Dossier

3 questions à… Martine Buty, responsable FO de l’activité services Courrier – Colis de La Poste

martine-buty-courrier« Postière depuis 1985, secrétaire départementale du Lot-et-Garonne puis coordonnatrice courrier, elle a participé aux négociations sur l’accord Courrier, signé par FO en février 2017.»
Peux-tu nous parler de cet accord ?
Les conséquences de l’accord Courrier se font sentir. Aussi bien en termes de recrutement (La Poste a même dépassé ce qui était prévu par l’accord) qu’en termes de promotions. La prime de rouleur a été revalorisée : elle est passée de 2€ par jour pendant 18 mois à 7€ par jour sans limite de durée. De même, le cadrage de la sécabilité a permis d’améliorer les conditions de travail des facteurs, et ce très rapidement. Ainsi, plus de 75% des sites hébergeant des facteurs ont passé l’été plus sereinement. Ceci étant, des moyens supplémentaires devront être mis en place pour la période la plus chargée allant de la fin de l’année aux soldes de janvier. Cet accord Courrier ne modifie pas le schéma industriel de La Poste.
Des détails sur ce schéma industriel ?
Son objectif est d’optimiser les coûts et les surfaces mais aussi de réduire les intermédiaires entre l’expéditeur et le destinataire. Le facteur doit passer quotidiennement chez le client. Il existe quand même des nuances. Avec l’augmentation du e-commerce
et de la livraison de colis, le nombre de plateformes Colis augmente. En revanche, avec la baisse du volume Courrier, les Plateformes Industrielles du Courrier (PIC) ou les Plateformes de Distribution du Courrier (PDC) disparaissent ou se transforment.
Pour le PDG du groupe La Poste, « […] si nos facteurs ne changent pas de métier, ils n’en auront plus ».
Pour FO, la réalité est tout autre. Tout d’abord, le métier de facteur se transforme, les nouveaux services se développent et quand cela maintient, voire développe l’emploi, FO est pour ! Mais sous certaines conditions, pas n’importe comment. S’il s’agit de
maintenir ou développer le lien social, FO est favorable à ce type d’expérimentations. Cependant, pour FO, le facteur n’est pas un «VRP »…
Et le chantier « NORMES ET CADENCES » ?
C’est un chantier de discussion entre La Poste et les organisations syndicales signataires de l’accord, en vue d’évaluer la charge de travail réelle du facteur. Le préalable : il ne faut pas de préquantification du travail pour calculer la charge de travail. Pour FO, il est nécessaire de prendre en compte la réalité du terrain ! Cet objectif porté par FO a été intégré dans le document de travail grâce à l’observation des tournées. Le réel doit être intégré dans la charge de travail. Ainsi, La Poste impose une minute et trente secondes pour déposer une lettre recommandée.
Certes, c’est la norme mais la réalité est tout autre. En ville, il suffit de prendre l’exemple de l’arrivée des convocations pour les assemblées générales de copropriétaires. Idem en zones rurales, le chemin pour accéder aux clients peut amplifier la norme. Et il existe de très nombreuses exceptions…

Social à La Poste L’état des lieux

FO a toujours défendu ardemment le budget Social à La Poste. Nous n’acceptons pas l’équation selon laquelle il devrait baisser parce que les effectifs diminuent. Celui-ci doit permettre à tous d’accéder à des prestations sociales de qualité. Elles correspondent à un plus non négligeable en terme de pouvoir d’achat. Depuis de nombreuses années, FO revendique des aides réparties de manière équitable afin que tout le monde puisse en profiter. En effet, le social de l’entreprise permet une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, mais également d’avoir accès à des offres de loisirs et de détente nécessaires à l’épanouissement personnel.
Actifs et retraités, contrat précaires et situations sensibles, la liste de nos combats est non exhaustive. C’est pourquoi FOCom exige des moyens financiers et humains suffisants. Tous les postiers doivent pouvoir accéder de manière égalitaire aux structures collectives et aux prestations individuelles financées par l’entreprise.

logement

Le logement

Avoir un toit est un droit fondamental, une nécessité qui permet de se stabiliser mais également d’entrevoir un avenir plus serein. 12,1 millions de personnes en France sont touchées à des degrés divers par la crise du logement. Effort financier excessif, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriétés en difficulté, surpeuplement… au total, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement.
À bien des égards, pour les pauvres, les classes populaires et moyennes, la situation tend à s’aggraver, en particulier depuis la hausse des prix de l’immobilier des années 2000 et le déclenchement de la crise économique en 2008.
Dans ce contexte, l’accès et le maintien des postiers dans leur logement est une responsabilité que La Poste ne doit pas négliger. Avec les réorganisations incessantes, un maillage différent de l’entreprise sur le territoire est constaté. Si La Poste veut se transformer, elle doit en prendre conscience et gérer au cas par cas les situations d’accompagnement pour les postiers.
C’est pourquoi FO exige que, dans chaque accord local ou réorganisation, figure un volet « Logement » avec un état des lieux et des solutions adaptées à chaque besoin.
Le Service Logement de La Poste doit répondre à la demande des agents au plus près du terrain.
Pour les propriétaires ou locataires, l’amélioration des prestations logement doit être proposée aux postiers, que ce soit en termes de moyens financiers mais aussi pour une meilleure accessibilité des démarches. De plus, nous réclamons une meilleure prise en compte des familles monoparentales et des agents en situation de handicap – ou ayant à charge une personne en situation de handicap – via des aides directes.
Nous exigeons l’accroissement du parc Social, en augmentant le nombre de logements locatifs mais aussi en développant l’accession à la propriété sociale.
FO demande également la création d’une prime « vie chère » dans les zones frontalières, dites « zone tendues », et dans tous les DOM (y compris pour les contractuels).

