Dossier

AU COEUR DE L’ACTIVITÉ COLIS

Avec toutes ces acquisitions/rachats de filiales, le recours massif à la sous-traitance, les nouveaux services autour de la logistique mais aussi l’adaptation de l’outil industriel, on voit que La Poste nourrit de grandes ambitions industrielles et logistiques. La force du réseau postal national, le savoir-faire des postiers, tout cela peut nous laisser penser que La Poste est un colosse. Mais n’est-elle pas un colosse aux pieds d’argile dans un marché hyperconcurrentiel, souvent loin des règles et des garanties sociales que l’on est en droit d’attendre ?

Le marché du Colis a vu une explosion sans précédent, mais derrière cette activité, il y a des postières et des postiers. Tout développement et autre montage stratégique ne doit pas se faire sans l’intégration de toutes et tous. Entre enjeu économique et social, il semble que La Poste prend une direction loin des attentes de tous ses agents.

LE VIRUS QUI ACCÉLÈRE LA DIGITALISATION

En 2020, l’actualité a été dominée par l’explosion du trafic Colis avec l’envolée du e-commerce, conséquence de la crise sanitaire et des confinements successifs. 42 millions d’internautes ont ainsi effectué des achats en ligne au cours du premier trimestre 2020. 90 % d’entre eux ont même effectué de 1 à 3 commandes par semaine (contre trois par mois en 2019).

La croissance attendue pour le e-commerce international pourrait passer de 300 milliards de dollars en 2015 à 900 milliards en 2020, soit une progression deux fois plus importante que le commerce domestique en ligne. Selon l’étude réalisée pour le groupe DHL, ce sont les coûts de transport en forte baisse qui favorisent cette explosion du e-commerce transfrontalier. Le consommateur se voit proposer plus d’offres et des marchés spécifiques (culturels, culinaires, technologiques…).

En France, ce ne sont pas moins de 200 000 sites e-commerce (10 fois plus qu’il y a 10 ans) qui peuvent potentiellement proposer leurs produits et services à l’étranger. Néanmoins, les sites français et allemands restent timides dans leur rapport aux marchés extérieurs : avec 3 % de sites enregistrant un trafic international supérieur à 15 %, les deux moteurs européens restent loin derrière l’Espagne ou le Royaume-Uni où près de la moitié des sites web marchands enregistrent des visites internationales.

À l’export, seuls 15 % des colis sortant de France sont des envois B2C (professionnels à clients), c’est-à-dire résultant d’un achat en ligne. C’est une marge de manœuvre importante pour les entreprises françaises, puisque les livraisons à l’étranger sont désormais facilitées par les nouveaux acteurs.

Comparateurs de prix, services personnalisés, délais de livraisons à J+1 ou J+2, offres pour les vendeurs en marketplaces…, les opportunités ne manquent pas pour accroître sa clientèle internationale. Qui plus est, le secteur est vecteur de créations d’emplois. La Poste profite bien évidemment de cette accélération. Ainsi, elle a vu son chiffre d’affaire Colissimo, « Business Unit » au sein de la Branche Services Courrier Colis, progresser de plus de 10 % au premier semestre 2020 pour atteindre 981 millions d’euros avec, depuis avril 2020, une hausse de 17,6 % des volumes distribués.

ET CHEZ LES CONCURRENTS DE LA POSTE, QUE SE PASSE-T-IL ?

Dans le contexte de ses très médiocres performances sociales, Amazon occupe depuis la pandémie une position de marché renforcée qui constitue une menace pour nos économies et nos sociétés. L’influence d’Amazon se fait sentir bien au-delà du secteur de la distribution. Ce géant de la technologie est non seulement une force commerciale de la distribution physique des produits d’épicerie, de la pharmacie mais il ambitionne également de se développer dans les réseaux sans fil, les soins de santé et la fourniture de services Internet. Amazon est une menace pour les travailleurs, remet en cause les libertés syndicales et annihile la diversité du marché.

Amazon contrôlait déjà 50 % du marché du commerce électronique aux États-Unis, et durant la crise de la COVID-19, le trafic sur Amazon.com a progressé de 20 %, alors que par exemple, la livraison de produits d’épicerie à domicile explosait de quelques 90 % quand les magasins physiques étaient temporairement fermés dans un grand nombre de pays.

Après avoir renforcé sa position et face à la crise économique, Amazon s’est bien positionné pour effectuer, à des prix dérisoires, des acquisitions destinées à neutraliser la concurrence (Deliveroo).

Non content d’absorber une part de marché de plus en plus grande, Amazon bénéficie aujourd’hui encore d’un autre avantage compétitif : une capacité « d’évitement fiscal » exceptionnellement agressif. Ces six dernières années, l’entreprise n’a payé que 7,8 milliards de dollars d’impôts sur le revenu, soit 11 fois moins qu’Apple et 4,4 fois moins que Microsoft ou Walmart. En Europe, elle ne paye pratiquement pas d’impôts; au contraire ces deux dernières années, Amazon Europe a bénéficié de crédits d’impôts pour plus d’un demi-milliard d’euros.

Autre géant du e-commerce, Alibaba semble poursuivre sa conquête de l’Europe, et en particulier de la France. Après plusieurs partenariats avec des entreprises, comme La Poste ou encore Relais Colis, le rival d’Amazon veut désormais aller plus loin, avec l’ouverture d’un centre logistique dans l’Hexagone. Rien ne semble arrêter le développement européen de la société chinoise. En août dernier, Alibaba avait ouvert son premier magasin physique à Madrid. L’entreprise a également fait construire des bâtiments en Belgique, sur le site de l’aéroport de Liège, qui devraient être opérationnels d’ici mi-2021.

Alibaba figure désormais au 14e rang des commerçants en ligne les plus consultés, juste après Darty et Rakuten. Pour le moment, les délais de livraison peuvent atteindre plusieurs semaines, le temps que les produits soient acheminés dans l’Hexagone. Le site de Liège répondra à ces questions comme le magasin éphémère avec un espace dédié aux prestations des influenceurs, dont le géant chinois veut accélérer le développement en France pour animer les ventes.

En attendant, ces douze derniers mois, et ce, malgré les restrictions imposées par la pandémie, Alibaba se vante d’avoir pu engranger « environ 1 000 milliards de dollars sur sa plateforme de marché », dépassant largement Amazon et pouvant ainsi prétendre lui ravir son A dans la bande des 4 GAFA (Google Amazon Facebook Apple).

PLUSIEURS VOIES POUR LE MÊME SERVICE RENDU

En 2020, Colissimo représentait 445 millions d’objets traités. Le trafic estimé pour 2025 est de 600 millions pour atteindre potentiellement le milliard en 2030. Cependant avec aujourd’hui 14 % du chiffre d’affaires, cette activité ne compense pas la perte du CA du courrier traditionnel qui, lui, a affiché un repli de près de 20 %, soit 950 millions d’euros de perte. L’activité historique, et de surcroît une mission de service public, ne pèse plus qu’environ 18 % dans le chiffre d’affaires du Groupe.

PAR LE BIAIS DES FILIALES…

18 % du CA pour le courrier traditionnel, 14 % pour Colissimo et… 35 % pour le trafic international. Branche dédiée à la livraison du colis express de moins de 30 kg, la holding GeoPost/DPD Group est le premier réseau de livraison en Europe avec 5,3 millions de colis livrés par jour.

Cette puissante organisation repose sur des filiales telles Chronopost, SEUR en Espagne ou encore BRT en Italie. La stratégie de La Poste est basée sur une politique d’acquisitions permettant à GeoPost de s’implanter en Russie, au Brésil, en Afrique du Sud, en Turquie ou encore Asie du Sud-Est qui sont les marchés les plus dynamiques du colis express.

Au-delà du réseau, il y a également la forme que prend le colis. Avec par exemple l’acquisition de Delifresh et Biologistic, Chronopost livre aujourd’hui les produits alimentaires et de santé en température dirigée y compris en Espagne (SEUR) et en Belgique (DPD). L’offre s’accompagne également de services adaptés : choisir l’heure et le lieu de livraison de son colis, suivre l’acheminement en temps réel ou encore retirer ses marchandises dans l’un des 46 000 points relais Pick-up.

