La Poste : Quelques enseignements du Rapport social 2014

Photographie statistique du corps social de l’entreprise, le Rapport social 2014 a été présenté lors du conseil d’administration du 23 avril. De ce foisonnement de chiffres se dégagent des traits saillants qui révèlent une situation contrastée.

Première illustration : les effectifs. Le solde de l’emploi en personnes physiques est négatif à -7 352 soit 2 879 de plus qu’en 2013. Ce qui conduit tout de même à la disparition de 14 913 emplois en trois ans. Dans la sphère publique, seul le ministère de la défense précède La Poste dans ce triste palmarès. Comme FO ne cesse de le souligner, il y a contradiction à vouloir démultiplier les activités des facteurs et des guichetiers tout en atrophiant constamment les effectifs.

En revanche il est satisfaisant de voir le nombre de CDD baisser de -1 592, tandis que 4 525 personnes en CDI ont été recrutées ; parmi elles 2 145 contrats d’alternance, 1 379 transformations d’anciens CDD et 270 emplois d’avenir. L’entreprise estime avoir atteint l’objectif qu’elle s’était fixé avec 15 034 embauches à durée déterminée sur trois ans. Ce qui n’empêche pas le nombre de postières et de postiers de diminuer inexorablement.

Au vu de la pyramide des âges, l’insuffisance du renouvellement des générations se traduit par un vieillissement de la population des postières et des postiers. En effet 47% d’entres eux se situent entre 50 et 60 ans et plus ; 27,5% entre 40 et 49 ans.

Fait positif : le taux global de féminisation continue de progresser, même si le rythme est lent pour s’établir à 51,8%.

Alors que La Poste se lance tous azimuts dans la mutation de ses métiers, la formation est érigée en priorité. Cependant le nombre moyen de cours par agent se tasse légèrement, passant de 2,4% en 2013 à 2,3% en 2014. De même le pourcentage de la masse salariale qu’y est consacré s’établit à 3,54% contre 3,63 % en 2013.

Un autre sujet est préoccupant car il s’enracine au fil des ans. Il s’agit de l’absentéisme. Le taux d’absences pour maladie s’accroît chaque année, s’affichant à 6,37% en 2014 contre 6,14% en 2013 et 6% en 2012. La moyenne nationale en France est de 4,30%. On constate que les progressions les plus fortes concernent les cadres supérieurs, qu’ils soient fonctionnaires ou salariés. Le critère de l’âge moyen est un peu court pour expliquer ce phénomène, d’autant que les salariés sont plus jeunes que les fonctionnaires. Se pose, en filigrane, la question du surmenage et la fatigue liés à des trajets de plus en plus longs en raison de l’élargissement des périmètres d’activité et des réorganisations.

Concernant l’emploi des personnes handicapées, La Poste a atteint le niveau de 4,11% contre 3,74% en 2013 et 2,88% en 2012. On constate cette progression avec satisfaction, même si La Poste n’a toujours pas atteint la norme de l’obligation légale qui est de 6%.

Enfin la question salariale demeure une préoccupation majeure. Ainsi, 71% des postières et des postiers se trouvent en dessous du salaire moyen des Français estimé à 2 128 euros, et près de 40% sont placés sous le salaire médian (1 730 euros) lequel indique la ligne de partage entre la moitié des revenus les plus hauts et celle des plus faibles.

On note que la somme des 10 salaires les plus élevés progresse de +17,1% par rapport à l’année 2013, suivant les critères de présentation retenus l’an passé par La Poste. En effet, il est difficile d’analyser la progression de ces 10 plus hautes rémunérations compte tenu qu’en 2013 La Poste parle de « rémunération due au titre de l’année » et qu’en 2014 elle parle de « rémunération perçue ». Cette différence sémantique servirait-elle à brouiller les pistes ? Rappelons que les révélations de la Cour des comptes sur les hauts salaires de certains dirigeants de La Poste ont suscité l’étonnement parmi le personnel, et c’est un euphémisme…

Si les accords salariaux limitent les dégâts d’une politique gouvernementale sanctionnant le pouvoir d’achat, les fonctionnaires, eux, subissent toujours un blocage du point d’indice de leur traitement, inauguré il y a cinq ans et prorogé par la ministre de la fonction publique.

Ce blocage des traitements – hors avancement – représente une double peine car il obère le montant des pensions que recevront les futurs retraités.

Dans ce contexte le niveau comme l’usage du budget social de l’entreprise sont des sujets de préoccupations.

Paris, le 23 avril 2015
Le Secrétaire Général
Jacques DUMANS