FO a signé le nouvel accord logement

Après de longues négociations, FO Com a su défendre les intérêts et les besoins des postières et des postiers sur le thème du Logement. Le champ d’action de l’accord couvre une grande partie des profils « Logement » de nos collègues. Parc locatif social/privé, accession à la propriété, maintien des postiers en difficulté, mobilité… la liste n’est pas exhaustive. FOCom se félicite d’entériner une nouvelle fois un accord Logement de qualité. Ce dernier devient d’autant plus important avec, en paysage de fond, la réforme d’Action Logement (ex-1 % Logement).

cogas

Le COGAS de La Poste

Le Conseil d’Orientation et de Gestion des Activités Sociales (COGAS) de La Poste a été crée en 1998. FO en assume la Vice-Présidence en toute responsabilité depuis sa création. Nous nous battons pour que prestations directes et réseau associatif puissent
devenir complémentaires. Un social unitaire que FO a toujours défendu. Les valeurs que les associations transmettent doivent rester dans l’essence même du COGAS. Nous nous inscrivons dans un pilotage partagé et nous ne nous substituons pas à la direction. À cet effet, FO veillera, au travers de sa politique sociale mais aussi de sa Vice-Présidence, à ce que le social de l’entreprise réponde aux besoins réellement exprimés par le personnel.

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Associations au travers des âges

Depuis de nombreuses années, voire même pour certaines depuis leur origine, nous sommes aux côtés des associations de personnel pour que celles-ci puissent se développer dans une société continuellement en évolution.
Également, FO veille à ce qu’elles puissent répondre aux besoins exprimés par les agents en matière de lien social. FO soutient les postiers qui se mobilisent collectivement à créer une aide qui réponde aux besoins manifestés par les agents.

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La restauration

La restauration collective est une priorité. Les postiers ont droit à un repas complet, sain et équilibré, à un tarif social. FO réaffirme son attachement à la restauration collective associative. Dès que cela s’avère possible, celle-ci doit être maintenue et préférée à la restauration marchande. Les postiers doivent également avoir une égalité d’accès aux restaurants collectifs, peu importe où il se trouve en France.
À ce titre, FO a obtenu des avancées sur l’harmonisation de la base de données «convives» des restaurants.
Le but est de permettre aux bénéficiaires potentiels de la restauration collective, en tout point du territoire, d’avoir accès à un repas de qualité à moindre coût. De plus, FO revendique la création d’un badge unique pour le postier bénéficiaire de la restauration collective, afin que ce dernier puisse avoir une meilleure accessibilité sur l’ensemble des restaurants collectifs.
Cependant, les réorganisations incessantes de La Poste et les nouveaux régimes de travail empêchent environ 35 % de nos collègues postiers d’avoir accès à cette structure collective. Pour combler cette absence de lien, FO a oeuvré pour que le titre-restaurant, cofinancé par La Poste, puisse répondre à leurs besoins. Nous exigeons que La Poste prenne conscience de l’impact budgétaire du titre restaurant par rapport à ses activités. S’en rendre compte est une chose, mais cela ne doit pas se faire au détriment des autres domaines de l’action sociale. À ce propos, FO exige que le budget consacré aux activités sociales – hors restauration– soit sanctuarisé. Cette mesure vise à préserver les budgets dédiés contre l’augmentation du budget restauration, perpétuelle depuis des années. Il n’est pas question de sacrifier les prestations de Vacances, de Solidarité, de Loisirs et de Culture, au détriment du budget Restauration.
Enfin, FO revendique une règle commune à l’ensemble des postiers, qui est qu’une pause repas déclenche une aide Restauration systématique.

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L’enfance

La garde et les études des enfants sont une prévalence importante et une réalité quotidienne pour les parents postiers. En 2015, FO a contribué à la mise en place d’un soutien scolaire en ligne, gratuit pour les enfants de postiers. De plus, FO a activement participé à l’harmonisation de la réforme Quotient Familial, initialement sur certaines prestations, pour que celle-ci s’étende sur les prestations «Séjours Enfants ».
Force est de constater que la consommation des prestations « Enfance » ne cessent de baisser de façon exponentielle depuis plusieurs années. À ce titre, FO souhaite une remise à plat des prestations « Enfance ». L’offre n’est-elle plus adaptée ? Les postiers ont-ils d’autres besoins en matière de prestations « Enfance » ? FO exige la mise en place d’enquêtes spécifiques à l’Enfance afin de pouvoir répondre aux besoins déclarés par les agents. De plus, face à une remontée récurrente faite par les postiers, FO demande qu’une solution pour la garde périscolaire soit mise en place.
Pour finir, Force Ouvrière souhaite que l’aide au logement étudiant soit déclenchée pour toutes les résidences étudiantes et non plus seulement pour le Foyer de Cachan.