…ET L’EXPLOSION DE LA SOUS-TRAITANCE

Bien que le marché du colis soit en plein essor et malgré sa stratégie ambitieuse et ses services sur mesure, La Poste est cependant prise en étau entre son modèle social et le « toujours plus vite, toujours moins cher » de ses concurrents. Le Groupe a bien évidemment une longueur d’avance dans les métiers de la distribution avec son maillage territorial et le savoir-faire des postiers. Mais la concurrence est telle, avec notamment Amazon ou Alibaba, que Le Groupe fait parfois des choix très discutables. Ainsi le recours à la sous-traitance et aux intérimaires amène La Poste à un « moins-disant social » mais aussi à une dégradation de sa qualité de service.
FO Com dénonce ce recours, particulièrement dans les agences colis d’Île-de-France où la sous-traitance peut représenter jusqu’à 80 % du personnel. Les élus FO Com ont récemment rappelé lors du comité de Groupe GeoPost le danger de l’ubérisation des métiers de la livraison en soulignant les conditions de travail d’un autre âge des étudiants auto-entrepreneurs de la filiale STUART.

D’une manière générale, les conditions de travail sont parfois si déplorables, y compris dans les plateformes de distribution « maison-mère », que cela risque d’affaiblir La Poste elle-même, voire de la mettre en difficulté avec une qualité de service dégradée, des personnels sous tension ou encore des règles d’hygiène et de sécurité non respectées.

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PEAK PERIOD : LA RÉALITÉ SE CONJUGUE À L’IMPARFAIT

La période de fort trafic de fin d’année, appelée « Peak Period », est un bon exemple. Bien-sûr, elle a été inédite de par la crise sanitaire et l’explosion du commerce en ligne. Il n’empêche que lorsqu’il faut pallier des difficultés supplémentaires et faire face à l’imprévu, il vaut mieux avoir « les reins solides ».

Durant cette Peak Period, plus de 130 millions de colis ont été traités en novembre et décembre, soit 60 % de plus qu’en 2019. Le réseau postal a, par exemple, fait transiter et distribuer 19,3 millions de colis en une semaine contre 12,8 en 2019 sur cette même semaine, le record étant de 4,1 millions de colis sur la seule journée du 16 décembre.

Les plateformes de distribution se sont vues ainsi submergées par des milliers de colis empêchant le respect des mesures barrières et des règles élémentaires de sécurité. Les véhicules, non adaptés, ont obligé les facteurs à doubler voire tripler leurs trajets par des allers et retours supplémentaires.

Les conditions de travail ont été telles que FO Com a alerté la Direction de La Poste, l’obligeant à mettre des renforts. Bien qu’insuffisants, ces moyens ont permis de desserrer l’étau.

Témoignage

Cette année, j’ai vécu la pire « Peak Period » de toute ma carrière à La Poste, avec l’augmentation du colis, plus rien n’a collé avec l’organisation d’avant COVID. Avec les collègues on avait l’impression qu’on n’en verrait jamais le bout, tous les jours entre 100 et 130 colis, en plus du courrier. Ma voiture était trop petite, à un point où je faisais trois allers-retours au bureau pour la recharger et parfois sans bénéficier de renforts.

Quand mes vacances sont arrivées, je me suis écroulée de fatigue mais en pensant que cela allait s’arranger à mon retour.

Pas du tout, ce n’est qu’en février que La Poste a mis en place un groupe de travail pour réorganiser le chantier colis. Les gestes barrières dans mon bureau n’ont tenu que très peu de temps, c’est tellement la course, le bureau est tellement petit qu’au bout d’un moment plus personne ne fait attention…

Témoignage de Christelle, factrice tournée mixte (tournée lettres et colis) illustrant les difficultés et le quotidien de la Peak Period 2020
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RECONNAÎTRE LES POSTIERS N’EST PAS UNE PRIORITÉ…

Au-delà de la dégradation des conditions de travail et d’emplois, la reconnaissance salariale est également en berne. Le résultat de la dernière négociation salariale en est la preuve. Avec une augmentation générale de 0,2 %, les salariés, une fois de plus, ne verront pas leur pouvoir d’achat augmenter de façon significative. D’autant qu’aucun intéressement ni « prime Covid » ne sont prévus. Bien que ces personnels aient répondu présents pour absorber un trafic hors normes, ils restent les agents de « première ligne » de La Poste avec les conditions de travail les plus pénibles (charges, aléas de la météo…) et les salaires les plus bas.

La Poste avance toujours les mêmes arguments pour justifier cette situation : les volumes du colis ne compensent pas la baisse du courrier qui s’est accélérée avec la crise sanitaire, ce qui fait perdre de l’argent à La Poste. Nonobstant cet argument, nous rappellerons toutefois que malgré cette période économique compliquée, son résultat net est positif de plus de 2 milliards d’euros. Toutes les entreprises ne peuvent pas en dire autant ! Cela dit, jusqu’où La Poste va-t-elle aller dans son raisonnement ? Car le Courrier va continuer de baisser et les nouveaux services (509 millions d’euros de CA en 2020), notamment les services à la personne, sont encore loin de compenser le manque à gagner de l’activité Courrier Colis (-1,130 milliard).

On ne pourra pas indéfiniment faire subir aux postiers, maison-mère ou filiales, les changements et restructurations sans contrepartie financière, sans perspectives de carrière et plus globalement sans donner du sens aux métiers et d’appartenance à l’entreprise.

Recourir à la sous-traitance et donc surfer sur la précarité de l’emploi, faire de la disette salariale une stratégie de développement, ne sont pas dans les pratiques d’une entreprise citoyenne. La Poste mérite mieux que de copier Amazon. Son histoire en fait une grande entreprise avec des valeurs que sa raison d’être, juste dévoilée, vient nous rappeler. De plus Le Groupe a les capacités de faire autrement et ainsi se détacher d’un modèle qui prône l’ubérisation des métiers, il doit se différencier par le haut.

COMBINER SERVICES ET ÉCOLOGIE : L’INCONNUE DE L’ÉQUATION RESTE L’ANGLE SOCIAL

L’intervention du Président de La Poste devant les maires de France le 4 février dernier va, pour FO Com, dans ce sens. Le PDG a en effet demandé la révision du contrat de présence postale territoriale sans attendre sa renégociation prévue en 2022 pour « inclure dans l’avenant du contrat les conditions de distribution du Courrier et du Colis ainsi que la définition de nouveaux services […]. »

En intégrant le Colis et les nouveaux services dans le Service Universel, La Poste se donne un avantage concurrentiel en termes d’éthique citoyenne et donne ainsi aux clients le choix entre 2 modèles.

En matière d’écologie, La Poste montre également sa volonté de « faire autrement ». L’ensemble de la « logistique urbaine » est un enjeu pour Le Groupe, depuis l’enveloppe à la palette, puisque 73 % de la population en Europe vit en ville. La Poste détient une des plus importantes flottes mondiales de véhicules électriques, dont 10 000 véhicules utilitaires légers. À ce jour, ce sont 19 métropoles françaises qui bénéficient d’une desserte par des dispositifs à faible émission de gaz à effet de serre (GES). En Europe, grâce à la filiale URBY, 225 métropoles européennes seront desservies en 2025 en zéro émission de GES. L’urgence climatique et la transition à venir vont accélérer la nécessité d’échanges « décarbonés ». On voit bien que La Poste entend jouer son rôle prépondérant d’entreprise responsable en France et en Europe.

Alors ce que l’on peut faire en matière d’écologie, pourquoi ne pas le faire dans le domaine social ? Pour FO Com, cette politique environnementale doit s’affirmer également en développant un modèle social responsable. À l’heure où beaucoup rêvent du « monde d’après » avec une consommation responsable, locale, écologique, les citoyens doivent pouvoir disposer d’un modèle de messagerie, de la commande à la livraison, qui respecte les hommes et les femmes comme le droit du travail. La Poste garderait ainsi son étiquette d’entreprise citoyenne, avec un modèle social digne de son histoire et se démarquerait des autres. À elle, alors de valoriser ces atouts et de défendre sa différence. À nous tous, citoyens, de choisir.

Pour nous FO Com, ce choix est fait et nous le défendrons auprès des citoyens.

Centres Financiers à La Banque Postale. En terminer avec 2020 !

