CADRES

Après les CA (congés d’affaires), les CO (congés d’office)

La question des congés a toujours été une source inépuisable de débats dans l’entreprise.

Nouvelle pierre à l’édifice : les congés d’office.

Pour 2021, La Poste compte mettre en place pour tous les personnels des sièges (Siège Poste, sièges BSCC, Réseau…) des jours de congés d’office.  Raison invoquée : « la faible activité et le nombre insuffisant de personnels présents ces jours-là ne permettant pas une activité normale ». Pour ces journées, La Poste envisage purement et simplement « la fermeture des services » et la mise en congé d’office de tous les personnels (hors absents ou RTT).

Ce seront 4 journées qui seraient prélevées sur les congés les 14 mai, 12 novembre, 24 et 31 décembre 2021.

Passons sur le fait que ces jours de faible activités Siège correspondent à l’inverse à une très forte activité des services opérationnels, ce qui en dit long sur la volonté de mettre les services fonctionnels au service de « ceux qui font ».

Si personne ne conteste que l’activité des services fonctionnels connaît des variations, imposer la fermeture des services et imposer la prise de congés est d’une autre nature.

Ce serait accepter que seule une partie des congés reste au choix des personnels. 4 jours d’office en 2021, combien en 2022 ou en 2025 seront imposés, limitant d’autant les jours restants de libre choix ?

Ce serait entériner une discrimination entre les droits à congés des postiers des services du Siège et opérationnels.

Ce serait toucher à des situations individuelles et complexifier la prise de congés des postiers. Par exemple, quid du postier-e aidant qui répartit ses droits à congés pour assurer sa présence auprès des personnes qu’il accompagne ? Quid du collègue qui souhaite poser l’intégralité de ses congés (voyage…) dès le mois de janvier ?

Pour FO Com, d’accord pour reconnaître la spécificité du fonctionnement des Sièges mais il n’est pas question de se voir imposer des congés!

[Consulter le document préparatoire de la CDSP sur les congés et fermetures d’entités 2021]

Fonctionnaires et « Gel » du point d’indice : une discrimination salariale qui n’a que trop duré !

Depuis 2010, la mise en place du gel du point d’indice des fonctionnaires a eu pour conséquence une perte du pouvoir d’achat de près de 10 %. Le gouvernement a « courageusement » choisi la fin juillet 2020 pour en annoncer la prolongation…
Un comble quand on sait que cette mesure vient s’ajouter à la non transposition, pour les fonctionnaires de La Poste, de la réforme PPCR (Parcours, Promotion, Carrière, Rémunération) faute de décrets d’application.

Au-delà des éléments de langage, le principal effet de cette politique sur dix ans est qu’elle organise bel et bien et sur le long terme une paupérisation des personnels concernés.
FO souligne l’urgence de la mise en place d’un rattrapage massif en termes de revalorisation du point d’indice.

Pour FO, il faut redonner à la politique salariale toute sa vitalité que ce soit au niveau de la Fonction Publique ou au niveau des NAO en entreprises.

De l’agent au cadre supérieur, de l’actif au retraité, tous pénalisés

Les absences de revalorisation du point d’indice sont une véritable bombe à retardement qui « plombent » :

  • La rémunération des postiers fonctionnaires en activité de la classe I à III
  • Les retraites futures de tous les fonctionnaires (classes I, II, III, groupe A, groupe B…)

Le décrochement du pouvoir d’achat des fonctionnaires les moins bien payés (et ils sont nombreux) a rendu nécessaire la mise en place d’un système de garantie du pouvoir d’achat : la GIPA (Garantie Individuelle de Pouvoir d’Achat), histoire d’éviter notamment que certains fonctionnaires se retrouvent en dessous du niveau du SMIC.

Salariés, fonctionnaires, tous perdants…

À noter également qu’à fonction identique, La Poste ne peut afficher une politique de rémunération différente en fonction du statut de chacun (salariés ou fonctionnaires), ce qui permet indirectement de contenir les revalorisations des salariés.

La Poste pourrait-elle améliorer la situation de ses fonctionnaires ?

La réponse est clairement positive, mais ses dirigeants préfèrent se retrancher derrière les mesures de restrictions gouvernementales en évitant d’ouvrir chaque année à la discussion la revalorisation de tous les éléments « poste » annexes au traitement des fonctionnaires.