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La solidarité

FO a obtenu la mise en place de quotients familiaux à la fois plus justes et plus élevés.
L’objectif est de favoriser les familles monoparentales (à partir d’un enfant), les revenus bas à modérés et les personnes en situation de handicap. Force Ouvrière réaffirme cette orientation et nous souhaitons que des efforts supplémentaires soient accomplis dans ce sens.
Depuis de nombreuses années, Force Ouvrière exigeait que La Poste s’inscrive dans une meilleure prise en compte d’une catégorie de personnel qui ne cesse de croître : les aidants familiaux. Force de propositions, FO a participé activement à l’élaboration d’une politique sociale « Aidants Familiaux », composée d’une plate-forme d’écoute, de conseil et d’orientation, mais aussi de prestations spécifiques à destination des agents concernés. Cependant, les postiers aidants n’ont pas seulement des difficultés administratives ou financières dans ces situations. La Poste doit également se pencher sur les difficultés d’organisations et de manque de temps que rencontrent ces agents.
FO se félicite que La Poste prenne ses responsabilités pour définir la notion de «Retraités Salariés », dans le sens « bénéficiaires de l’action sociale » de l’entreprise. En déterminant sous conditions de critères ce statut, les retraités salariés de La Poste pourront avoir prochainement accès à certaines prestations sociales, dont les fonctionnaires bénéficiaient par le passé.
FO dénonce une fois de plus l’attitude de La Banque Postale de persister dans l’application du taux inclus dans le dispositif de microcrédit pour les postiers et postières en difficulté financière, en complément des aides pécuniaires traditionnelles. Le taux actuel de 4 % doit être revu à la baisse et s’aligner sur les taux du marché particulièrement bas en ce moment. Cette absence de réactivité équivaut à autoriser La Banque Postale à ponctionner le budget social pour accroître ses bénéfices sur le dos des postiers. En effet, le COGAS prend en charge 50 % des intérêts. La situation est d’autant plus choquante que c’est le réseau des assistants(e) sociaux qui est indirectement utilisé dans ce but. FO estime que cette aide de secours ne doit pas avoir pour vocation de faire les choux gras de La Banque Postale.

culture

Les vacances, les loisirs et la culture

FO souhaite que des efforts soient poursuivis dans la politique « Loisirs Vacances Culture» pour les postiers. Ces derniers doivent pouvoir y accéder en tout point du territoire. Des solutions tenant compte des spécificités locales et de l’éloignement doivent être trouvés, notamment pour les agents des DOM.
Garant de l’équité et de l’accès aux prestations sociales pour tous les postiers, Force Ouvrière se réjouit de la prise en compte des postiers actifs, selon leur contrat et leur ancienneté dans l’entreprise, dans les dispositifs « Chèques Vacances ».
Sur cette prestation, FO revendique une étude pour relancer son attractivité. Une première avancée proposant aux postiers de faire leur demande de Chèques Vacances en ligne va dans ce sens.
Mais Force Ouvrière souhaite exploiter d’autres leviers, en adéquation avec les pratiques de réservation « Vacances » à la dernière minute.
À propos du chèque culture, FO a obtenu en 2015 la revalorisation de sa valeur faciale. Cependant, une réflexion sur cette prestation au niveau des critères d’attribution doit être entamée.
Plus et mieux, pour toutes et tous ! Cette phrase ne prend de sens que si le budget des activités sociales est en adéquation avec les changements actés par le COGAS. C’est pourquoi, sans relâche, FO a exigé – et revendique continuellement – un budget social en hausse. C’est la condition sine qua none pour faire des prestations sociales de qualité, à destination de tous. Nous n’acceptons pas la péréquation qui consiste à diminuer le budget social par rapport au fléchissement des effectifs de La Poste.

COGAS
FO défend ardemment l’équité entre tous les agents

Lors du COGAS du 28 juin 2017, FO a réaffirmé son engagement de faire entendre la parole des postiers en matière d’activités sociales dans l’entreprise. Les points entérinés lors de cette instance sont : les nouveaux séjours organisés par l’AVEA qui expérimenteront pendant un an des séjours hors Europe. Cette offre sera une prime « Fidélité » pour les adolescents ayant déjà effectué des séjours AVEA.
Concernant les réservations de berceaux, un désengagement de cette politique ayant un coût important pour peu de bénéficiaires est prévu. Les budgets dégagés serviront à intensifier les aides liées à la Parentalité. Les parents déjà engagés dans ce processus avant le 1er septembre 2017 continueront de bénéficier de la prestation jusqu’à la sortie de crèche de l’enfant.
L’évolution de l’allocation de scolarité est prévue au 1er septembre 2018 avec une harmonisation de cette aide de secours sur les conditions de ressources pour les trois niveaux de prestations (collège, lycée, études supérieures).
Bénéfice de l’abondement : 0,5 part fiscale pour les familles monoparentales et les agents en situation de handicap. Création d’une allocation « Primaire ».
Pour les aidants familiaux, il y aura une poursuite du déploiement de l’offre avec la création et l’adaptation de nouvelles prestations sociales.

nos revendications, vos prestations

Assidûment, FO a oeuvré dans une recherche continue de l’optimisation des offres sociales, tant au niveau qualitatif que quantitatif. Nous avons largement contribué au développement des prestations directes : accord Logement, revalorisation du titre-restaurant en 2012 et 2013, aides aux voyages et aux vacances, billetterie, chèque-vacances, aide au maintien à domicile… La liste est longue !

UNI Poste et Logistique un congrès mondial pour l’avenir

Du 13 au 14 octobre, a eu lieu à Dublin ce congrès lors duquel la présidente mondiale, Ingeborg Saetre (Norvège), a cédé sa place à Dave Ward du syndicat CWU (Royaume-Uni). Elle reste cependant présidente au niveau européen. FO garde sa place au comité monde.


Trois thèmes ont été approfondis lors de cette rencontre :

  • le e-commerce en plein essor et la livraison des colis,
  • la privatisation des Postes,
  • le développement.