En ce début d’année, les personnels des Centres Financiers ne se sont pas sentis à l’aise avec les changements et annonces de nouvelles transformations, donnant le « ton » du futur plan stratégique 2020/2030. À la question « les évolutions actuelles au sein de La Banque Postale sont plutôt une bonne chose, plutôt une mauvaise chose ou ni une bonne ni une mauvaise chose ? » 38 % ont répondu « plutôt une mauvaise chose » du point de vue des personnels et 31 % du point de vue des personnels vis-à-vis des clients. L’expression des agents lors du dernier baromètre social spécifique métier est loin d’être satisfaisante.

Des métiers évoluant depuis déjà plusieurs années

Au fil du temps, ce ne sont plus des points d’attention mais bien de réelles alertes sur la confiance dans l’avenir des Centres Financiers. Les agents inquiets ou sceptiques au regard des évolutions de La Banque Postale, continuent de considérer ces changements comme trop rapides, mal engagés, mal accompagnés. Les personnels ne trouvent pas leur place. Et pourtant, ils restaient encore fiers (données baromètre social 2019) de travailler au sein de La Banque Postale…

Ça, c’était avant la COVID et les confinements successifs de 2020… C’était avant le déclenchement du Plan de Continuité de Service accentuant la vague numérique sur notre métier. C’était avant ces plans d’actions qui se sont révélés inefficaces pour renforcer l’efficience du SI, la généralisation d’outils et applicatifs toujours autant inadaptés. C’était avant la mise en place du télétravail de crise…
Les défis à venir, au premier plan desquels le numérique, invitent à la vigilance. Certes, l’Intelligence Artificielle peut être vecteur d’innovation et de progrès, mais indéniablement génératrice de productivité. Aujourd’hui, notre clientèle paie et utilise les services bancaires à distance. Le résultat qui en découle est sans appel : le digital va irriguer toutes les activités bancaires. C’est pourquoi à ce jour, les canaux numériques prennent de plus en plus de place dans la relation clientèle.

Pour FO Com, il est nécessaire de mesurer dès maintenant les impacts du numérique sur nos métiers, sur la protection des postiers et de leurs collectifs de travail. FO Com mettra tout en œuvre pour garantir des activités pérennes sur tous les sites dans le cadre des négociations qui s’ouvriront en 2021.

Le projet en cours sur les « nouvelles méthodes de travail » initié par La Banque Postale envisage bien, à termes, la transformation de nos organisations de travail. Ces nouvelles méthodes d’organisations vont s’intégrer dans nos différentes activités, vont les transformer, faire évoluer nos métiers, nos fonctions, la façon d’être managé et de manager. On le voit déjà avec la mise en place du travail à distance « COVID » qui s’est mis en place dans les centres depuis avril. « Se déconnecter le soir ou le week-end », bon nombre de collègues n’y arrivent plus tant la charge émotionnelle et mentale est forte.

Le constat est bien là : la frontière entre l’entreprise et l’extérieur est devenue plus poreuse! La réponse du moment pour La Poste étant « parlons Zen », avec la mise en place d’espaces de discussions sur le travail portant à des échanges entre le manager et son équipe. Cette mise en œuvre a pour but de faciliter le travail de l’équipe au quotidien et traiter les problématiques diverses de la vie au travail (conditions de travail, organisation, management développement, coopération, etc). Mais pour FO Com, il faut bel et bien mesurer les impacts des organisations dans le cadre de cette crise, c’est impératif !

Quels enseignements devons-nous en tirer ?

Depuis des décennies, le métier a connu de fortes transformations et reconversions induites. FO Com a pris ses responsabilités en signant les divers accords AMB. En vigueur jusqu’à fin 2020, AMB3 protège, rassure. Et il était inconcevable en cette période de ne pas avoir de réponse à notre demande de prolongation !
Nous venons enfin d’obtenir cet allongement sur 2021 et mettrons tout en œuvre pour consolider les acquis, la traduction des efforts fournis par les personnels, dans ces années marquées par tant de transformations et de remises en question.

FO Com déploiera toutes ses forces pour négocier et revendiquer afin de transposer les garanties acquises et contractualisées dans cet accord. Nous connaissons déjà la teneur de ces négociations portant sur « l’employabilité » et des « contreparties » dans ce futur plan, qui sera sur le tout digital et la simplification encore plus poussée des processus.

Pour FO Com, les incontournables sont de continuer le recrutement et l’accueil d’apprentis, maintenir les sites, donner aux managers les moyens de faire du management humain, construire et avoir une visibilité sur nos parcours professionnels.

Un bilan et des études d’impacts devront être initiés sur les organisations élaborées tout au long de cette crise sanitaire. FO Com le dit et le dénonce : ces organisations de travail ne sont pas respectueuses de la santé physique et morale des personnels.
Nos actions, nos leviers, notre force : notre réseau de militants, membres de CHSCT et correspondants FO Com sur site ! Mobilisés, investis et en proximité, ils répondent toujours présent !
L’intergénérationnel est également important pour appréhender les Centres Financiers de demain et forger la plaque revendicative à défendre dans les prochaines années.

Quels enseignements devons-nous en tirer ?

C’est plus de 10 000 personnes sur les Centres Financiers, les Centres Financiers Nationaux, la Banque à Distance, le Centre National de Mise en Relation, le siège des Services Financiers. Le plus souvent, ces sites tertiaires sont géographiquement implantés dans les grosses agglomérations, ainsi que dans les DOM avec 4 Centres Financiers.

L’âge moyen est d’un peu plus de 50 ans, au-delà de la moyenne d’âge de La Poste, avec plus de 3 500 personnes entre 55/59 ans et plus de 1 400 personnes entre 60 et 65 ans. D’où l’accent à mettre sur la nécessité de sécuriser les compétences et d’organiser ces transferts de compétences ! Les quelques 300 recrutements annuels ne compensent pas les centaines de départs en retraite. Notre périmètre métier a la particularité d’avoir un plus fort taux de personnels sous statut fonctionnaire. Là aussi, c’est une exception au niveau des métiers de La Poste. Les femmes sont une forte composante des effectifs, avec 65 % de représentation voire plus sur certains métiers.

L’emploi à La Poste : l’urgence à saisir

Avec un effectif de 202 736 agents dont environ 35 % de fonctionnaires auquel il faut rajouter environ 40 000 postiers des filiales, La Poste fait partie des plus grandes entreprises de main d’œuvre en France. Bien que Société Anonyme (SA), elle doit assurer 4 missions de service public que sont : l’aménagement du territoire, le service universel c’est-à-dire la distribution du courrier 6 jours sur 7, la distribution de la presse et l’accessibilité bancaire. Ces missions de service public sont plus que jamais encrées dans le quotidien des français. La crise sanitaire que nous venons de traverser l’a démontré de manière très nette.

Ubérisation du modèle salarial : la dégringolade vertigineuse

Après les fonctionnaires, La Poste a recruté des contractuels de droit public puis des salariés de droit privé. Cette tendance s’est accrue avec le passage de l’entreprise en SA en mars 2010. Aujourd’hui La Poste, en plus des CDI, fait appel de plus en plus souvent à de l’intérim et aux CDD. À FO, nous sommes convaincus que cette politique affaiblit le Groupe et que des emplois stables et pérennes sont à même de mieux relever les défis auxquels l’entreprise doit faire face. En 2019, La Poste a recruté 7 799 CDI alors même que les départs étaient au nombre de 12 646. Des recrutements supplémentaires en CDI sont donc indispensables pour assurer le développement de nouvelles activités et garder une qualité de service faisant de La Poste un distributeur pas comme les autres.
Si La Poste affiche 80,33 % de postiers formés pour 2019, il faut cependant pondérer ce chiffre; car la moindre formation « e-learning », aussi brève soit-elle, est considéré comme une formation à part entière. Pour FO Com, il faut privilégier et exploiter à bon escient les viviers d’apprentis, mettre en place de véritables plans de formation tout comme développer le tutorat et les stages d’immersion. Il est également indispensable d’aménager les positions de travail des seniors afin de les maintenir dans l’emploi. Même si des mesures ont été actées envers l’accompagnement des seniors au regard de la pénibilité, cela ne suffit pas !
En complément, des dispositifs de départ anticipés doivent être mis en place pour permettre aux postiers rencontrant des difficultés, santé, aptitude, etc. de partir dans de bonnes conditions, notamment pécuniaires. C’est en sens que le TPAS doit être revu dans le but de répondre aux besoins économiques des postiers qui désirent ou doivent s’arrêter de travailler. Ainsi, cela éviterait de recourir, comme bien trop souvent, aux licenciements pour inaptitudes. Enfin, les licenciements pour inaptitude ne touchent pas seulement les seniors. Tous les personnels sont concernés puisque c’est le résultat de charge de travail mal dimensionnée, du manque d’adaptation des outils et d’objectifs démesurés.

