Menaces sur le financement du transport postal de la Presse ?

Les préconisations de Mme Pellerin, ministre de la culture et de la communication, en matière d’aides à la presse ont été rendues publiques hier.

Sur le plan des principes liés à la liberté d’expression et au droit à l’information, FO Com se félicite que les aides publiques à la presse, conformément à leur vocation d’origine, soient désormais réservées aux publications d’information politique et générale destinées à éclairer les citoyens en favorisant l’échange pluraliste des informations et des idées. Finalité qui n’est pas le lot de la presse dite « de loisir et de divertissement » ; laquelle se voit pourtant octroyer, jusqu’à aujourd’hui, une large part des subventions.

En revanche FO Com s’inquiète de l’instauration prévue d’une « aide à l’exemplaire ». Celle-ci, versée directement aux éditeurs, leur laisserait le loisir de l’affecter, soit au portage des journaux par des entreprises privées, soit au portage postal.

Il serait d’une part choquant de laisser un acteur privé choisir d’orienter de l’argent public à sa guise, alors qu’il existe une entreprise publique à laquelle la loi a confié le soin d’exercer cette mission de service public de distribution de la presse.

D’autre part ce système recèle un effet pervers car, cantonnant la distribution postale des journaux et magazines aux zones rurales, il détruirait la péréquation tarifaire, contraignant ainsi La Poste à augmenter ses prix ou à laisser se creuser davantage le déficit de son compte presse (plus de 300 millions d’euros). Car, il n’est pas inutile de le rappeler, La Poste prend à sa charge près du tiers de l’affranchissement des journaux. Sans oublier que l’Etat, qui a pourtant engagé sa signature, a en deux ans amputé de 84 millions la dotation dévolue à La Poste par le contrat tripartite rassemblant l’Etat, La Poste et les éditeurs de presse.

FO Com estime qu’une telle attitude mettrait en difficulté l’équilibre économique de La Poste et, par voie de conséquence, pénaliserait l’emploi. Elle remettrait aussi en cause l’égalité de traitement des citoyens par rapport à l’information par le biais d’une discrimination financière.

FO Com considère comme vital le maintien d’une péréquation tarifaire pour les affranchissements presse sur l’ensemble du pays et juge nécessaire la compensation par l’Etat des surcoûts générés par cette mission de service public.

Paris, le 3 juin 2015
Le Secrétaire Général
Jacques DUMANS