Résultats 2014 de La Poste : un tournant difficile

Les chiffres clés de La Poste pour 2014 viennent d’être dévoilés. Avec un résultat d’exploitation en baisse de -8% (719 millions) et un bénéfice qui chute de -18% (513 millions), le décrochage entamé en 2013 se confirme. D’autant qu’il faut conserver à l’esprit que le ballon d’oxygène du CICE gonfle ce résultat à hauteur de 352 millions.

Chaque branche d’activité, en dépit d’une réelle volonté de résistance et de développement, reflète peu ou prou ce repli qualifié de « baisse maîtrisée » par l’entreprise. Ainsi du courrier-colis où la baisse du volume des lettres (-5,8%) et de celui des paquets (-2,7%) se solde par une régression du résultat d’exploitation de -23%. Dans le domaine de la logistique et de la distribution seule la branche Géopost, orientée à l’international, maintient son élan avec un REX progressant de 4,2%. Pour sa part, La Banque Postale affiche une croissance de +16% de son résultat d’exploitation, conformément à son statut de « locomotive du Groupe ». Enfin, si la performance du réseau des bureaux de Poste ne s’apprécie pas en termes comptables traditionnels, il est éclairant de mentionner que ce réseau a été la source de près de la moitié du chiffre d’affaires de La Poste en 2014 : 10,600 milliards. C’est à cette aune qu’il convient de jauger les coûts qu’on lui impute (4,184 milliards).

In fine, la trésorerie du Groupe reste dans le rouge et l’endettement s’alourdit (+5,26%).

La Fédération FO de la Communication est consciente que ces résultats préoccupants sont essentiellement la conséquence de la mauvaise santé économique du pays, fruit de choix de politiques austéritaires : atonie du pouvoir d’achat, taux d’intérêts obligataires très faibles, décollecte du Livret A, etc… A ces problèmes conjoncturels s’ajoute le déclin constant des volumes du courrier.

Le bilan de l’année 2014 montre que La Poste n’a pas trouvé le rythme pour atteindre l’objectif fixé par le plan stratégique « 2020, conquérir l’avenir », à savoir un quasi triplement de son résultat d’exploitation. Tout indique que les deux prochaines années seront décisives, donc critiques, afin que « l’inflexion » négative se transforme en « convergence » positive. Mais à quel prix ?

Eu égard à l’atonie de la demande et des faibles perspectives de croissance, la voie de la réduction des coûts devient, aux yeux des dirigeants, un élément clé. Cette quête prioritaire d’économies, censée tempérer le décrochage, est visible dans les comptes. Elle se traduit surtout, ce que FO dénonce, par un accroissement alarmant des suppressions d’emplois : -6 864 en 2014, soit 2 391 de plus qu’en 2013. Et au total -14 425 en trois ans. Au sein de la sphère publique, La Poste occupe la deuxième marche du triste podium des suppressions d’effectifs où trône le ministère de la Défense.

Chacun peut comprendre que la recherche de l’efficacité et les mutations technologiques puissent amener des évolutions organisationnelles et professionnelles. A condition que, érigées en dogme, elles ne contredisent pas la volonté de développement par ailleurs affichée. Car le chamboule-tout des méthodes et des services inquiète et démotive ; on ne peut prétendre démultiplier les activités en atrophiant constamment les effectifs et en dispersant les énergies.

Les annonces sur les regroupements d’entités administratives et techniques, pour légitimes qu’ils soient, devraient être explicitées, concertées et négociées eu égard à leurs implications humaines. FO constate que, partout dans les services, la bonne volonté s’émousse, l’inquiétude et le désarroi croissent. Trop souvent réduite à une question économique, La Poste devient de plus en plus une question sociale. Et par là-même une question politique.

FO interpelle une nouvelle fois le Gouvernement et le Parlement – sans oublier la CDC – pour leur dire que La Poste, les postières et les postiers sur l’ensemble du territoire, dans les villes comme dans les campagnes contribuent non seulement à la cohésion sociale républicaine, mais sont aussi vecteurs de croissance et d’emploi.

Suspendue entre redressement et déclin, La Poste est à la croisée des chemins. L’avenir passe par le renforcement de sa vocation de service public et l’offre de prestations ciblées et conformes aux valeurs qui distinguent La Poste des entreprises à but seulement mercantile.

Paris, le 24 février 2015
Le Secrétaire Général
Jacques DUMANS