Produire plus avec toujours moins

Destruction d’emplois et productivité massive ne font pas bon ménage. Si nous prenons l’exemple de la Branche Courrier/Colis, l’argument de l’entreprise pour réduire les effectifs est systématique : c’est la baisse des flux courrier, c’est inévitable ! Mais elle oublie qu’en parallèle, le développement de nouveaux services, la déferlante exponentielle de colis fournissent de l’activité aux facteurs. Et si cela ne suffit encore pas, il faut noter également que La Poste tire son épingle du jeu par la croissance externe, notamment des acquisitions à l’étranger ; cette croissance représentait 730 millions d’euros en 2019. Malheureusement, tout en affichant de bons résultats avec un chiffre d’affaire à la hausse (5.2 %), La Poste demande à ses personnels de faire toujours plus avec moins. Ainsi, les tournées de distribution à rallonge et la suppression des volants de remplacement mettent à mal l’organisation du travail au sein des services du courrier. Quant aux services des guichets, la fermeture d’établissement ou l’externalisation couplée aux objectifs inadaptés créent un mal être qui risque d’aller grandissant avec l’intégration de la CNP, intégration qui va imposer aux postiers des objectifs commerciaux de plus en plus ambitieux. Faire plus, toujours plus sans moyens supplémentaires, avec des salaires en berne… telle est la politique de La Poste… Pour FO Com, STOP !
Conséquence, La Poste est en constante restructuration. Si les contraintes économiques ne donnent parfois guère le choix, cela ne doit pas se faire au détriment des postiers, de leurs conditions de travail, de leur sécurité et de leur santé. Pour beaucoup, les réorganisations incessantes créent un terrain favorable à la perte de sens du travail. De plus, cette instabilité permanente qui demande une adaptabilité constante pèse aussi sur la qualité des services rendus aux usagers. Ajoutons à cela un recours accru aux CDD ainsi qu’à l’intérim, et on obtient une dégradation des conditions de travail, une qualité des missions de service public en berne. Enfin, pour FO, la ré-internalisation des activités et l’arrêt de la sous-traitance doivent être une priorité. En passant par des prestataires, La Poste perd indéniablement en ressources et en savoir-faire, impactant son image d’entreprise publique de qualité et garante des valeurs républicaines.
La Poste fait bien trop souvent référence à cette célèbre maxime : « ne pas voir le mal, ne pas entendre le mal, ne pas dire le mal ». Normalement, à ceux qui appliquent cet adage, il n’arrivera que du bien. Mais pour FO Com, les conséquences peuvent être désastreuses d’un point de vue social et il n’est pas question de faire la sourde oreille. Notre ambition ? Faire en sorte que le personnel puisse avoir un travail décent avec un salaire à la hauteur de leurs compétences, de favoriser l’égalité des chances et d’avoir une politique d’emploi permettant d’améliorer la qualité de services rendus aux usagers, le tout dans une entreprise qui, si elle doit se transformer, ne doit pas perdre sa raison d’être et sa responsabilité sociale. Les postières et les postiers qui auront plus de satisfaction dans l’exercice de leurs métiers amélioreront, sans nul doute, leur performance individuelle mais aussi collective nécessaire à la pérennité économique de La Poste.

emploi
L’inclusion,
un incontournable pour les défis de demain !

La Poste se transforme mais elle ne pourra réussir qu’en y intégrant tous les postiers. L’évolution professionnelle est un levier trop peu souvent exploité. Pourtant, elle permet allègrement le développement des compétences et des savoir-faire, indispensables dans les missions de service public qui lui sont confiées. Cette reconnaissance professionnelle, mais aussi financière, doit être effective à destination de ces personnels s’investissant jour après jour dans un contexte de travail de plus en plus exigeant. Favoriser l’égalité professionnelle et l’insertion des personnes en situation de handicap font aussi partie intégrante d’une politique d’emplois responsable. La Poste a su prendre des mesures à cet égard, avec 7 % de bénéficiaires de l’obligation d’emploi en 2019 ; mais nous ne pouvons nous contenter d’objectifs atteints. Il faut aller plus loin ! Des discriminations persistent au-delà des chiffres.

Services publics modèle social en péril !

La crise du COVID-19 a révélé l’incapacité des services publics à répondre aux besoins élémentaires des citoyens, notamment du service public postal, démontrant par la même occasion combien ces services étaient indispensables. Pour FO Com, cette insuffisance n’a pourtant rien d’étonnant. Elle est tout simplement le résultat des attaques régulières orchestrées depuis 30 ans par les gouvernements successifs au nom d’une austérité budgétaire généralisée.

Une catastrophe sociale

Ces politiques d’austérité vont jusqu’à mettre en péril la vie des citoyens. Alors que l’hôpital est le seul lieu d’accueil et de soins ouvert à tous 24h/24, 365 jours par an et reçoit 95 % de malades suivis pour des pathologies chroniques, des maladies orphelines, un handicap, des maladies psychiatriques, il lui a été impossible de répondre à l’urgence sanitaire de ces derniers mois. Or il est, pour beaucoup d’entre nous vivant dans des déserts médicaux, le seul lieu de prise en charge possible. La crise du COVID juxtaposée à celle des urgences a mis en lumière la dégradation de la situation hospitalière qui s’opère depuis des décennies. Les sous-effectifs persistants dans les services, le manque de lits et de matériel ont été vecteurs de situations dramatiques. Du côté des soignants, la sous-rémunération a pour conséquences des démissions ou des arrêts maladies tellement les conditions de travail sont devenues intenables.infirmieres
Et que dire des Ehpad ? Une « tragédie », une « calamité », un « drame ». C’est avec ces mots que la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale, qui examinait le 21 juillet la situation des Ehpad face à l’épidémie de COVID, a qualifié la situation des résidents et de leurs soignants dans ces structures d’accueil pour personnes âgées dépendantes. Ces dernières ont été les premières victimes du virus, en raison de leur âge et des facteurs de comorbidité, tout a manqué pour les protéger ou les soigner : masques, gel, oxygène, tests, morphine, médicaments… Certains établissements ont vu 70 % de leur personnel et un peu plus de la moitié de leurs résidents, contaminés. À force de considérer le Service public comme une dépense et de voir le poids de l’État comme une charge pour les entreprises, la France, 7ème puissance mondiale, en est arrivée à protéger ses soignants avec des sacs poubelle et à abandonner ses citoyens dans leurs besoins élémentaires, et ceci, de façon plus marquée en zone rurale. Cet abandon est d’autant préoccupant qu’il risque de s’accentuer avec la dématérialisation.

Expliquer pour alerter, alerter pour défendre

Alors que l’exécutif entend conduire d’ici 2022 une dématérialisation complète des services publics avec le programme « Action publique 2022 », FO craint une fracture numérique dont les victimes sont souvent celles et ceux qui ont le plus besoin de recourir aux aides publiques… Les concernés sont principalement les personnes les plus âgées, les plus modestes, les moins diplômées. Or pour FO, la dématérialisation administrative devrait améliorer l’accès aux droits, et surtout ne pas se substituer aux agents dont le statut est garant de l’égalité des citoyens et du lien social. Aucune démarche administrative ne devrait être accessible uniquement par une voie dématérialisée, pour ne pas créer un handicap plus qu’une aide. En 2016, près de 7 millions de personnes se disaient dans l’incapacité de déclarer ses revenus, de télécharger et remplir un formulaire en ligne, ou d’obtenir des informations sur Internet (source : agence du numérique).
Dans son dernier rapport, le Défenseur des droits souligne de nouveau les effets délétères du recul des services publics. FO rappelle que le Service public est un investissement, moteur de l’économie et garant de progrès social. Il y a donc urgence à sortir de ces politiques purement comptables. Ni le projet de l’exécutif d’ouvrir 2 000 Maisons France Services d’ici 2022, ni le redéploiement de quelques milliers de fonctionnaires ne sont des solutions acceptables pour compenser les suppressions de sites et d’emplois réalisées ces dernières années dans l’ensemble des services publics.