Le e-commerce, en pleine croissance et le développement de la livraison de colis

Ces deux phénomènes ont entraîné une augmentation de la concurrence. L’objectif de UNI Postes & Logistique, est de concentrer les efforts pour obtenir des conventions collectives et de défendre les droits des travailleurs. Ainsi, en Afrique, pour la première fois, se sont tenues des élections professionnelles chez DHL. L’UNI est en train de conclure un accord avec DPD et Geopost avec la forte implication des syndicats français et notamment de FOCom.
Pour Philip Jennings Secrétaire général d’UNI, la croissance du commerce électronique et sa montée en puissance ont des conséquences graves sur l’univers des Postes et de la logistique. Le commerce électronique externalise les infrastructures des Postes. Amazon, Alibaba, Uber et d’autres fragilisent le service public postal dans le cadre de la livraison lors du dernier kilomètre.Cette évolution néfaste déstructure les monopoles postaux et font émerger des réseaux indépendants de sous-traitants, ce qui pose de réels problèmes pour les travailleurs et pour ces sous-traitants qui ont des activités de plus en plus précaires. Cette révolution industrielle pousse les syndicats de la poste et du commerce à travailler ensemble.
Pour reprendre cet exemple, les secteurs d’activité d’Amazon sont tellement variés que cette entreprise risque d’être présente dans tous les secteurs lors des négociations collectives.
Le e-commerce concerne tous les secteurs, et l’UNI doit mettre en place une stratégie sur ce sujet.
Le colis a augmenté ses parts de marché et cela peut donner un avantage au secteur postal, avec son réseau de points de contact partout dans chaque pays, la connaissance des adresses, la distribution de la Presse…
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La privatisation des Postes et la baisse du volume du courrier

Depuis 2011, après le congrès mondial qui s’était tenu à Washington, on a connu une période de profonds bouleversements dans le secteur des Postes et de la logistique. Il y a eu, notamment, la chute vertigineuse des volumes de courrier : -20 % aux États-Unis et -16 % en Europe. Même si un transfert d’activité a eu lieu et a créé des opportunités sur le marché du travail de la logistique, la numérisation, la substitution du courrier papier par des échanges de messages électroniques et le développement de l’Internet ont entraîné une baisse du courrier de 5 % par an. Hélas, tous les gouvernants ont pris des orientations libérales. L’UNI Poste & Logistique et ses affiliés dont FO ont lutté avec comme mot d’ordre la défense du service postal universel et la lutte contre la libéralisation et la privatisation des Postes. Mais l’impact des politiques libérales sur le secteur des Postes et de la logistique, sur les emplois et sur les services a été dramatique. Il y a eu quand même des résistances face à cette logique libérale. Deux exemples illustrent cela : le Maroc a refusé la privatisation de sa poste. La Norvège a contesté la législation européenne qui insuffle un service public postal a minima. Ce refus a porté ses fruits : en 2014, en Europe il y a eu maintien du service postal sur cinq jours voire sur six.
Les services postaux du XXIe siècle risquent de supprimer des emplois, mais le syndicat UNI et ses affiliés se battent pour trouver des solutions innovantes afin de sauver les emplois et préserver les conditions de travail. Ce message de résistance et de luttes a été diffusé partout. Même à l’Union Postale Universelle (UPU) ! Les postiers n’acceptent pas la lente agonie du système postal et ils se battent pour le conserver.

Le développement

Steve Fitzpatrick du syndicat CWU Irlande est intervenu concernant la syndicalisation. Selon lui, seul le syndicat peut défendre les citoyens en s’emparant des nouvelles technologies.
Certes, il est difficile de s’adapter car les nouvelles technologies effraient ; mais en tant que syndicat, il est nécessaire de se les approprier et faire en sorte de maintenir voire de faire progresser les droits sociaux et les conditions de travail des salariés.
Les jeunes sont les acteurs-clé de demain, au sein de tous les syndicats ; il faut donc les attirer ! C’est ainsi que nous pourrons nous développer.photo_2
Pour Philip Jennings Secrétaire général d’UNI, les richesses dans le monde sont mal réparties. 124 crises bancaires en 20 ans, crise de la dette souveraine, de notre modèle économique. L’UNI doit présenter une alternative économique au G20. Il faut éradiquer l’extrême pauvreté, et il devient urgent de faire trembler les néolibéraux ! Nous devons changer la planète en luttant en faveur des droits humains et pour un monde plus juste. Pour atteindre ces objectifs, le mouvement syndical est un maillon essentiel. Ainsi, par exemple, Verd.i fait beaucoup d’actions avec DHL, et a permis de signer un accord en faveur des salariés de cette entreprise mondiale.
Pour UNI Postes & Logistique, les syndicats doivent être renforcés. La qualité des emplois doit se situer à un niveau élevé !
Nos objectifs sont de promouvoir les secteurs publics, le service public et de lutter contre les emplois précaires.

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Tour d’horizon des Postes au sein
des principaux pays affiliés à l’UNI

germanyALLEMAGNE
Stephan Teuscher de Ver.di Germany est intervenu sur l’évolution du commerce électronique en Allemagne. Le chiffre d’affaires du e-commerce allemand augmente de 20 %. Il est composé à hauteur de 40 % de livraison de vêtements, de livres et de matériels électroniques. Aujourd’hui, c’est le marché des particuliers qui est le plus important pour Amazon (avant, c’était le marché Business to Business) Les coûts de livraison sont en diminution : il faut expédier moins cher et plus vite. Des boîtes à paquets ont été mises en place en plus du suivi en ligne. L’entreprise privée de logistique DHL veut ainsi que le client puisse avoir une influence à hauteur de 30 minutes sur la livraison de ses colis. 50 000 colis sont traités chaque heure avec comme objectif de livrer le colis dès le lendemain de la commande. Pour DHL, il faut flexibiliser la livraison entre 16 et 20 heures, dans les grandes villes. Le syndicat allemand Ver.di a également dans son champ de syndicalisation, les autres transporteurs en plus de la poste allemande (DPD, UPS, etc.). Ver.di veut donc naturellement élargir les conventions collectives.