Plus encore, les politiques RH du Groupe La Poste :

  • limitent la reconnaissance de l’investissement et du dévouement à des mesures sans impact structurant sur les traitements, le plus souvent sous forme de primes,
  • sont de plus en plus floues et illisibles (suppression des emplois repère, revalorisations inférieures à l’inflation même si on est apprécié E ou B,…)

Pour FO, non seulement le gel du point d’indice doit cesser, mais des mesures spécifiques doivent pouvoir être négociées à La Poste pour redonner du pouvoir d’achat DURABLE à tous les postiers.

Ensemble, il est urgent de regarder les problèmes en face. Les solutions ne sont ni dans le fatalisme, ni dans les lamentations mais dans le volontarisme et l’action.

Les cadres dans le collimateur ?

Le gel du point d’indice et la perte de 10 % de pouvoir d’achat viennent rajouter une couche aux multiples « dossiers» qui impacteront l’encadrement :

  • Gel du point d’indice = -10 %
  • Réforme des retraites = de – 25 % à – 40 % selon les estimations
  • Que restera-t’il alors de leurs retraites ?

Sans oublier la dernière réforme des grilles indiciaires qui n’est toujours pas effective faute de décret, l’absence de revalorisation de la NBI (Nouvelle Bonification Indiciaire), la stagnation des revalorisations annuelles et des parts variables…

Faites vos comptes…

Édito : Managers et encadrants en première ligne face au COVID !

Les managers, et plus largement les cadres, continuent d’être soumis à rude épreuve. Aujourd’hui, ils assurent la reprise de l’activité… Plusieurs semaines après le début de la crise liée au coronavirus, les missions managériales et d’encadrement restent largement « hors normes » par rapport à l’avant 16 mars 2020 !

Si l’employeur est responsable devant la loi de la santé et de la sécurité des salariés, l’encadrement est un levier essentiel pour élaborer, ajuster et mettre en œuvre l’activité tout en assurant la prévention au plus près de la réalité du terrain.

Dans une période où l’étendue de la menace fut incertaine, où les spécialistes nationaux comme internationaux tâtonnaient et hésitaient quant aux mesures nécessaires, La Poste a refusé aux postières et postiers le temps d’adapter au mieux la continuité de l’activité. « Tout s’est fait en chemin ».

L’organisation du travail en situation de crise nécessite un redimensionnement régulier de l’activité et donc des effectifs, il faut constamment prioriser les services à rendre selon les possibilités du moment. Le soutien des équipes a été primordial au regard de ces modes d’organisations dégradés et changeants.

Aujourd’hui, la reprise d’activités s’accompagne d’une priorité majeure, le maintien de la prévention du risque de contamination. à Force Ouvrière, nous revendiquons le soutien et la reconnaissance des acteurs de l’encadrement. Cela passe en particulier par l’écoute des acteurs de la proximité managériale.

Acteurs à tous les niveaux de La Poste, vous êtes présents dans tous les métiers et tous les services. En première ligne pour organiser, expliquer, renseigner, rassurer et soutenir les personnels, que vous soyez encadrants, managers, dirigeants, vous devez assumer des décisions parfois contradictoires, souvent sans les moyens nécessaires pour les faire appliquer. Les responsabilités sont majeures et votre reconnaissance mineure.

Restaurer le rôle et la place des cadres dans l’entreprise, rétablir l’équilibre entre contribution et rétribution ainsi que remettre du collectif là où prévaut l’individuel, tels sont les engagements et les actions de FO Com pour que soit reconnu à sa juste valeur votre engagement.

Contrat de présence postale territoriale: Garder le contact, payer le Service public !

Le contrat de présence postale territoriale 2020-2022 signé entre l’Association des Maires de France (AMF), L’état et La Poste définit les obligations de La Poste en matière de présence postale sur le territoire français.

De par la loi du 2 juillet 1990, La Poste à l’obligation de  maintenir et d’adapter un réseau d’au moins 17 000 points de contact ; tout en garantissant à 90% de la population une proximité de moins de 5 kms ou de 20 minutes en voiture.

Pour se faire, La Poste perçoit une compensation financière annuelle versée sur un fonds dédié, dit de péréquation territoriale. Mais ce fonds reste inférieur au coût réel de la mission. En 2018, l’écart était de 60M€. La contrainte financière est donc forte, d’autant plus forte que La Poste, devenue SA en 2010, se doit de répondre à des exigences de rentabilité.

Le contrat définit des priorités pour 2020-2022 autour de 4 thématiques que sont le numérique, la contribution à l’aménagement et au développement du territoire, le soutien à la mutualisation et le développement des partenariats ainsi que l’amélioration à l’accès au cash. Par ailleurs, il réaffirme le rôle du maire, priorise les DOM, les territoires ruraux et les quartiers urbains défavorisés. Il  contribue à l’inclusion numérique et consolide le rôle des Commissions Départementales de Présence Territoriale (CDPPT).