« Nous devons faire en sorte de rompre le discours qui ne voit dans le service public qu’une dépense. Le service public, via l’impôt, c’est l’investissement de la nation pour l’égalité et la fraternité, sans lesquelles il n’y a pas de libertés. Les privatisations éloignent le service public de l’usager, détruisent l’emploi, remettent en cause le pacte républicain. Il n’y a pas de République sans service public. Car les services publics sont la République. »
— Yves VEYRIER , Secrétaire Confédéral


Le service public des télécoms, de loin en loin…

Opérateur historique des télécommunications, France Télécom devenue Orange en février 2012, est aujourd’hui loin du Service public. Dès 1988, la Direction Générale des Télécommunications avait pris le nom de France Télécom pour préparer une « libéralisation » du marché à l’image de ce qui s’était fait 4 ans auparavant aux États-Unis. Afin de préparer l’ouverture totale à la concurrence en application des directives européennes, l’entreprise a été transformée en société anonyme au 1er janvier 1997 avec au départ, l’État comme unique actionnaire. Mais, dès la même année, le capital a été ouvert et au fil du temps, l’État a vendu des parts jusqu’à perdre la majorité en 2004. France Télécom devient alors une entreprise privée. Depuis, l’État n’a eu de cesse de se désengager. En 2007, la participation publique était de 27%, elle représente aujourd’hui 22,95% (BPI 13,39 %, APE 9,56 %). En marge de la privatisation, France Télécom change de nom pour devenir Orange en février 2012.

De multiples attaques…

Au-delà du désengagement de l’État que FO Com n’a eu de cesse de dénoncer, Orange doit faire face aux attaques, que ce soit de l’ARCEP, le régulateur des télécommunications, de ses concurrents pour qui tout aide est une entrave à la concurrence libre et non faussée mais aussi de l’État lui-même à travers l’Autorité de la Concurrence qui inflige régulièrement de lourdes amendes en général injustifiées. L’Union Européenne n’est évidemment pas en reste pour s’en prendre à tout ce qui rappelle de près ou de loin le Service public. Ainsi, elle a pénalisé à plusieurs reprises France Télécom en lui imposant de lourdes contraintes financières au titre de la présence des fonctionnaires en son sein. Cependant, quand il s’agit d’assurer des missions qui ne relèvent pas ou plus du Service public – toutefois indispensables -, tout le monde se retourne vers l’opérateur historique ! L’ouverture du marché a obligé Orange à mettre son réseau à disposition de ses concurrents, leur évitant de devoir investir dans les mêmes proportions. L’ouverture totale à la concurrence ne met donc pas tout le monde sur un pied d’égalité. De par son histoire et sa position d’opérateur historique, on laisse facilement à Orange le « non rentable », en utilisant son réseau pour accéder au marché et proposer des offres d’accès. Sans compter les menaces ou sanctions auxquelles Orange doit faire face; un coup c’est Bruxelles qui scrute les aides soi-disant reçues de l’État, un coup c’est l’ARCEP qui sanctionne l’entreprise si elle ne remplit pas, seule, des missions de service public, comme l’entretien du réseau cuivre, alors que cela représente des coûts faramineux et qu’en même temps, la même ARCEP presse Orange de fermer rapidement le dit réseau cuivre.

…Aux effets plus que discutables

Les conséquences d’une telle cacophonie, orchestrée par des directives européennes, se répercutent à différents niveaux : pour les clients, pour les salariés mais aussi pour le développement et l’innovation. La stratégie du plan France Très Haut Débit adoptée en 2013 devait couvrir l’ensemble du territoire en très haut débit pour 2022 avec un investissement de 20 milliards partagé entre l’État, les collectivités territoriales et les opérateurs privés. Or, sans politique industrielle cohérente et une nécessaire régulation avec un contexte d’hyper-concurrence, notamment avec l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile, le déploiement du plan THD a pris plusieurs années de retard avec des surcoûts démesurés et des résultats désastreux quant au schéma des Réseaux d’Initiative Publique. Sans compter la différence de coût d’une région à une autre, d’un département à l’autre. Cette situation est exactement l’inverse d’un Service public garant de l’égalité des citoyens. Face à cette situation, Orange a voulu « consolider l’ancrage territorial » et ainsi « renforcer le local » sans pour autant augmenter ses effectifs dans aucun des métiers. Ainsi, plus de 3 000 emplois disparaissent chaque année. Pourtant, la loi Lemaire promulguée en octobre 2016 prévoyait « une République numérique avec les conditions d’un internet accessible au plus grand nombre, au travers de l’accélération de la couverture du territoire en très haut débit et en téléphonie mobile… ». Raté ! Pour FO Com, ce n’est pas faute d’avoir alerté.

Pourtant, une autre vision est possible

Dès la parution des résultats de la mission CHAMPSAUR prévoyant l’extinction du cuivre, FO Com avait indiqué que la disparition du réseau traditionnel entraînerait un problème dans la continuité du service public et que l’installation de la fibre devait être aux mains d’Orange pour éviter l’hégémonie des intérêts particuliers. Pour FO Com, l’État doit être le garant naturel d’une politique publique permettant égalité des citoyens, développement et innovation. C’est la raison pour laquelle nous avons toujours milité en faveur d’un service public des télécommunications qui serait la locomotive dans ce secteur, et afin que cesse le désengagement de l’État en rappelant qu’un euro investi dans le secteur rapporte 6 euros de PIB.

Au lieu d’être attaquée régulièrement pour concurrence déloyale en raison de son actionnaire majoritaire mais en même temps soumise aux directives européennes et aux lois de la concurrence les plus intransigeantes, Orange aurait dû rester le fleuron technologique, moteur de l’écosystème numérique en France. La Nation s’en serait trouvée grandie, les investissements permettant l’innovation, la recherche donc la richesse, technique, économique mais aussi humaine aurait été renforcée. Malgré ces vicissitudes, les personnels d’Orange continuent à assurer le fonctionnement des infrastructures essentielles à la vie de la Nation. Ils l’ont plus que prouvé lors de la crise sanitaire que nous venons de traverser en permettant aux secteurs indispensables de fonctionner tels que la santé, l’énergie, la défense et en aidant les plus fragiles à ne pas rester isolés.


La crise sanitaire révélatrice du bien-fondé du service public postal

La pandémie aura permis de rappeler et de constater combien les services publics ont un rôle essentiel dans l’économie de notre pays, a fortiori dans les domaines d’activités de services postaux et de télécommunications; pour les particuliers, les administrations ou les entreprises. Aujourd’hui, comment travailler sans une connexion internet ? Comment percevoir ses aides sociales sans carte bancaire ?

Service public postal : comment en est-on arrivé là ?

Les cafouillages postaux, notamment dans la distribution du courrier dès l’apparition du COVID-19, resteront des faits marquants dans l’histoire des activités postales. Bien -sûr, tout le monde a été pris de court et la situation, par son caractère inédit, ne pouvait être que déconcertante. Mais au-delà de la sidération qu’elle a engendrée, la crise sanitaire a mis en lumière la faiblesse du grand groupe public qu’est La Poste, face à une situation d’urgence absolue.

Conséquences désastreuses des choix ultra-libéraux depuis le début des années 90

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La loi du 2 juillet 1990 donne la personnalité juridique et l’autonomie financière à La Poste et à France Télécom. Cette loi précise que « La Poste et ses filiales constituent un groupe public(…) qui remplit des missions d’intérêt général et exerce des activités concurrentielles ». Alors que ce texte de loi porte sur l’organisation du Service public, apparaît la notion de missions d’intérêt général ne répondant pas exactement à la conception française de service public. Les missions de service public ne sont pas clairement citées, leur financement à peine abordé. C’est le contrat de service public, sans valeur légale, entre l’État et La Poste qui officialise les quatre « missions de service public et d’intérêt général » qu’il est ici bon de rappeler : le service universel postal, la contribution à l’aménagement du territoire par son réseau de points de contact, l’accessibilité bancaire et le transport et la distribution de la presse.

Petit à petit, le ver mange le fruit…

Tout en affirmant que l’entreprise demeurera un « groupe public », la loi du 20 mai 2005 prévoit la régulation du secteur postal avec sa mise en conformité vis-à-vis des directives postales européennes. Et c’est en 2010, avec le changement de statut, que le législateur fait basculer définitivement La Poste en société anonyme. La Poste devient La Poste SA.