ukROYAUME-UNI
Chez Royal Mail, le dialogue social est très important. Actuellement il y a des projets visant le commerce électronique et de nouveaux services comme la création de consignes ou la livraison en soirée. Le concept du dernier kilomètre est pris en compte avec, hélas, le développement du travail à temps partiel.


canadaCANADA
50 000 postiers, 13 000 véhicules, 6 000 points de remises, 3 500 bureau de poste, ce sont les principaux chiffres qui dressent le décor de la poste canadienne… Il existe une protection aussi bien concernant les fonds de pension que les salaires et l’équité suite à une convention qui vient juste d’être signée.
Les syndicats ont fait une action avec les élus qui ont une nouvelle mission : le nouvel élu fait l’examen public du service postal.
L’objectif de la poste canadienne est de faire progresser l’innovation tout en maintenant son infrastructure. Par exemple, la poste canadienne transforme ses véhicules en véhicules électriques. Il y a 3 500 bureaux ruraux, certes avec une diminution des heures d’ouverture mais avec des bornes électroniques.


franceFRANCE
Geopost couvre 230 pays dans le monde. UNI a obtenu des droits pour tous les postiers, avec un accord-cadre signé en 2005. Cet accord améliorait les règles concernant le respect des droits de l’homme, l’égalité des chances, la formation, le temps de travail et la rémunération.
UNI, les syndicats affiliés français dont FOCom et Geopost ont mené un suivi de cet accord. La première version de l’accord commençait au début de 2014 et la seconde en juillet 2014. A cette date, Geopost ne voulait plus de l’accord à cause de difficultés avec les autres pays.
Geopost et UNI, avec ses syndicats affiliés dont FOCom, devraient signer un accord. Geopost et l’UNI exercent leurs activités dans un environnement mondial. Ainsi, les conditions de signature de l’accord sont claires :

  • une coopération mutuelle,
  • des conditions de travail correctes pour les salariés,
  • des normes de l’emploi relevées dans le secteur du colis,
  • le respect de la déclaration des droits de l’homme,
  • le respect des règles créées par l’Organisation Internationale du Travail (OIT),
  • le respect de la liberté syndicale, ce qui offre des perspectives de syndicalisation dans le secteur,
  • l’adhésion aux principes de l’OCDE,
  • l’absence de discriminations,
  • l’égalité homme/femme,
  • et un dialogue social entre l’UNI et Geopost.

Ainsi, le texte permet d’aller plus loin dans l’intérêt des travailleurs. Par exemple, le groupe ne pourra pas investir dans un pays qui ne respecterait pas l’accord. Cet accord est valable pour une durée de 2 ans et a été rédigé dans le droit français.


portugalPORTUGAL
Les fermetures de bureaux de poste (passage de 900 à 623 entre 2009 et 2015), la déré-glementation du travail : tout s’écroule ! Pendant un an, il n’y a plus eu de convention collective. Après 2011, la crise avec l’arrivée de la troïka (Banque Centrale Européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international) a affaibli le Portugal. Pour les syndicalistes portugais, ce sont eux les vrais coupables.
L’État a récupéré 900 millions, suite à la privatisation de La Poste. La Poste est déficitaire pour les travailleurs mais pas pour les investisseurs.
Cent huit centres de tri ont été liquidés. La distribution du courrier est scandaleuse au Portugal, avec une distribution une fois par semaine ou une fois tous les quinze jours.
5 776 boites aux lettres ont disparu. La distribution segmentée. Le volume de courrier a baissé…
Victime de la privatisation de la poste portugaise, plus 2 500 postiers sur 13 000 ont été mis sur la touche. Actionnaire de la poste au Portugal, la banque CTT ne sert que les intérêts de ses investisseurs.


usaÉTATS-UNIS
La stratégie de l’administration américaine est de miner les services postaux. Le congrès a voulu « définancer » le service postal : seules les ventes font le chiffre d’affaires de la poste. Il y a eu un plafonnement des salaires des postiers, la fin du J +1, la fermeture de nombreux bureaux de poste. Le service postal a baissé les tarifs Entreprises avec pour effet collatéral la perte de deux milliards de dollars par an. Pour les syndicalistes américains, il faut conclure une alliance avec les citoyens pour sauver le service postal…


isabelle_fleurenceIsabelle Fleurence, Secrétaire Générale Adjointe de FOCom et responsable des activités internationales, membre du comité de direction de UNI Post & Logistics nous parle des conséquences sociales de la libéralisation du secteur postal au sein de l’Union Européenne.

Quel est l’impact de la libéralisation du secteur postal souhaitée et organisée par l’Union Européenne (UE) ?

Cette libéralisation progressive a conduit à la suppression des monopoles des postes nationales. Ce libre accès aux entreprises privées pouvant proposer des services postaux, de la simple lettre aux colis ou encore aux produits Express a entraîné une concurrence féroce visant à gagner des parts de marché. Toutes les entreprises que ce soient les opérateurs historiques ou les nouveaux entrants, doivent proposer une gamme de services plus rapides et à moindres coûts. Cette chasse à la rentabilité implique une détérioration des conditions de travail, et le gel ou la baisse des salaires. Étant donné que le secteur postal repose principalement sur une main-d’œuvre et non sur des machines, les réductions des frais d’exploitation, en conséquence, relèvent largement de la masse salariale. Ce sont les salariés qui en payent les frais !

Quelles tendances au sein du secteur postal européen ?