Le renforcement du rôle du maire va permettre aux élus d’avoir la main dans les territoires ruraux, notamment sur les formes de la présence postale en restant « maître » de celles-ci dans les communes de plus de 10000 habitants. Mais il est bien évident que les marges de manœuvre sont étroites. La Poste continuera à appliquer la politique territoriale de l’état et de son bras armé, la Caisse de Dépôts et Consignation.

Où en sommes-nous de cette présence postale territoriale ?

Au 31 décembre 2018, La Poste comptait 17 238 points de contact permettant à 95,67% de la population d’être à moins de 5 km ou moins de 20 mn d’une forme de présence postale. Mais cela ne veut pas dire que chaque citoyen est égal devant le service postal, loin s’en faut. Sur un total de 17 238 points de contact, seuls 8 144 sont des bureaux de poste qui, eux-mêmes, n’offrent pas des services identiques.

Ainsi, le réseau se compose aujourd’hui :

  • de bureaux de poste (BP), appellation générique qui recouvre les BP « classiques », les Maisons de Service Au Public (MSAP)/Maisons France Service (MFS), les bureaux facteur-guichetier et les bureaux quartiers prioritaires ;
  • de partenariats : Agence Postale Communale et Intercommunale (APC/API), Relais Poste Commerçant, Relais Poste Urbain, Relais « économie Sociale et Solidaire Service + ».

Sur le plan quantitatif, cela donne la répartition suivante au 31 décembre 2018 et hors DOM :

  • 17 238 points de contact au total ;
  • 9094 partenariats (52,8% contre 48,5% fin 2016), à savoir 6 337 agences postales, 2757 relais poste ;
  • 8144 bureaux de poste : 504 MSAP, 922 bureaux facteur-guichetier, 481 bureaux quartiers prioritaires.

Le réseau des DOM est, quant à lui, composé de 255 points de contact dont 205 BP, 33 AP et 17 RP.

presencepostale1Ainsi, pour atteindre l’objectif des 17 000 points de contact, La Poste s’est tournée depuis quelques années vers les partenariats ; une façon de répondre à la fois à ses obligations mais aussi à la rentabilité qu’on lui demande. Mais un relais commerçant, une agence postale communale ou autres pseudo-bureaux ne rendent pas le même service. Les disparités et différentes formes de points de contact, n’offrant ni les mêmes services ni les mêmes horaires d’ouverture, créent une rupture d’égalité, remettant en cause le service public tout en fragilisant la pérennité des activités postales et bancaires.

Concernant « l’évolution du statut des points de contact», il est écrit dans ce nouveau contrat que l’offre de services postaux s’appuie sur la complémentarité des différentes formes de présence postale. Et les contributeurs de citer les sites de logistique urbaine et « pick-up services » et formes innovantes de type « espaces nomades ». Faut-il comprendre qu’une consigne où l’on vient récupérer son colis est un point de contact ?

Tous confondus, ils sont près de 11 000 à être éligibles au fonds de péréquation. Pour 2020-2022, la méthode de calcul et les systèmes de pondération mis en œuvre vont très significativement prioriser les DOM et les bureaux situés dans les QPV (Quartier Prioritaire de la Ville).

Maison France Services : quelle offre postale ?

presencepostale2A ce jour, La Poste détient 504 Maisons de Service Au Public, qui seront majoritairement transformées en Maisons France Service. L’objectif de l’état est d’en ouvrir 2 000 d’ici 2022. La part du fonds consacrée aux MFS est donc à la fois contrainte et vouée à prendre une proportion de plus en plus grande au sein d’un budget qui lui n’augmentera pas.

En créant les MFS, le gouvernement veut combler un « vide républicain » dénoncé, au travers des récentes frondes populaires, par une population exclue des services publics, que ce soit en milieu rural ou en périphérie des villes.

Officiellement prévues pour mieux répondre aux attentes des citoyens, les MFS sont soumises à des critères d’exigence : locaux adaptés, heures d’ouverture en adéquation avec les besoins, confidentialité ou encore formation spécifique des agents qui devront être deux par site et répondre en 72 h maximum aux citoyens.

Pour obtenir le label « France Service », il faudra proposer a minima les services relevant de 6 organismes : Caisse d’Allocations Familiales, Ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Finances Publiques, Caisse Nationale d’Assurance Maladie, Caisse nationale d’Assurance vieillesse, Mutualité sociale agricole, Pôle emploi, et bien sur La Poste dont l’offre comprendra notamment les prestations suivantes : informer sur le bureau de poste le plus proche et ses horaires, renseigner sur les affranchissements disponibles, remettre des lettres et colis en cas de point de retrait au sein de la maison France Services, accompagner dans les contrats de réexpédition du courrier ou encore assurer la garde du courrier et les abonnements mobilité.