Pour ses dirigeants, ce changement de statut permettra à La Poste de solliciter d’autres investisseurs que l’État pour mener à bien ses projets et lui donner une réactivité comparable à celle des autres postes européennes. À l’époque, le législateur devait garantir le maintien d’une participation majoritaire de l’État devant permettre de réaffirmer les missions de service public. Le personnel allait également avoir des garanties. Déjà, et alors que La Poste emploie 299 000 agents (dont 54 % de fonctionnaires) et qu’elle dégage un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards d’euros, elle doit faire face à un contexte économique qui se complexifie. Le financement des services publics est déjà LA question centrale. Or, pas un mot sur le sujet.

Faux arguments pour une vraie privatisation

Pour justifier un tel projet, les arguments avancés par la direction de l’entreprise sont tous aussi fallacieux les uns que les autres. Ce qui fait écrire à FO Com « Faux arguments pour une vraie privatisation ». Preuves à l’appui, notre organisation informe postiers et citoyens du danger d’une telle décision. Par exemple, lorsque la direction de La Poste avançait qu’un statut public était un obstacle à son développement, elle avait déjà démontré elle-même le contraire par la création de 102 filiales et par l’explosion de sa croissance externe via l’achat d’entreprises dans le monde entier.

Il fallait également une sacrée mauvaise foi pour avancer qu’ouvrir le capital assurerait l’unité de l’entreprise quand dans le même temps, la métiérisation était déjà bien ancrée, avec des métiers développant leur propre stratégie. Il fallait changer au nom de l’Europe, ceci n’ayant aucun impact sur le service public, l’emploi. Bien au contraire, puisque les postiers pourraient même devenir actionnaires de leur entreprise !

La Poste avait pourtant tout pour affronter la concurrence, se développer et rester une grande entreprise publique. Personne n’était dupe. En participant activement au référendum initié par FO Com seule, sous l’impulsion de son administrateur, les français ne s’y sont pas trompés et ont rejeté une privatisation qui, si elle ne disait pas son nom, était bien réelle. Une opération inutile et néfaste, pour les usagers comme pour les postiers, dont nous constatons chaque jour les dégâts occasionnés.


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Interview de Christine Simon
Responsable du secteur Poste à la Fédération

Christine Simon rappelle qu’au-delà de la crise du Covid-19 qui a démontré les insuffisances du service public postal, « FO Com dénonce depuis des années une politique basée sur des réductions de moyens et des pressions sur les personnels. L’obsession de la direction à vouloir toujours réduire ses effectifs pour satisfaire à des exigences de productivité conduit à une situation dangereuse pour tous.
Les postiers subissent de plein fouet le désengagement de l’État. Pour qu’elle puisse continuer à assurer ses missions sans en percevoir le financement suffisant, La Poste cherche à faire des économies à tout prix et les personnels payent un lourd tribut.
Au Courrier, activité la plus en difficulté, les réorganisations sont de plus en plus fréquentes et les effectifs fondent comme neige au soleil. Les conditions de travail sont telles qu’il est impossible d’assurer un service de qualité : tournées à découvert, manque de moyens, colis en souffrance sans parler du dialogue social devenu quasi inexistant. Pour l’instant, les nouvelles activités tournées vers les « services à la personne » ne permettent pas de palier à la chute des volumes du courrier. Le service universel postal (distribution 6 jours sur 7) risque dans un avenir proche d’être remis en question faute de contribution suffisante de l’État. Si cela devait se concrétiser, ce sont des milliers d’emplois qui disparaîtraient.

Concernant l’aménagement du territoire et la présence postale, les nombreuses transformations de bureaux de poste en Agence Postale Communale, Relais Poste Commerçant, Maison de Service Au Public ou encore Maison France Services n’offrent pas la possibilité d’assurer l’ensemble des prestations dont on dispose dans un bureau de poste de plein exercice. Le service postal est désormais à géométrie variable tout comme les horaires d’ouverture. On se cache derrière ces « pseudo-bureaux » pour afficher une présence qui n’a rien d’un service public digne de ce nom. Les vrais bureaux (quand il en reste !) sont organisés en secteurs où les chargés de clientèle doivent être au four et au moulin, tout en acceptant une mobilité contraignante sur l’ensemble de la zone. De plus, les postiers sont aujourd’hui considérés avant tout comme des commerciaux; la rentabilité a chassé le service public. Si l’État souhaite vraiment lutter contre la fracture numérique et sociale, cela passe par la présence de « vrais » bureaux de poste avec les moyens nécessaires.
Malgré cette situation, les postiers de tous les métiers sont investis dans leur mission, conscients du rôle indispensable de La Poste dans la vie économique de la Nation, malgré le manque de moyens et le peu de reconnaissance. Depuis des années, les revalorisations salariales sont à la traîne.

FO Com exige des négociations annuelles obligatoires plus ambitieuses (pas d’accord en 2020 !) et des niveaux de fonction revalorisés pour tenir compte des nouvelles compétences acquises. Ainsi, nous revendiquons plus que jamais le grade de base en classe 2. Il est temps pour l’entreprise de comprendre que les efforts d’adaptation demandés aux postiers doivent être rétribués à leur juste valeur.
Il est urgent de donner aux postiers les emplois et des moyens indispensables. Depuis trop longtemps, le seul calcul économique qui préside au destin de La Poste place ses personnels dans une situation intenable ! ».

LES RÉSEAUX BANCAIRES : Vers l’abandon d’un modèle ?

Depuis 5 ans, les banques nous l’annoncent : elles vont fermer des agences bancaires. Posséder un ré-seau d’accueil physique n’est plus la seule solution pour avoir des contacts avec ses clients.

Et surtout, c’est un coût qui peut paraître trop élevé pour des banques devant faire face à plusieurs paramètres contraignants : les nouvelles habitudes de consommation de leurs clients qui désertent les agences physiques, les taux bas qui rognent leur rentabilité et les amènent à faire des plans d’économies sur leurs charges fixes, la mise en place d’une organisation différente et de plans d’innovation pour perdurer vis-à-vis de la concurrence des banques en ligne.

États des lieux : des annonces de plus en plus fréquentes au détriment de l’emploi

C’est la Société Générale qui avait annoncé fin 2015 vouloir fermer 20 % de son réseau d’ici 2020, soit 400 agences en 5 ans. Puis le 9 avril 2019, elle ajoutait la suppression de 750 postes en France dans la banque de financement et au total 1 600 postes dans le monde (source – Le Figaro).
Par la suite, les plans stratégiques se succèdent, et les montants des réductions des coûts augmentent dans le temps.
BNP Paribas a décidé de fer-mer 50 agences bancaires par an sur 4 ans d’ici 2020 soit environ 10 % de ses agences, avec des mobilités internes et du turn-over naturel (source – Le Monde Économique). Pour LCL, l’annonce s’est effectuée en 2016, avec à la clé 250 agences sur 1 900 qui doivent fermer, et BPCE (Banque Populaire/Caisse d’Épargne) c’est 400 sur 8 000 (source – Le Monde). HSBC, le géant britannique a indiqué quelques 4 700 suppressions de postes en août 2019, puis 10 000 en septembre sur un total de 238 000 personnes à travers le monde (source – Le Financial Times). Personne n’y échappe ! Nous retrouvons dans cette tendance toutes les grandes banques européennes. Les belges avec Fortis (2 500 suppressions de postes, source – l’Agefi), les allemandes avec la Deutsch Bank (18 000, source – Les Échos) et aussi la Commerzbank (4 300, source – La Tribune). La plupart du temps, ces fermetures d’agences sont mises en œuvre sans plan de licenciements grâce à des vagues de départs en retraite importantes.
En France, cette transformation devrait s’accélérer. Elle aura lieu majoritairement dans les villes, car 33 % des agences bancaires sont pré-sentes dans 1 % de celles-ci. Il est également intéressant de regarder ce phénomène à l’échelle d’autres pays : le taux de fermetures réalisées entre 2014 et 2018 par les banques françaises est bien inférieur au taux de nos proches voisins au sein de l’Union Européenne.