Elles ne sont pas favorables aux travailleurs au sein de l’Union Européenne. Tout d’abord, les trois directives de l’UE adoptées en 1997, 2002, 2008 relatives à la libéralisation du marché européen des postes n’ont jamais su apporter une solution permettant de compenser le service universel endossé par les opérateurs postaux historiques. Il n’y a aucune disposition obligeant les États membres à rétablir un juste équilibre entre les postes historiques et les nouveaux entrants.
En Europe, il faut envisager le service postal non pas comme un monopole assurant des revenus sans limite et sans concurrence, mais comme une obligation comportant des coûts inévitables puisqu’il oblige l’opérateur à garantir un minimum de collecte et de distribution dans les régions les plus isolées. Cette charge est facile à constater puisque les nouveaux entrants, c’est-à-dire les firmes privées, se concentrent sur des segments lucratifs, à savoir les services Business To Business et les grands détaillants en ligne. Des mécanismes de compensation avaient été prévus mais ils n’ont pas encore été mis en place.

Et pour les travailleurs, quelles sont les conséquences ?

Les directives européennes ont jusque là participé à la précarisation des travailleurs, avec entre autres une dégradation des conditions de travail, une augmentation de la charge de travail et une baisse de la rémunération. Les exemples sont multiples. En Allemagne, le syndicat Ver.di a évité une augmentation du temps de travail (2 h 30 par semaine) voulu par la direction de Deutsche Post. En France, les collègues de La Poste ont subi une augmentation des charges de travail sous couvert de tenir les objectifs et d’être rentables. Il en est de même pour les salariés de Correos (Espagne), de Bpost (Belgique), Posten Norge (Norvège). L’augmentation de la charge de travail découle essentiellement d’une politique de réduction drastique des effectifs, ce qui conduit implicitement à une dégradation des conditions de travail pour les collègues restant en poste. Deuxième point capital que je tenais à aborder est cette tendance lourde de baisse de rémunérations des postiers. En Espagne, les salariés de Correos ont connu une baisse de 5 % des salaires en 2010, et ils n’ont pas eu d’augmentation depuis longtemps. PostNL et Bpost ont expérimenté pareille situation. En effet, les directions du prestataire belge et néerlandais ont décidé que le samedi ne fera plus l’objet d’une majoration du taux horaire et que les heures supplémentaires ne seront plus payées. Les employés de Die Post (Suisse) n’ont pas connu de baisse salariale, ils ont, cependant, subi une remise en cause de leurs primes et indemnités.

Et ça peut aller jusqu’où ?

Le Royaume-Uni illustre parfaitement la fragilité des « petites mains » et encore plus celle des travailleurs indépendants. Ces derniers n’ont ni le droit aux congés payés, ni au congé de maternité, ni aux indemnités en cas de maladie ni aux cotisations pour préparer leur retraite. De plus, ces travailleurs dits indépendants, sont souvent payés à la pièce et doivent ainsi travailler plus de dix heures par jour afin de pouvoir vivre de leur métier. Ils ne jouissent pas non plus de droits conférés par les conventions collectives… Pour moi, ce sont les conséquences antisociales de la libéralisation des postes européennes !


de-matteoStephen De Matteo, chef du département Post & Logistics chez Uni Global Union nous dresse un panorama des postes dans le monde. Il évoque avec nous les revendications de UNI Post & Logistics.

Quelles sont les revendications de UNI Post & Logistics au niveau mondial ?

Ce sont les mêmes tendances qu’en Europe mais il y a quand même des différences. Il existe des modèles de monopoles naturels aux États-Unis, au Canada, au Japon, au Mexique… Et ces monopoles naturels ne sont pas encore attaqués car la législation est protectrice.
Cependant, des menaces existent. Il y a des attaques contre le service universel, c’est-à-dire la distribution du courrier cinq jours par semaine comme en Europe. Ces attaques génèrent un cercle vicieux : quand il n’y a plus de service universel, les grands facturiers accélèrent la numérisation et l’envoi par Internet des documents à leurs clients…
Chez UNI Post & Logistics, nous sommes tout à fait conscients qu’il existe des acteurs mondiaux, des multinationales comme DHL, DPD, UPS, Fedex-TNT, TOLL en Asie. D’où l’importance des conventions collectives et des accords mondiaux que nous négocions. Ainsi, il y a eu une campagne de mobilisation chez DHL. Nous avons exercé des pressions sur l’entreprise, nous avons soutenu des syndicats nationaux en les aidant à se mobiliser. Nous avons même porté plainte à l’OCDE pour que soient respectés la liberté et les droits syndicaux dans tous les sites de DHL quelle que soit leur localisation. Et nous avons réussi ! Nous avons obtenu une extension des droits les plus protecteurs. En juin 2016, le gouvernement allemand a fait un protocole qui oblige DHL à reconnaître les droits des travailleurs. Désormais, il existe un dialogue social au sein de DHL avec une rencontre trimestrielle pour évoquer bon nombre de problématiques dont celle de la liberté syndicale et ces rencontres permettent de résoudre des problèmes concrets. Il y a d’autres terrains de lutte. Par exemple, depuis 2014, la poste canadienne tente de construire des boîtes postales collectives afin de contourner la difficulté du dernier kilomètre. Ceci afin d’accroître sa rentabilité ; cela supprimerait plus de 30 % des emplois, notamment des emplois de facteurs. Nous avons mené une action vers cette poste avec succès. Nous lui avons démontré que ce sont l’innovation et la création de nouveaux services (recyclage, services numériques, services bancaires de base…) qui pourront accroître sa rentabilité ; celle-ci a un rôle social à jouer aussi bien dans l’économie que dans la société et l’aménagement du territoire. Ainsi, cette poste facilite les échanges entre le gouvernement canadien et la population, notamment celle qui est située dans des régions éloignées.

Quelles sont les menaces concernant les postes (CETA, accords de libre-échange…) ?

