il existe une tension entre la volonté de l’entreprise de « maîtriser » sa masse salariale pour faire face à ses autres charges et ses investissements (et parfois son endettement) et entre la volonté des salariés d’obtenir plus pour préserver, voire améliorer, leur niveau de vie.

Qu’en est-il à La Poste ?

Chaque année, La Poste publie son Rapport Social qui fournit notamment des informations sur la rémunération des postiers. Le dernier rapport nous apporte des éléments factuels dont on peut extraire des points qui illustrent la réalité du salaire des postiers.
Premier point, il y a autant de situations individuelles que de postiers puisque les moyennes sont statistiques.
En effet, si la moyenne de la rémunération mensuelle en 2020 s’élevait à 2 822 € brute, qui s’y retrouve ?
Il faut bien-sûr ramener ce montant au salaire net, donc retrancher les cotisations salariales.

Cependant, même en restant sur les valeurs en brut, les écarts sont significatifs entre salariés et fonctionnaires, entre hommes et femmes (notamment chez les salariés cadres stratégiques) et entre agents d’exécution et groupes B et C. Le tableau ci-dessous résume les disparités à l’intérieur de ces groupes selon le genre, le statut et le niveau. Bien entendu, chacune des valeurs est elle-même une moyenne. Par exemple les cadres salariés femmes ont une rémunération moyenne de 2 672 euros brut, avec un écart selon la fonction, l’ancienneté voire le domaine d’activité.

Une autre donnée éclairante est l’analyse de la grille de dispersion des rémunérations mensuelles brutes. On s’aperçoit qu’il y a une répartition stable en 3 groupes de postiers :

  • Près de 30 % de l’effectif ont une rémunération qui va de moins de 1 800 € à 2 000 € brute;
  • Près de 30 % de l’effectif ont une rémunération qui va de 2 600 à plus de 4 000 € brute;
  • Entre ces 2 groupes, nous trouvons 40 % environ des postiers qui possèdent une rémunération qui va de 2 000 à 2 600 € brute.

Force est de constater que les bas salaires sont une réalité à La Poste.

Au-delà de ces statistiques postales, la comparaison avec les données de l’Insee sur les salaires des Français illustre encore plus ce phénomène. En 2019, le salaire brut moyen du secteur privé était de 3 183 € (soit 2 424 € net). C’est 360 € de plus que le salaire brut moyen des postiers ! En 2021, le salaire médian français lui se situait à 1 940 € net. Les deux tiers des postiers sont en dessous de ce salaire !
Alors que la transformation de La Poste a eu pour conséquences plus de mobilités, plus d’adaptabilité, d’agilité, plus de compétences à développer ou à acquérir… on se rend compte que les salaires ne suivent pas. C’est pour cette raison que la question des salaires est un axe revendicatif fort et permanent pour FO Com.
La revendication historique du 13ème mois pour tous est un marqueur de notre organisation. Il n’est pas le seul. Comme le dit notre Secrétaire Général, le salaire n’est pas l’ennemi de l’emploi. La résurgence de l‘inflation, la paupérisation des salariés et l’émergence des « travailleurs pauvres », la réalité sociologique (familles recomposées, foyers monoparentaux…), l’éloignement du domicile du lieu de travail et les coûts liés aux déplacements, sont autant de facteurs qui militent pour une augmentation générale et massive des salaires.

C’est ce que FO Com revendique lors des Négociations Annuelles Obligatoires qui se déroulent chaque début d’année avec la direction.
Lors de ces négociations, nous réclamons aussi des mesures catégorielles :

  • pour améliorer la grille salariale des plus bas salaires,
  • pour que les cadres puissent bénéficier d’une augmentation générale et pas d’une augmentation exclusivement individuelle qui peut être de 0 %,
  • pour que le pouvoir d’achat des postiers soit préservé des effets de l’inflation en particulier pour tout ce qui touche les besoins essentiels,
  • mais aussi, pour permettre à tous les postiers qui n’arrivent plus « à joindre les 2 bouts » de vivre dignement…

Il reste aussi à faire sauter le verrou du gel du point d’indice des fonctionnaires. Depuis 2010, leur pouvoir d’achat a fortement reculé (environ 17 % sur la période).
Autant de revendications et de luttes qui sont notre raison d’être et qui, parfois, aboutissent.

Pour les fonctionnaires, la refonte des grilles indiciaires et le transfert de primes en points d’indice ont permis de les réaligner sur celles de la Fonction Publique, même si les décrets issus de ces accords sont imparfaits.

En plus des mesures salariales s’ajoutent la garantie du gain à la promotion, l’accord Intéressement plus favorable que par le passé, l’accord Égalité Femmes/Hommes, les primes frontalières et les mesures de protection sociale.

Mais ces avancées sont-elles suffisantes et à la hauteur du partage de la richesse de l’entreprise à laquelle les agents contribuent fortement ?

Les postiers doivent bénéficier des bons résultats de La Poste

Au vu des derniers chiffres, près de 35 milliards de chiffre d’affaires pour 2021, et des analyses que l’on peut en faire, La Poste réussit plutôt bien dans sa recherche de diversification de ses activités et de la consolidation de son modèle. Elle s’appuie notamment sur une croissance externe solide et compte, côté banque, sur la hausse des taux d’intérêts. Aujourd’hui, elle est plus solide qu’en 2013, dixit son PDG, Philippe Wahl. Belle performance, surtout après une crise sanitaire sans précédent.

Mais les postiers sont-ils plus sereins ? Un pied dans l’ancien monde, un pied dans le nouveau, ils doivent s’adapter jusqu’à se remettre en question, se former, changer d’orientation. Quoi de plus normal, encore faut-il que La Poste prenne pleinement la mesure des efforts fournis et de l’adaptabilité nécessaire. Cette prise de conscience passe par deux priorités : l’augmentation des rémunérations et l’amélioration des conditions de travail.

Incontestablement, La Poste ne répond pas à l’urgence salariale, depuis longtemps revendiquée par FO Com. Or, il est grand temps de penser au partage de la richesse qui ne peut se faire seulement qu’entre investissements et actionnaires. Les postiers doivent également être reconnus et respectés. Le développement de l’épargne salariale type PEG, PERCOL et autre intéressement ou primes ne sont qu’une réponse, à la fois partielle et mal adaptée. En effet, rien ne remplace le salaire (et la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, mais qui n’est pas du ressort de La Poste) au regard, par exemple, de la protection sociale et notamment de la retraite.

La trajectoire financière à 2025, avec un Résultat Net estimé à près de 2,069 milliards en 2021 montre, s’il en était nécessaire, que La Poste peut répondre à la question salariale de manière pérenne. De la même façon, le nouveau pacte social prévoit de faire la part belle à « l’agilité » des postiers. Des efforts à reconnaître, des investissements humains à valoriser : c’est ce que FO Com revendique haut et fort pour la défense du pouvoir d’achat des postiers.