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Des indicateurs non négligeables poussant à la transformation

L’utilisation chronique d’Internet et des smartphones à un impact significatif sur les habitudes de consommation des français. Nous sommes devenus ultra-connectés et de plus en plus friands du 100 % en ligne. Cette nouvelle tendance ajoutée à nos exigences accrues en tant que clients obligent le milieu bancaire à adapter le parcours clients afin de nous proposer la meilleure expérience possible. Il faut savoir que seulement 10 % des jeunes de moins de 35 ans se rendent au moins une fois par mois dans leur agence, pour seulement 20 % des clients au total. Nous comparons, nous nous renseignons, nous voulons des réponses immédiates, sommes peu fidèles en tant que consommateurs. Ce qui est nouveau !
42 % des français n’ayant jamais changé d’établissement bancaire au cours de leur vie. Ainsi à la recherche d’innovation et aussi d’économies, la banque se digitalise pour moderniser son réseau avec des solutions de plus en plus individualisées pour ses clients. Il est à noter que la banque est actuellement l’une des industries les plus digitalisées.
Mais l’idée n’est pas forcément de supprimer le contact humain et de tout robotiser, c’est plutôt de créer des solutions complémentaires entre réel et numérique pour s’adapter aux besoins des clients tout au long de leur parcours individuel. L’objectif demeure le même pour l’ensemble des professionnels de ce secteur : s’assurer de proposer les meilleures « expériences clients » possibles afin de fidéliser un maximum. Cet enjeu est considéré comme vital pour la pérennité de leurs structures. Le dorénavant célèbre réseau « phygital », permettant au client de choisir le mode de contact qu’il désire avoir avec sa banque, est au cœur de toutes les stratégies de conquête du marché. Trouver le juste équilibre entre le réseau physique et digital reste l’objectif prioritaire.

Le contexte actuel des taux bas, qui devrait perdurer, diminue fortement les marges des banques de détail. Face à des recettes en baisse sur les crédits, des rendements nettement moins attractifs sur les placements pour les clients, les groupes bancaires cherchent aussi à compenser cette fragilité par une baisse de leurs charges pour maintenir leur coefficient d’exploitation. La fermeture des agences reste le premier choix en termes de réduction des charges : baisse des coûts de fonctionnement et baisse des charges salariales. Car le constat est sans appel : les agences perdent de leur rentabilité avec le contexte économique actuel. Avec le changement des habitudes de consommation, ces taux bas sont le deuxième motif d’accélération de la fermeture des agences physiques. La concurrence de modèles pure-ment digitaux valide aussi les évolutions des réseaux bancaires. La montée en puissance des banques mobiles s’est faite avec le succès du smartphone. Ces « néobanques » ont bouleversé le secteur bancaire et ont trouvé écho auprès de nombreux français. Plus besoin d’attendre, leur compte est à portée de main et il est possible d’effectuer des opérations d’un seul glissement de doigt, comme débloquer sa carte bancaire ou recevoir une notification lors d’un achat. De plus, ces nouveaux modèles de banques offrent des tarifs très attractifs puisqu’un nombre important de leurs services sont gratuits.
Les principales banques créent ou rachètent des banques en ligne pour être aussi sur ce modèle. Sans parler des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) qui s’annoncent comme de futurs concurrents sur une partie des activités bancaires.

Et les salariés dans tout ça ?

Ces réalités concernant le parti pris de la digitalisation (économies, adaptation aux habitudes de consommation, concurrence accrue) ne doivent pas susciter une transformation en occultant l’accompagnement spécifique des personnels du secteur bancaire. En effet, les changements opérés ont surtout mis en avant la suppression de 44 000 emplois en Europe rien que sur l’année 2019. Les personnels des banques doivent être considérés et respectés dans les évolutions actuelles, et ne plus être la variable d’ajustement d’un modèle en profonde mutation. La machine et l’humain doivent être associés pour améliorer les conditions de travail des agents, et non pour les remplacer dans une optique acharnée de réduction des coûts et des charges financières.

Les nouveaux modes de contacts vont aussi créer de nouveaux emplois : le métier de conseiller devra grande-ment évoluer afin qu’il soit encore plus proche de ses clients. Les de-mandes des organismes de contrôle doivent aussi créer de nouvelles fonctions concernant la conformité et les risques. Des emplois seront également nécessaires pour paramétrer et gérer les nouveaux applicatifs des Intelligences Artificielles. La vente à distance et la gestion des réseaux sociaux (SMS, Facebook, Twitter…) nécessitent aussi créer de nouvelles fonctionnalités et métiers.
Certes, il faut que les grands groupes bancaires s’adaptent à leurs contraintes spécifiques, mais cette métamorphose doit être profitable aux salariés en obtenant une formation de qualité, en étant accompagnés dans les meilleures conditions.

La Banque Postale : une banque pas comme les autres !

Dans ce paysage bousculé, La Poste via La Banque Postale et son réseau de bureaux de poste a toute sa place mais elle ne doit pas se détourner des missions de service public qui lui sont confiées. En effet, l’accessibilité bancaire et l’aménagement des territoires impliquent de penser la stratégie de développement autrement. Le contrat passé avec l’État est clair : La Poste est dans l’obligation de maintenir son maillage de 17 000 points de contact. Mais encore faut-il que l’État donne les moyens nécessaires et suffisants… Les baisses inquiétantes du financement ont un impact notoire sur l’organisation et le développement de La Poste. On assiste à un accroissement de fermetures de bureaux de poste depuis plusieurs années, à de fortes suppressions d’emplois, une détérioration des conditions de travail et d’une diminution de l’offre de prestations offertes aux usagers. L’État est l’acteur majeur responsable de la situation financière fragile de La Poste et doit être précurseur pour développer une stratégie qui permette de refonder un Service public postal de qualité, répondant aux attentes des citoyens. Vecteur de lien social indéniable et garant de l’égalité de traitement, FO Com insiste sur l’urgence d’interpeller et d’alerter tous les acteurs, La Poste, les élus comme l’État, pour que perdure notre modèle basé sur les valeurs de la République.


Pour FO Com, les diverses évolutions ne doivent pas être un prétexte pour rendre malléable les agents et ne plus répondre aux besoins des usagers. Ces profonds changements sont inévitables, nous en sommes conscients. Mais nous savons que la digitalisation, qui appelle à une refonte des métiers, entraîne plus de flexibilité et d’agilité pour les entreprises comme pour les salariés. Cette mutation implique de penser au progrès social et de développer les compétences des agents du secteur bancaire pour relever les défis de demain. Tous les personnels de ce secteur sont, chacun à leur propre échelle, une composante essentielle d’une transformation réussie.

Rappelons aussi que le Service public assure la cohésion sociale et réduit les inégalités. Assurer ses missions de service public de qualité partout sur le territoire, c’est donner toutes ses chances à toutes et tous, et pas uniquement à celles et ceux qui ont les moyens économiques. C’est un atout incontestable pour notre pays, alors valorisons-le !

Depuis toujours, FO Com défend le principe de l’accessibilité bancaire, de la présence postale avec un maillage du territoire pertinent. Et nous comptons bien veiller à ce que les différentes parties soient investies à faire perdurer notre modèle social de qualité.

Le classement des banques françaises

Classement par coefficient d’exploitation 2016 :

Le coefficient d’exploitation est un ratio qui mesure la performance d’exploitation des banques. Plus ce ratio est bas, plus la banque est efficace. Il se calcule en divisant les frais généraux (charges d’exploitation) par le PNB de l’établissement.

  1. Caisses Régionales du Crédit Agricole : 61.3 %
  2. Groupe Crédit Mutuel 11 – CIC : 61.7 %
  3. Société Générale : 65.6 %
  4. BNP Paribas : 67.7 %
  5. Groupe BCPE Banque Populaire, Caisse D’Epargne : 69.0 %
  6. Groupe Crédit Mutuel Arkéa : 69.2 %
  7. La Banque Postale : 82.4 %

Nombre de salariés des banques :

Ce classement permet de visualiser les banques qui comptent le plus de collaborateurs, ces données sont issues des documents de références des banques.

  1. Société générale 145 700 collaborateurs
  2. Groupe Crédit Agricole 138 000 collaborateurs
  3. Groupe BPCE 108 000 collaborateurs
  4. Groupe CM11 – CIC 69 154 collaborateurs
  5. Crédit Mutuel Arkéa 6 176 collaborateurs
  6. La Banque Postale 4 222 collaborateurs

Nombre de clients des banques :

C’est un indicateur qui permet de comparer les parts de marché des banques en France, cependant il est difficile d’interpréter les chiffres car ils comprennent tous les segments de clientèle : particuliers, professionnels et entreprises.