Les accords de libre-échange comportent de nombreux risques, notamment celui d’imposer la législation européenne postale (libéralisation du marché) dans d’autres pays. Ainsi, il y a un risque de nivellement par le bas de certaines postes par imitation du « modèle libéra l» européen des postes. A contrario, des risques existent aussi pour les postes européennes. Les accords de libre-échange limiteraient la possibilité aux entreprises détenues par un État d’investir sur des marchés qui ne les concernent pas. Les entreprises postales détenues par les États (comme
La Poste en France) pourraient alors s’essouffler voire dépérir.
Pour contrer ces menaces, UNI mène des actions de lobbying à Bruxelles et à Washington. Nous partageons les informations. Et des experts nous conseillent…

Quels sont les enjeux concernant la liberté syndicale dans le monde ?

Pour nous, il est très important de soutenir les syndicats nationaux pour accroître la liberté syndicale.
Il faut, de plus, permettre aux personnes travaillant dans les multinationales de se syndiquer et de faire respecter leurs droits ! Tout comme il existe la responsabilité sociale de l’entreprise, il est nécessaire de créer des partenariats et un dialogue social mondial. UNI Post & Logistics doit servir de contrepoids en vue de conclure des accords mondiaux.
De ce point de vue, la Malaisie peut servir d’exemple. UNI a organisé une grande campagne de syndicalisation dans ce pays et notamment chez DHL. Des ressources financières ont permis de développer un syndicat local. Il y a eu des formations de militants et un suivi. En plus de ses soutiens financiers, matériels et stratégiques, UNI Post & Logistics a exercé des pressions sur le groupe DHL à l’international afin qu’en Malaisie, il y ait davantage de libertés et de droits syndicaux. Cela a porté des fruits puisque DHL a reconnu l’existence des syndicats en Malaisie. Un accord entre ces syndicats et DHL a été conclu dans ce pays. Il concerne beaucoup de travailleurs et a permis des augmentations de salaires, plus de congés payés, une prime et trois semaines de congés spécifiques pour que les personnes puissent pratiquer leur religion…

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actualité, perspectives… réseau : le point

On aurait pu penser que l’agressivité surréaliste de leur charge contre la distribution postale les aurait, au moins pour un temps, purgés de leurs instincts ultralibéraux. Erreur ! Dans une forme décidément olympique, les « sages » – bien dissipés quand même – de la Cour des Comptes ressortaient récemment la sulfateuse. Dans le viseur, le réseau des bureaux de Poste, cette pétaudière surpeuplée de feignants chroniques. Réaction immédiate de FOCom bien sûr, rappelée en détails dans les pages qui suivent. L’occasion pour Force Com de revenir plus en profondeur sur le sujet, avec l’appui de la responsable fédérale du réseau dont vous lirez une interview dans ces colonnes.

la cour des compte rêve-e-elle de diriger La Poste ?

C’est la question qu’on peut légitimement se poser après la deuxième salve de critiques visant le service public postal, tirée depuis février par les « Sages » de la rue Cambon.
Quitte, selon une fâcheuse habitude, à outrepasser leur rôle de contrôleurs comptables pour s’ériger en juges de l’opportunité et, plus grave, à prescrire au Gouvernement et aux dirigeants des entreprises publiques les orientations et décisions qui relèvent de leur seule prérogative. Sans oublier l’abus de pouvoir consistant à s’immiscer dans le champ du dialogue social en cherchant à remettre en cause des accords ayant force juridique.
Après le rapport « consistant » paru en début d’année prônant la remise en cause du Service Universel du Courrier et du statut des facteurs, la Cour des Comptes s’attaque maintenant au réseau des bureaux de poste et aux guichetiers.
La procédure choisie, celle du référé, ne manque pas de surprendre, de par son esprit comminatoire et le climat « d’état d’urgence » qu’elle instille. La Poste serait-elle au bord du gouffre ? En sept pages, le destin des 57 000 guichetières et guichetiers ainsi que celui des millions d’usagers quotidiens des bureaux de poste est réglé… Encore une fois, les juges financiers, cloîtrés dans leur laboratoire économétrique, méconnaissent les réalités humaines et les spécificités d’un réseau de service public. De plus, même si le développement des mutualisations publiques semble recueillir l’assentiment de la Cour (maisons de service public, facteurs-guichetiers), celle-ci ne les considère que sous l’angle de la réduction des coûts, sans en percevoir la dimension qualitative. Et de toute façon, la solution préférée demeure l’externalisation des guichets postaux vers le privé, la référence à l’Allemagne et à l’Angleterre étant érigée en totem.
Toutefois « l’originalité », si l’on ose dire, de cette nouvelle offensive est d’aborder un sujet jusqu’à présent mis sous le boisseau en vertu du principe « y penser toujours, n’en parler jamais », à savoir la « grande transformation » du paysage postal dans nos villes. La Cour, sans doute en éclaireuse missionnée, met les pieds dans le plat. La configuration qu’elle préconise, digne d’un exercice marketing pour école de commerce, vise à découper l’espace urbain en zones de chalandises et donc de pouvoir d’achat, tout en cantonnant le plein exercice des missions de service public (on pense notamment à l’accessibilité bancaire) vers les quartiers populaires. Ce serait là une véritable « discrimination négative » rendant caduque, sous une apparence caritative, l’égalité entre citoyens.
Autre grave sujet de préoccupation pour FOCom. Que cela concerne la poste des « villes » ou celle « des champs », la Cour se livre à une ingérence caractérisée dans la sphère des relations sociales. En effet, elle n’hésite pas à remettre en cause des accords dûment signés, plus précisément sur les dispositifs de préretraite et « le rattrapage des rémunérations des personnels salariés sur celles des fonctionnaires », grande revendication syndicale, sans oublier de déplorer l’accord guichetier revalorisant les rémunérations. La Cour des comptes voudrait-elle devenir une sorte de Conseil constitutionnel du dialogue social ? FOCom dénonce cette ingérence comme un excès de pouvoir.
Derrière le paravent de l’intégrité d’une magistrature, à quel jeu la Cour des comptes se livre-t-elle ? Quels intérêts sert-elle ? À qui rend-elle service en permettant de justifier des mesures que l’on n’ose pas assumer de son propre chef ?
Cette dérive s’inscrit dans un détournement plus vaste et inquiétant des pratiques républicaines, comme en témoigne l’usage intempestif et inapproprié de l’article 49.3, l’irrespect de la règle légale de consultation préalable des syndicats sur le projet de loi modifiant le Code du travail, le mépris de directives de l’OIT, qui pourtant s’imposent de droit à tous les États. Dans ce climat, la tentation d’un « Gouvernement des juges » est palpable. La Cour des comptes aspire-t-elle à diriger La Poste ?