Toutes les prestations, notamment bancaires, ne seront pas assurées dans les MFS. Aussi, pour FO Com, l’initiative risque, une fois de plus, de ne pas atteindre l’objectif attendu. Déjà, en créant les maisons de service « AU » public en lieu et place de Maison de Service Public initialement prévues, l’État a changé l’esprit républicain de cette initiative. Ces maisons qui devaient assurer le service public se transforment davantage en « relais d’informations pour les citoyens » qu’en véritables services de l’État. Avec les MFS, l’histoire risque de se répéter….

Et demain, quel avenir pour le service public postal ?

Bien sûr, la désertification rurale, l’explosion des nouvelles technologies, l’évolution des modes de consommation, de déplacements font que le service public se doit d’évoluer. Qu’ils soient sociétaux, technologiques ou numériques, les besoins des citoyens changent.  Cela ne veut pas dire qu’il faille les minimiser.

C’est la raison pour laquelle FO revendique depuis maintenant plusieurs années un état des lieux des services publics et un recensement des besoins pour redéfinir ce que doit être le service public de demain. Et cette redéfinition doit s’inscrire dans les valeurs de la République. C’est ce débat que FO réclame depuis des années : l’inventaire des besoins en la matière, que ce soit pour la Poste ou les autres services publics. Quelle que soit sa forme et son domaine, le service public doit être « partout, pour tous ».

presencepostale3Que l’on ait des craintes ou pas, la question centrale reste le financement. 177 M€ par an maximum : c’est le montant de la dotation du fonds de péréquation jusqu’à 2022. À ce niveau, la compensation financière reste certes stable depuis 2016, mais ce n’est pas le cas du coût réel de la mission, plus fluctuant et estimé supérieur par l’Autorité de Régulation des Communications électroniques et des Postes (ARCEP) et par La Poste elle-même. Une partie non négligeable de la mission de service public reste à la seule charge de l’entreprise. Cet écart était de 60M€ en 2018, une somme non négligeable dans les comptes de l’entreprise.

Ne pas financer le coût total du service public postal risque de transformer ce contrat en une liste de bonnes intentions. Or, dans le cas présent, c’est un investissement humain et républicain et non un luxe.

Les quatre missions postales que sont l’aménagement du territoire, l’accessibilité bancaire, la distribution de la presse et le service universel (distribution du courrier 6 jours sur 7) concourent à ce lien social dont on a (re)découvert la valeur et l’importance ces derniers mois.  Au-delà du rôle social, ces missions sont également un levier de développement sans équivalent pour La Poste qui peut ainsi déployer à la fois son offre historique et ses nouveaux services.

Sans être ambitieux, le contrat de présence postale territoriale a le mérite de démontrer que l’Etat et les élus considèrent le service public postal comme indispensable. La commission départementale de la présence postale territoriale (CDPPT) au niveau local et l’observatoire au niveau national assurent la gouvernance de ce contrat. Pour la première fois, elle est renforcée par une mesure « satisfaction-clients-élus-partenaires ». Il est à souhaiter que cette gouvernance veille au respect de ce texte dans l’intérêt des citoyens-clients et de La Poste bien évidemment. Pour FO Com, il ne s’agit pas de se contenter d’un simple bâtiment avec un logo jaune mais bien d’un véritable service public, garant de l’égalité des citoyens et de la présence de la République sur tout le territoire. Transformer ne doit pas conduire à mettre en place une poste à plusieurs vitesses et sacrifier la qualité de service due à tous les clients sur tout le territoire. La nation a besoin d’un service public postal adapté et solide. La crise que nous venons de traverser nous l’a démontré à plus d’un titre.

Quoi de neuf sur le statut des cadres ?

En mars dernier FO signait l’A.N.I (Accord National Interprofessionnel), un accord qui permet de sécuriser la définition du statut des cadres en se référant à la définition de l’OIT (Organisation Internationale du travail) dans ce domaine. Ainsi, l’occasion est donnée de restaurer le rôle et la place de l’encadrement dans l’entreprise. Cet accord est d’autant important que les modifications des organisations du travail, la montée du numérique et du télétravail banalisent l’identité professionnelle des encadrants et managers.

Avec sa signature, FO entend ainsi poursuivre son action dans l’accompagnement des cadres en défendant leurs intérêts sans pour autant les opposer aux autres catégories de personnel.

Pour en savoir plus :