  1. Groupe Crédit Agricole 52 millions de clients
  2. BNP Paribas 32 millions de clients
  3. Groupe BPCE 31,2 millions de clients
  4. Société Générale 31 millions de clients
  5. Groupe Crédit Mutuel11 – CIC 23,8 millions de clients
  6. La Banque Postale 10,7 millions de clients
  7. Crédit Mutuel Arkéa 3,9 millions de clients

Ambiance morose à La Banque Postale…

Les conseillers bancaires de La Banque Postale travaillent aujourd’hui sous tension permanente. Dans un contexte économique difficile, notamment avec la persistance des taux bas et le changement de mode de consommation où de moins de moins de clients franchissent la porte d’un bureau de poste, la démarche commerciale est de plus en plus complexe. La concrétisation d’une vente demande davantage d’efforts, de temps et les objectifs restent élevés, parfois même inatteignables. Bien que les effectifs demeurent stables, le mal-être et l’épuisement se font sentir. D’autant que les défaillances chroniques des outils informatiques viennent aggraver la situation ; on sent là que La Banque Postale est à la peine et que les investissements en la matière sont loin d’être suffisants.

On ne le répétera jamais assez : lorsque les conditions de travail sont bonnes, La Poste récolte les fruits du développement. C’est la raison pour laquelle FO Com revendique des formations dignes de ce nom c’est-à-dire en face-à-face, des outils modernes et fiables et bien évidemment des objectifs réalisables. Bref, des conditions de travail qui enlèvent tout stress inutile et qui sont gages du respect de tous. C’est le moins que l’on puisse demander à une banque qui se dit « pas comme les autres », une banque « citoyenne », une banque avec des missions de service public.

Ma French Bank : un succès pour La Poste…

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C’est un premier cap que vient de franchir Ma French Bank. Lancée il y a 6 mois par La Banque Postale, la toute jeune banque mobile a déjà séduit de nombreux clients. Un bon démarrage, plus rapide que prévu. Trop rapide en interne, peut-être…
La Direction précise qu’il s’agit en outre de clients « actifs », qui ont déposé de l’argent sur leurs comptes et prévoient donc de l’utiliser. Le nombre d’ouvertures de comptes serait « bien supérieur » à 100 000. De plus, l’objectif à horizon 2025 est l’ouverture d’un million de comptes. Cependant, FO Com tire la sonnette d’alarme concernant le sous-dimensionnement indéniable du recrutement de personnel pour assurer le travail généré par cette nouvelle offre.
Ma French Bank est également commercialisée dans 2 000 bureaux de poste avec de nouveaux objectifs. Les agents de Ma French Bank vont-ils suivre cette cadence infernale ? D’autre part, cette filiale de La Banque Postale travaille aussi avec les Centres Financiers en appui sur le SAV (service après-vente). Le back-office des Centres Financiers est déjà en surchauffe pour cause de productivité.
Le succès en bureaux de poste n’ayant pas été anticipé, cela a conduit à un engorgement du service client et à la difficulté de joindre un conseiller… Il n’y a pas assez de « french conseillers » sur le site de Lille pour faire face à la demande.
L’atout de vendre en bureaux de poste pourrait devenir un inconvénient au sein des bureaux concernés.

Pour résumer, Ma French Bank est victime de son succès en interne. Au sein des 2 000 bureaux de poste, vendre cette néo-banque provoque une surcharge de travail et une dispersion voire des objectifs contradictoires pour les chargés de clientèle missionnés.

À force de copier la concurrence, et à force de compter plutôt que de penser, les dirigeants de La Banque Postale risquent d’oublier que le Groupe La Poste a une mission de service public qu’elle délaisse au profit de la rentabilité : celle de l’accessibilité bancaire.

Fusion CNP / La Banque Postale : attention de ne pas jouer aux apprentis chimistes

Le rapprochement entre La Banque Postale (LBP) et la Caisse Nationale de Prévoyance (CNP), projet appelé Mandarine, aura nécessité de longs mois de préparation et diverses autorisations avant de voir le jour.
Il aura tout d’abord fallu modifier la loi postale pour permettre à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) de devenir actionnaire majoritaire du Groupe La Poste en échange de ses parts dans la CNP. En juin 2019, l’autorité des marchés financiers a dispensé La Banque Postale de déclencher une OPA (Offre Publique d’Achat) sur la totalité du capital de la CNP. Enfin, le 30 décembre dernier, l’analyse de l’autorité de la concurrence a permis de s’assurer que tout risque d’atteinte à la concurrence était écarté dans les secteurs économiques où La Poste et la CDC sont présentes : banque, assurance, immobilier, etc.
La création d’un grand pôle public de bancassurance devient maintenant effective. Ainsi la CNP devient une filiale de La Banque Postale et la CDC, quant à elle, devient l’actionnaire majoritaire du Groupe La Poste à hauteur de 66 %.
Née en 1959 de la fusion de trois caisses (décès, retraite et assurance accident), la CNP, société cotée en bourse, est aujourd’hui le premier assureur français avec 37 millions d’assurés.
La CDC est un établissement public qui, depuis sa création en 1816, exerce des activités d’intérêt général pour le compte de l’État et des collectivités territoriales. Elle gère notamment l’épargne réglementée (livret A, Livret d’Épargne Populaire, Livret de Développement Durable) et finance les projets décidés par l’État.
« L’ensemble des financeurs publics, pour la première fois dans l’histoire de la nation française, seront réunis au sein d’un seul et même pôle ». (Bruno Le Maire – Ministre de l’économie).
Aujourd’hui, tout le monde s’y retrouve. Pas de grand changement ni pour la CDC dont le jeu d’écriture comptable ne lui fait ni gagner ni perdre, ni pour la CNP qui passe d’un service public à un autre. Quant à La Poste, elle augmente ainsi ses fonds propres et va donc améliorer ses ratios financiers. À l’heure où elle doit se réinventer et trouver de nouvelles activités, elle trouve ici les moyens d’assurer son développement.
Déjà en novembre 2008, FO Com proposait la création d’un Établissement Gestion du Service Public Postal (EGSPP) qui devait ressembler à un « pôle public » : CDC, LBP et Agence de Participation de l’État (APE) pour d’une part, financer le service public postal et d’autre part, arrimer les services financiers à la CDC pour inscrire la vocation publique de La Banque Postale. L’histoire s’est écrite autrement et La Poste a été transformée en société anonyme en mars 2010. Or ce pôle devait, selon notre analyse, non seulement renforcer l’entreprise publique et contribuer à moderniser la présence postale mais également assurer le financement des missions de service public dont La Poste a la charge.
Aujourd’hui, la question de ce financement reste entière. Elle se rajoute aux questions soulevées par le projet Mandarine : quelle rémunération pour l’actionnaire majoritaire ? Quelles conditions de travail pour les salariés de la banque et les agents du Réseau ?
Ne pas y répondre met La Poste et de fait La Banque Postale en difficulté et risque d’enlever tout sens à l’opération Mandarine. Car il est essentiel de lier pôle bancaire et service public, il est essentiel que l’État s’engage sur des compensations financières à la hauteur nécessaire pour chacune des quatre missions inscrites dans le contrat entre l’État et La Poste. Sinon quel avenir pour le Service public et donc pour La Banque Postale ? Quels moyens pour le Groupe d’assurer son développement ?Le but du rapprochement de la CNP et de La Banque Postale est bien de donner un second souffle à La Poste et de lui permettre de devenir un groupe de bancassurance capable de rivaliser avec les meilleurs. Même si nous n’avons pas encore toutes les réponses à nos questions, cela aurait été une erreur de balayer d’un revers de main ce projet et refuser ainsi une opportunité pour le Groupe et son avenir. Maintenant tout reste à faire.

Pour FO Com, il s’agit de prendre nos responsabilités : rester très vigilants face à ce projet, défendre les personnels, tous les personnels, salariés de La Banque Postale, du Réseau, de la CNP, défendre leurs emplois, leurs conditions de travail et leur avenir. Quant à La Poste, à l’heure où elle parle de faire 300 millions d’économies, elle ne doit pas oublier qu’avec 230 000 postiers, sa responsabilité sociale est immense.