Le 11 mai 2016, sur France 2,
Philippe Charry, Secrétaire Général de FOCom, réagit au nouveau rapport de la Cour des comptes : « Les gens qui travaillent dans les bureaux de poste sont des gens qui travaillent dans des conditions difficiles, subissent des incivilités et tout une sériephilippe_charry
d’autres choses difficiles à gérer du fait de l’état social du pays. Et ça, la Cour des comptes l’ignore totalement, elle est dans le mépris total par rapport à eux. Il est inacceptable de traiter les gens comme ça, dans un rapport à l’emporte-pièce, fait par des technocrates qui n’ont qu’une chose à l’esprit : leur tableau Excel… »

L’accord « guichetiers » est enfin signé !

Après trois ans d’âpres négociations, l’accord « guichetiers » est signé par FO, validant un certain nombre d’avancées pour les personnels.
Premier point, le changement de dénomination : désormais il ne faudra plus appeler les personnels des bureaux des guichetiers mais des chargés de clientèle. Si cette modification peut paraître anecdotique, il faut s’en méfier. C’est, avec le nom, tout le contenu de la fonction qui est désormais définitivement changé. Adieu, l’appellation guichetier qui laissait à supposer qu’un guichet séparait l’agent de « l’usager ». Les masques sont tombés et voilà, l’estocade a été portée. C’est aussi la dénomination des postiers du front-office en Centre Financier (CF). Hasard ? Certainement pas ! La Poste veut à tout prix instaurer de la fluidité entre le Réseau et les CF.
Deuxième point, le commissionnement, qui est maintenant fixe et versé tous les six mois. C’est un premier pas et, comme pour les personnels de la ligne conseil bancaire, il nous faudra en faire grimper les montants. À l’heure où les arrêts-maladies explosent, ce verrouillage de la rémunération variable, trop faible pour l’heure, sécurise un peu les « chargés de clientèle ».
Troisième point, la zone de déplacement avec le lieu habituel de travail. La note Espadon précise que sera déterminé tous les six mois le lieu habituel de travail. Dont acte. Il faudra veiller à ce que des Directeurs de Secteur (DS) fourbes ou avares n’aillent pas situer le lieu habituel d’activité à l’extrémité opposée au domicile de l’agent, sinon il n’y aura jamais paiement des indemnités kilométriques. Les doutes s’installent et il ne faudrait pas que de nouveau les accords soient détournés de leur contenu. Pour autant, les déplacements seront indemnisés dès lors qu’il y aura accroissement du trajet domicile-travail, ou modification des lieux d’activité. Les textes sont clairs et les chargés de clientèle pourront faire valoir leur droit à indemnités kilométriques sans difficulté. L’essentiel est d’avoir réussi à faire valider la notion de lieu habituel de travail, pour ne pas voir les chargés de clientèle se déplacer pour La Poste gratuitement sur tout leur secteur.
Autre point important de l’accord, les moyens de remplacement. Alors que le chantier sur les moyens de remplacement vient (péniblement) de s’ouvrir, force est de constater sans afficher un pessimisme particulier que tout ça n’ira pas sans peine. Pour le dimensionnement des moyens de remplacement, là encore, il y a de l’anticipation sur les fermetures et transformations, et prévoir en présupposant les fermetures annoncées n’est pas acceptable ! Cependant, cette mauvaise idée semble très répandue, voire suggérée par des DRAT (Directeur Ressources Appui et Transformation) en mal d’affichage. Les cadres d’organisation doivent être bâtis sur la situation à l’instant T et non sur un schéma futur. FOCom revendique une corrélation entre le Taux Global d’Absence et le niveau des moyens de remplacement avec un dimensionnement à l’image du secteur. Les remplaçants doivent bénéficier, au même titre que les titulaires, de repos, de formation et doivent entrer dans un tour de congé. La Poste propose un rattachement au secteur, ce qui paraît aller dans le bon sens à condition de ne pas être moins disant sur les différentes indemnités (taux repas, indemnités kilométriques…)
Enfin, concernant les promotions, 6 800 promos en II.3 sur la durée de l’accord et l’accès au III.1 avec trois possibilités, Chargé de clientèle (CC) appui bancaire (avec une formation BP Banque), CC accueil espace de vente en bureau « Banque sociale » sans encadrement et un niveau d’expertise III.1 pour les gestionnaires de clientèles professionnelles. Nous allons ainsi pouvoir évaluer les qualités managériales des managers du réseau qui sauront profiter de cette formidable aubaine pour faire monter en compétences les chargés de clientèle.
FOCom a obtenu au niveau national une commission de suivi et d’interprétation qui permettra de veiller à la mise en œuvre de cet accord et de pouvoir traiter les éventuelles dérives locales.